Banques et dettes publiques : la partie de poker

Par Valérie Segond, journaliste à La Tribune.
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Dans les nouveaux tests de résistance qui vont être imposés aux banques européennes, une fiction est tombée : celle de la solvabilité à toute épreuve des Etats. A l'issue de ces tests, les banques européennes devront inscrire à leur bilan les dettes publiques à leur valeur de marché. Et constater ainsi un défaut partiel sur leurs créances grecques, irlandaises ou portugaises. Faut-il en conclure que les banques vont payer la facture des Etats peu vertueux ? En d'autres termes, que le privé paiera comme Mme Angela Merkel l'a promis pour calmer une opinion publique très rétive à payer pour les tricheurs grecs ?

Tout dépendra de l'accord auquel parviendront les chefs d'Etat européens, qui se réunissent ce week-end à Bruxelles. S'ils arrivent, dans les prochaines semaines, à prolonger le mécanisme européen de garantie des dettes publiques bien au-delà de 2013, en doublant son montant, les banques seraient certaines de se voir rembourser leurs créances à échéance. Un accord reviendrait donc à les décharger du risque souverain - en particulier les banques allemandes qui portent beaucoup de dettes grecques -, en le transférant sur les Etats les plus solides de la zone. Une solution techniquement satisfaisante, sachant que "seuls les Etats solvables peuvent absorber le coût du sauvetage, en le lissant sur trente ans", fait valoir l'économiste Patrick Artus.

Seulement, le durcissement outre-Rhin et l'appel du patronat allemand à refuser l'union des dettes suggèrent que cet accord est loin d'être signé. Le problème n'est plus technique, il est politique : la fronde gronde dans toute l'Europe contre les exigences de Berlin qui, pour prix de sa générosité, entend imposer à tous pacte de compétitivité, limites constitutionnelles au déficit public, et sanctions automatiques en cas de dépassement. Qui est prêt à se mettre au modèle allemand ?

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