Trichet et les trois petits cochons

Par François Lenglet, directeur de la rédaction de La Tribune.
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En général, les choses qui ne sont pas durables ne durent pas. Les pommes finissent par tomber de l'arbre, et les pays en difficultés financières par demander de l'aide. Ainsi le Portugal, plongé dans une crise gravissime, va-t-il devoir négocier un plan de redressement assorti d'un chèque avec quelques zéros, à l'instar de la Grèce et de l'Irlande. Les petits cochons - les Pigs, pays de l'Europe périphérique - sont désormais trois, conformément à la tradition. Le loup - le marché financier - n'est pas ici à blâmer. Il ne fait jamais que relayer une pression incessante et bien plus cruelle, celle de la réalité. Et en plus, il gagne beaucoup d'argent.

Ces trois pays sont en train de s'effondrer sous l'effet d'une quadruple charge : plans d'austérité budgétaire draconiens, taux d'intérêt assassins, taux de change pénalisant et compétitivité détériorée. Malgré cela, la Banque centrale européenne s'apprête à relever le loyer de l'argent dans la zone euro, pour la première fois depuis 2008, ce qui va encore les plomber davantage. Elle a de bonnes raisons pour le faire : l'inflation pointe et l'Allemagne, centre de gravité de la zone, est en pleine croissance, les salaires y augmentent. Pas facile, bien sûr, de définir une seule politique monétaire pour un ensemble de conjonctures aussi disparate que celles des pays de l'euro. La taille unique sied fort mal aux gros, aux petits, aux maigres, aux grands. En réalité, elle ne convient à personne. Car elle aggrave les divergences, plutôt qu'elle ne les atténue.

C'est d'ailleurs en partie à cause d'elle que les petits cochons se sont endettés et ont laissé dériver leurs coûts salariaux. Sous la crise perce une désagréable vérité, pointée depuis vingt ans par les économistes américains : sans étroite coordination budgétaire, l'union monétaire est une machine à fabriquer des crises. Or, cette coordination est peu ou prou insupportable, car elle impliquerait que les gouvernements nationaux, élus donc légitimes, renonçassent à leurs prérogatives.

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Commentaire 1
à écrit le 11/04/2011 à 1:05
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Les prérogatives ne pèsent pas lourd face à la triste réalité, il faut payer ses dettes et vendre sa camelote aux autres en leur expliquant que le deal est gagnant-gagnant, et on voit le résultat des courses quelques temps après en espérant ne pas s...

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