Passage de témoin

Par Jérôme Marin, correspondant à New York à La Tribune
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L'histoire avait fait grand bruit dans la Silicon Valley. Pour éviter une fuite de ses talents, Google avait accordé, fin 2010, une prime exceptionnelle de 1.000 dollars et une augmentation de 10 % à tous ses salariés. Il n'y a pas si longtemps encore, toute une génération d'ingénieurs informatiques ne rêvait pourtant que d'une chose : rejoindre la star de l'Internet. Mais les choses ont, depuis, bien changé. Et les génies sont désormais plus attirés par Facebook et toutes ces jeunes pousses à l'avenir que l'on annonce si prometteur. À Wall Street aussi, le sentiment n'est plus le même. Introduite sur le Nasdaq en août 2004, à un prix de 85 dollars, l'action Google franchissait trois ans plus tard la barre des 700 dollars. De 25 milliards de dollars, la capitalisation boursière avait alors bondi à 220 milliards. Même pas encore 10 ans d'âge et déjà la cinquième plus grosse société américaine ! Un parcours sans faute venant récompenser une croissance spectaculaire. Ces dernières semaines en revanche, le titre déraille. Sur les trois derniers mois, il a plongé de 17 %, quand le Nasdaq affiche une légère hausse. Et ce ne sont pas les résultats trimestriels, publiés jeudi dernier, qui ont rassuré les investisseurs : un gadin de plus de 8 % le lendemain.

« Les challenges auxquels fait face Google éclipsent ses forces », résumait vendredi une étude de Morgan Stanley. Ces forces sont connues : son moteur de recherche surpuissant, sa part de marché dans la publicité en ligne, ses nombreux services plébiscités par les internautes ou encore, depuis plus récemment, la percée d'Android, son système d'exploitation pour téléphone mobile. Mais « les investisseurs se concentrent maintenant sur les changements dans la direction, sur le déclin des marges à court terme, sur les risques avec les autorités de la concurrence à moyen terme et sur la compétition à long terme », poursuit l'analyse de la banque. Cette compétition, elle pourrait se résumer à un nom : Facebook. Objet de toutes les convoitises, le réseau social vaudrait aujourd'hui 85 milliards de dollars. Et cette valeur encore fictive - qui représente déjà la moitié de celle de Google - continue de grimper à un rythme exponentiel.

La société de Mountain View n'est pas encore une reine de beauté déchue sur les marchés - la majorité des analystes restant à l'achat sur le titre. Mais le coeur des investisseurs bat désormais la chamade pour sa jeune rivale. Un passage de témoin en cours qui en concrétise un second, celui de la porte d'entrée sur le Web. Facebook s'impose chez une part croissante d'internautes comme page de démarrage du navigateur. Un enjeu crucial car il permet de générer de l'audience et donc de se grignoter une part plus importante du marché publicitaire. Il y a quelques années, la star de l'Internet de l'époque, Yahoo, victime d'une baisse de régime de son modèle, avait dû passer ce flambeau à Google. Aujourd'hui, son cours de Bourse végète au-dessus des 15 dollars. 70 % de moins que les sommets touchés en 2000.

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