La conversion écologique : un projet pour l'économie

Par Robert Lion, conseiller régional (Europe Ecologie/les Verts) d'Ile-de-France, président de l'agence régionale de développement.
Copyright Reuters

La stratégie de développement économique pour l'Ile-de-France propose aux entreprises un horizon : elle les invite à prendre le "virage de la conversion écologique" et s'organise pour les accompagner. Cela veut dire prendre les moyens d'aller vers une économie différente, qui établira des activités et des emplois durables, qui réduira les disparités entre territoires, les inégalités et donc les tensions sociales, et qui sera plus attentive à l'environnement et à la santé.

Bien des acteurs économiques - du producteur au consommateur - ont déjà pris ce virage. Ils ont compris que demain ne sera pas comme hier, qu'il est vain d'attendre une "sortie de crise" qui revienne à la croissance à tout prix, et que plutôt que d'afficher un "taux de croissance" au doigt mouillé, il est plus efficace de prendre la mesure de ce que l'avenir nous prépare, et d'en tirer des conséquences dynamiques.

Première évolution inéluctable : les ressources naturelles vont être plus rares et plus chères. Il faut aller vers une économie post-pétrole et réduire notre dépendance à l'extérieur, en particulier pour l'énergie et pour l'alimentation. Les pénuries à venir peuvent être l'occasion de réindustrialisations intelligentes, de grands chantiers visant à réduire nos consommations et nos importations énergétiques, de nouvelles perspectives pour des milliers de PME et TPE, de la renaissance de l'artisanat ; elles stimuleront le retour à des agricultures de proximité. C'est pour cela, par exemple, que nous, écologistes, contestons l'urbanisation des terres agricoles de Saclay ou de Gonesse.

Deuxième perspective : toute activité devra réduire son empreinte écologique. L'intolérance aux pollutions et les effets sur la santé d'un nombre croissant de processus industriels ou agricoles créent, partout dans le monde, des pressions ou des révoltes. Tous les maillons de la chaîne économique sont appelés, chacun dans son domaine, à s'adapter. La recherche et l'innovation trouvent ici des champs de développement considérables.

Troisième sujet : pas d'économie durable si elle est adossée à une société trop inégalitaire. Depuis longtemps, des entreprises se préoccupent de leur "responsabilité sociale". Le Medef mène un combat d'arrière-garde quand il s'oppose à l'application de dispositions du Grenelle de l'environnement qui voulaient rendre plus transparentes les pratiques des entreprises. Il leur rend un mauvais service, au lieu de les appeler à voir dans ce qu'il appelle des "contraintes" autant d'opportunités pour être demain plus performantes et mieux acceptées. Tout ce qui apaisera les tensions, dans l'entreprise comme au dehors, renforcera l'attractivité et les atouts de l'économie, en Ile-de-France comme ailleurs.

La conversion écologique, ce n'est donc pas seulement un surcroît de sobriété, le développement d'éco-activités énergétiques, industrielles, agricoles, la multiplication des écoquartiers ou des parcs industriels pratiquant l'économie circulaire. Ce n'est pas seulement l'indispensable soutien de l'économie sociale et solidaire. C'est l'évolution vers un nouveau modèle de développement.

Nous ne couperons pas aux données que je viens d'énoncer, comme nous ne couperons pas à la compétition des pays émergents. Mais si les changements sont subis, ils se passent mal, ils détruisent les entreprises et les emplois. Il faut non pas subir, mais piloter la transition, et aider les acteurs à la conduire. Tel est le propos de la stratégie économique que nous avons contribué à définir.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.