Un printemps inachevé

Par Jacques Rosselin, directeur de la rédaction à La Tribune.
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Voici à peine une vingtaine d'années, la Turquie était un pays comparable à l'Egypte aujourd'hui, tant par la taille de sa population que par son niveau de vie. Aujourd'hui, la Turquie est considérée comme un pays riche. Ahmed Heikal, de Citadel Capital, l'un des investisseurs les plus importants en Egypte aujourd'hui, résumait ainsi la situation de son pays à l'hebdomadaire The Economist : "si nous faisons bien les choses, nous pourrions être la Turquie dans dix ans ; si nous les faisons mal, nous serons le Pakistan."

En Egypte comme en Tunisie, le printemps arabe a fait long feu. Malgré les déclarations de l'armée en Egypte et la promesse d'élections à l'automne en Tunisie, le pouvoir est resté dans les mêmes mains et la rue manifeste à nouveau son désir de changement. Sur le plan économique, l'addition est lourde : les entreprises internationales ralentissent leurs activités, quand elles ne rapatrient pas leur personnel, et les investissements directs en provenance de l'étranger devraient diminuer de moitié en 2011.

Enfin, les dirigeants arabes restent méfiants devant l'aide proposée par le FMI ou le G8, craignant qu'elle ne soit assortie de conditions économiques trop dures pour la population ou de conditions politiques trop contraignantes pour eux. Tout comme en Europe aujourd'hui, ce n'est pas d'un improbable miracle économique qu'il faut attendre la solution. Ce n'est pas en décrétant une intervention massive de l'Etat, un nouveau plan Marshall ou, au contraire, une libéralisation brutale de l'économie que ces pays pourront renouer avec un essor rapide. La solution est politique. Les dizaines de partis qui se créent actuellement dans ces pays doivent prendre la mesure de leurs responsabilités et construire les bases d'une démocratie réelle en débarrassant leur pays de réseaux de corruption et des oligarchies qui les rongent. Pour retrouver la confiance des investisseurs et ranimer le tissu économique, les pays arabes doivent achever leur révolution. S'ils ne le font pas rapidement dans les urnes, ils prennent le risque de le faire dans la rue.

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