Les États-Unis et le sommet européen

Par Marc Fiorentino, Monfinancier.com
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Les États-Unis par la voix de leur secrétaire au Trésor, Tim Geithner, et maintenant par l'intermédiaire de Barack Obama, qui s'est entretenu très longuement avec Angela Merkel et Nicolas Sarkzoy cette semaine, se montrent très pressants. Ils veulent que l'Europe parvienne au plus vite à un accord.

On ne reviendra pas sur le culot avec lequel ils se permettent de faire la leçon à l'Europe sur la manière de gérer les crises et de rétablir les grands équilibres, fiscaux et budgétaires... La ficelle est tellement grosse qu'elle ne mérite plus de commentaire. Mais on peut se poser une question.

Est-ce que les États-Unis ont raison de pousser l'Europe à résoudre sa crise ? La réponse paraît évidente : oui, bien sûr ! La crise de la dette européenne provoque un ralentissement économique européen qui se propage un peu partout dans le monde et la crise de la dette européenne risque, par un effet domino, de provoquer une crise de la dette américaine... Cela semble évident et pourtant... Imaginons, on peut toujours rêver, que l'Europe parvienne, à l'issue du marathon dont les étapes principales sont le sommet du 23 octobre, le repêchage du 26 octobre et le grand oral du G20 des 3 et 4 novembre, à un accord crédible. Un vrai accord.

Pas un accord de rafistolage ridicule et déjà caduc avant d'avoir été annoncé comme celui du 21 juillet, accord dont on rappelle que la France était l'inspiratrice... Non. Un accord solide. Qui convainc les marchés. Un accord avec tous les ingrédients nécessaires : réduction de la dette grecque de 50 %, "stress tests" réalistes sous contrôle allemand, recapitalisation des banques et enfin augmentation de la force de frappe du Fonds européen de stabilité financière, à 1.000 milliards d'euros par exemple. Cet accord pourra permettre à l'Europe de souffler pendant quelques semaines, voire quelques mois. Pas plus.

Imaginons donc que l'Europe disparaisse, momentanément, du centre des radars des marchés. Le marché déteste le vide. Il va donc se focaliser immédiatement sur une autre zone sensible, une autre brèche. Béante. Quelle est-elle ? L'un des marchés les plus larges au monde, outrageusement surévalué et facilement attaquable ? Le marché obligataire américain, bien sûr. Malgré la dégradation de la note américaine, malgré les déficits désastreux et la dette abyssale des États-Unis, les taux d'intérêt américains sont historiquement bas. Trop bas. Grâce... à la crise européenne ! Qui pousse les investisseurs internationaux vers les actifs "moins risqués". Si la crise européenne était momentanée, et même partiellement solutionnée, les valeurs refuges comme les emprunts d'État américains seraient moins recherchées et le marché cherchera à s'attaquer au prochain maillon faible...

Les États-Unis sont dans une impasse. La crise européenne pèse certes sur la croissance américaine mais l'impact n'est que très marginal.

La crise européenne permet aux États-Unis de refinancer sa dette à des taux aberrants. C'est certes paradoxal, mais il est fort probable qu'une solution à la crise européenne, même temporaire, aurait un effet négatif sur le ventre mou des marchés américains, le marché des emprunts d'État... Obama et Geithner devraient y réfléchir et arrêter de nous mettre la pression. Notre crise les sert. Elle provoque une diversion...

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