Après la génération Alpha, la génération Bêta

La logique développée dans cette chronique des «signaux faibles» est une logique occidentalo-centrée. Elle convient parfaitement aux lecteurs occidentaux que nous sommes pour la plupart.

Depuis plusieurs années se développe une logique du flou, une stratégie du flou. Le principe de l'armée «un chef, une mission, des moyens» n'existe plus.

Cette logique du flou a deux lectures. La première occidentalo-centrée constate que les univers qui nous entourent ne sont plus étanches, comme le travail et la vie personnelle, l'entreprise capitalistique et l'économie collaborative, la famille et la tribu, les acteurs de conflits militaires ou civils, etc.

La seconde lecture suggère le changement de regard : chaque monde - confucéen, hindou, arabo-musulman, africain, etc. - porte son propre regard, différent du nôtre.

Prenons le cas de l'Afrique

Dans ce continent, en 2014, 880 millions d'Africains possèdent un téléphone mobile pour 1,1 milliard d'habitants (source association GSMA). Un quart aura un smartphone en 2015, un tiers en 2017.

La relation avec la banque va passer par ce moyen. C'est déjà le cas pour trois Kényans sur quatre. C'est l'économie cashless avec toutes ses déclinaisons.

Au Nigeria (première puissance africaine), 88 % du trafic Internet passe par les réseaux mobiles. L'Afrique saute l'étape du réseau téléphonique filaire (14 millions de lignes en 2014). Devant nous se développe une nouvelle économie.

La nouvelle génération africaine ne connaîtra que le smartphone et l'économie qui va avec. C'est nous, les Occidentaux, qui allons apprendre cette nouvelle économie.

C'est la naissance de la génération Bêta, la génération qui vit cashless avec les outils nécessaires. En imaginant ce monde africain, nous comprenons mieux ce que vont vivre les enfants de cette génération. Ici, la génération Bêta naît depuis 2010-2015. La différence importante avec la génération précédente - la génération Alpha - est son absence de référence à «l'ancien temps», où le monde physique primait sur le monde virtuel.

La génération Bêta a «avalé» le smartphone physiquement, avec sa logique. Elle est en lien direct avec la connaissance, l'économie, l'échange. La génération baby boomers a découvert le service informatique d'entreprise, la génération X a déposé l'ordinateur à son poste de travail, la génération Y a apporté ses outils, smartphone et tablette, sur le lieu de travail, la génération Alpha entre dans le Robotcène, la génération Bêta a avalé les outils numériques.

Je repars en plongée.

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L'ouvrage le plus récent de Philippe Cahen :
Les Secrets de la prospective par les signaux faibles, Éditions Kawa, 2013

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