COP28 : 60 présidents de grandes entreprises françaises appellent à accélérer la transition écologique

OPINION- À quelques jours du début de la COP28 qui se tient à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre, 60 présidents ou présidentes de grandes entreprises françaises* estiment qu’il est « possible de construire une nouvelle prospérité compatible avec les limites de notre planète ».
(Crédits : © AMR ALFIKY/Reuters)

[Article publié le dimanche 26 novembre 2023 à 06h12 et mis à jour à 16h07] La COP28 va s'ouvrir, les travaux préparatoires confirment la diversité des trajectoires nationales de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de transition écologique. ­L'Europe et la France ont pris des engagements ambitieux, parmi les plus ambitieux de la planète. Ils consistent, en ligne avec l'accord de Paris et celui de Kunming-Montréal, à atteindre la neutralité carbone et à restaurer la biodiversité en 2050 sans peser davantage sur les ressources du reste du monde, à faire notre part pour préserver les conditions d'habitabilité de notre planète.

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Investir dans un modèle de production et de consommation décarboné

Les scientifiques, ainsi que le Haut Conseil pour le climat, indiquent que nous ne sommes pas sur une trajectoire d'émissions compatible avec ces engagements. Il est indispensable d'accélérer encore les investissements de transition, déjà considérables, faits par les pouvoirs publics, les Français et nos entreprises pour réduire nos émissions, changer d'énergie et investir rapidement dans un modèle de production et consommation décarboné, nous adapter, former les acteurs.

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Ce sera le sujet de l'étude ÉTÉ 2030 de l'association Entreprises pour l'Environnement qui sera publiée en décembre avec des priorités pour 2030. Nous devons aussi intégrer les efforts d'adaptation au changement climatique et de régénération de la nature à celui de la réduction de nos émissions.

Construire une nouvelle prospérité compatible avec les limites de la planète

Nous avons déjà prouvé ensemble l'an dernier qu'une sobriété est possible. Le plan collectif de l'hiver 2022 a permis d'économiser 12% de gaz et d'électricité combinés. Nous devons maintenant investir davantage pour renforcer et inscrire ces économies d'énergie dans la durée.

Nous pensons possible de construire ensemble une nouvelle prospérité compatible avec les limites de notre planète; nous proposons de la fonder sur des innovations et des investissements qui développent la circularité, cette sobriété structurelle, et une nouvelle relation au vivant. Nous croyons qu'elle sera créatrice d'emplois, riche de sens, source de santé et de mieux-vivre.

C'est pourquoi nous lançons cet appel commun. Cette transformation se fera avec tous: acteurs économiques (nous avons des solutions et une capacité d'innovation, d'entraînement, de financement et d'actions collectives); pouvoirs publics, car la transition exige un accompagnement par des cadres et dispositifs clairs et une équité de l'effort; citoyens et habitants, consommateurs, élus, dirigeants, collaborateurs ou actionnaires... Nous pouvons tous choisir de jouer un rôle actif et d'adopter les nouveaux modes de vie proposés.

Deux priorités

Nous appelons à avancer tous concrètement sur deux priorités. La première est de tous réallouer nos dépenses et notre temps, réinventer et réinvestir dans nos outils de production, de distribution et de services, nos logements, nos transports, nos modes de consommation pour décarboner, limiter les déchets, recycler, régénérer la nature. Une économie de long terme en énergie, en matériaux, en sols est indispensable pour réduire les pressions sur la planète et nos vulnérabilités. Nous croyons possible de combiner accroissement du bien-être et allègement de notre empreinte matérielle. Nous devrions mieux vivre, dans une nouvelle prospérité économique, si nous décidons ensemble de consommer autrement: une alimentation et un environnement meilleurs pour notre santé, des logements confortables et des services accessibles.

L'autre priorité est de réinventer ensemble notre modèle de société: nos entreprises s'activent et investissent pour renforcer nos impacts positifs et limiter nos impacts négatifs. Au-delà, des règles de vie collective sont nécessaires pour gérer durablement et équitablement la rareté des ressources, accompagner les plus vulnérables dans cette transformation qui les protégera et renforcer notre résilience pour anticiper les crises de toute nature. Pour que les Français adhèrent à cette dynamique de transformation, il est aussi nécessaire qu'elle soit perçue comme conduisant à plus d'équité.

L'adhésion de la majorité à cette transformation est une condition de son succès. Nous y adhérons nous-mêmes. Nous sommes convaincus qu'elle constitue une voie réaliste de prospérité, de santé et de mieux-vivre. L'enjeu en vaut la peine: il y a urgence, et il y a besoin de tous et de toutes les solutions pour relever un défi inédit dans l'histoire de l'humanité. Nous sommes mobilisés et à votre écoute, montrons ensemble que c'est possible.

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* Patrick André (Vesuvius Plc), Raphaël de Andréis (Havas), Boutaina Araki (Clear Channel France), Jacques Aschenbroich (Orange), Fabrice Barthélemy (Tarkett), Laurent Bataille (Schneider Electric), Valérie Baudson (Amundi), Benoit Bazin (Saint-Gobain), Thierry Blandinières (InVivo), Jean-Laurent Bonnafé (BNP Paribas), Estelle Brachlianoff (Veolia), Philippe Brassac (Crédit agricole), Thomas Buberl (Axa), Cédric Charpentier (Diot-Siaci), François Clément-Grandcourt (Bic Briquets), David Cruickshank (ERM France), Alessandro Dazza (Imerys), Dominique D'Hinnin (Eutelsat), Fabrice Domange (Marsh France), Aiman Ezzat (Capgemini), Jean-Pierre Farandou (SNCF), Laurent Favre (Plastic Omnium), Antoine Flamarion (Tikehau Capital), Thierry Garnier (Kingfisher), Jean-Louis Girodolle (Lazard Frères), Jacques Gounon (Getlink), Paul Hudson (Sanofi), Xavier Huillard (Vinci), Pascal Imbert (Wavestone), Ilham Kadri (Solvay), Patrick Koller (Forvia), Thierry Le Hénaff (Arkema), Patrice Lucas (Verallia), Catherine MacGregor (Engie), Philippe Maillard (Apave), Florent Menegaux (Michelin), Alexandre Mérieux (Biomérieux), Gianmarco Monsellato (Deloitte), Nicolas Namias (BPCE), Jean-Marc Ollagnier (Accenture), Christophe Périllat (Valeo), Sébastien Petithuguenin (Paprec), François Petry (Holcim), Arnaud Pieton (Technip Energies), Bruno Pillon (Heidelberg Materials France), Patrick Pouyanné (TotalEnergies), Luc Rémont (EDF), Thomas Reynaud (Groupe Iliad), Anne Rigail (Air France), Pascal Roché (Ramsay Santé), Augustin de Romanet (Groupe ADP), Alain Roumilhac (ManpowerGroup France), Rodolphe Saadé (CMA CGM), Arthur Sadoun (Publicis Groupe), Jan Schouwenaar (Primagaz), Maxime Séché (Séché Environnement), Jean-Dominique Senard (Renault Group), Guillaume Texier (Rexel), Arnaud Vaissié (International SOS).

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Commentaires 5
à écrit le 27/11/2023 à 12:43
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Plutôt marrant de voir Kingfisher considérée comme une entreprise française (groupe londonien côté au LSE)...

le 28/11/2023 à 8:09
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Hé Jean-Pierre ! Alors ça va à la BCE ? :-)

à écrit le 26/11/2023 à 9:13
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Que la transition soit énergétique et que l'adaptation soit écologique, on peut être d'accord...! Mais, faire une "transition écologique" c'est imposer une vision d'un futur dogmatique afin de maintenir les intérêts de quelques un !

à écrit le 26/11/2023 à 9:07
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Beaucoup de pollutions pour générer une déclaration lunaire à laquelle nous ne pouvons croire qu'un peu moins chaque jour qui passe. C'est bien de parler mais c'est rincé, faut agir maintenant !

à écrit le 26/11/2023 à 8:57
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Avec la présence de grandes banques françaises qui financent les industries fossiles, ça fait perdre toute crédibilité à ce conte. :(

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