Et de quatre ! La maire (PS) de Paris, Anne Hidalgo, a présenté son quatrième plan climat le 22 novembre afin de couvrir la période 2024-2030. « Faire plus vite, plus local, plus juste » est la nouvelle devise de la capitale pour tenir l'objectif de la COP21 de limiter la hausse des températures à +1,5°C. Alors que la COP28 s'ouvrira à Dubaï le 30 novembre prochain, la Ville vient donc de s'engager d'ici à 2030 à réduire de 50% ses émissions locales de gaz à effet de serre par rapport à 2004, à baisser de 40% l'empreinte carbone du territoire, à diminuer de 35% les consommations énergétiques et à atteindre 45% d'énergies renouvelables - dont 10% produites localement - dans la consommation parisienne.
Une écologie punitive, assène Rachida Dati
Sans parler de la date-butoir de 2050 de la neutralité carbone pour laquelle Paris promet de réduire de 80% son empreinte carbone, de 50% ses consommations énergétiques et d'atteindre 100% d'énergies renouvelables (EnR). Concrètement, la capitale reprend des promesses de la campagne municipale de 2020, recycle des éléments de son plan local d'urbanisme bioclimatique et annonce de nouvelles mesures : création de 300 hectares d'espaces verts dont 30 d'ici à 2026 - date des prochaines élections -, rénovation de 100% des écoles et des crèches d'ici à 2050, mise en place d'un « zéro reste à charge » pour la rénovation des logements des ménages les plus modestes...
« Un prêt-à-penser idéologique de la municipalité et une écologie punitive qui ne résoudront rien », a réagi Rachida Dati, la présidente du groupe Changer Paris (Républicains, centristes et indépendants).
Dans une déclaration transmise à la presse, la maire (LR) du VIIème arrondissement dénonce les résultats « calamiteux » des précédents « Plan Climat », pointant des « objectifs majeurs n'ayant pas été atteints » comme la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la part d'énergies renouvelables en 2020.
« Le plan de rénovation des écoles et la diminution de la consommation électrique de l'administration sont également loin des cibles fixées », assène encore Rachida Dati.
Le groupe Changer Paris prépare un contre-projet
Le premier groupe d'opposition à Anne Hidalgo ne se contente pas de critiquer, mais prépare un contre-projet qui sera présenté au prochain Conseil de Paris de décembre prochain. « Nous nous focalisons sur des solutions concrètes et pragmatiques », annonce ainsi à La Tribune Valérie Montandon, élue du XIIème arrondissement et vice-présidente de Changer Paris.
Au premier chef, un plan global des mobilités pour optimiser les conditions de circulation et mieux l'adapter aux conditions climatiques. « Dans mon arrondissement, la maire EELV change toutes les circulations et toutes les voies et cela crée de la congestion », assure Valérie Montandon. Si elle est « la première à dire qu'il faut réduire la place de la voiture », la conseillère d'opposition juge la politique de la municipalité « anti-voiture de façon idéologique », lui reprochant d'oublier les voitures électriques, voire à hydrogène.
Dans son quatrième Plan Climat, la Ville réaffirme en effet sa volonté de réduire la place de la voiture dans Paris en confirmant la transformation de 60.000 places de stationnement pour récupérer 100 hectares pour les piétons et la végétalisation ainsi que la création de 300 rues aux écoles, c'est-à-dire dont la moitié sera mutée à coup de végétalisation, de bancs publics, de fontaines, de jeux pour les enfants...
Et bien sûr, Paris y redit sa volonté de transformer le périphérique en instaurant une voie dédiée au covoiturage et aux transports collectifs et en y abaissant la vitesse à 50 km/h.
Où sont localisés les 300 hectares d'espaces verts ?
Autre priorité de l'opposition : réserver au moins 30% d'espaces verts dans les nouveaux aménagements, recenser et protéger les espaces non-bâtis et en pleine terre, ou encore mieux protéger les arbres anciens « aux bienfaits plus importants ».
Sur ce point, le plan local d'urbanisme (PLU) bioclimatique voté le 5 juin par le Conseil de Paris prévoit de créer 300 hectares d'espaces verts, dont 30 d'ici à 2026, « mais ils sont incapables de localiser les espaces verts créés », s'emporte tout à trac l'opposante Valérie Montandon.
« Plutôt que d'annoncer 170.000 arbres ou des forêts urbaines, sanctuarisons ce qui existe déjà. D'ici à l'adoption définitive du texte fin 2024-début 2025, nous serons très vigilants là-dessus », enchaîne la vice-présidente de Changer Paris.
Le grand débat de la rénovation thermique
Troisième défi à relever selon le groupe de Rachida Dati : l'accélération de la rénovation thermique des logements privés et publics, alors qu'il s'agit déjà du premier poste budgétaire de la municipalité. « Nous souhaitons orienter les fonds utilisés pour la préemption vers la rénovation thermique », déclare Valérie Montondon.
« Seulement 50.000 logements sur les 250.000 du parc social ont été rénovés. De plus, les bailleurs ne seront probablement pas en conformité pour atteindre les objectifs de 2050 », accuse encore l'élue du XIIè arrondissement.
Ce à quoi la mairie rétorque que « la rénovation des logements sociaux sera poursuivie au rythme très élevé de 5.000 logements traités par an, pour assurer le confort thermique estival et hivernal du parc social ».
Pour le parc privé, elle reproche à la Ville de ne pas préciser le pourcentage de propriétaires qui seront uniquement accompagnés pour la réalisation d'un diagnostic de performance énergétique (DPE) et ceux qui bénéficieront réellement d'un accompagnement dans le financement des travaux.
« Nous nous tiendrons aux côtés des Parisiennes et des Parisiens pour les accompagner dans leurs travaux de rénovation thermique, tout particulièrement auprès des plus modestes avec la mise en place d'un « zéro reste à charge », est-il écrit dans le quatrième Plan Climat.
La droite et la gauche se retrouvent sur la lutte contre les îlots de chaleur
Il n'empêche : les Républicains, centristes et indépendants et la majorité d'Anne Hidalgo se retrouvent au moins sur un autre sujet : la lutte contre les îlots de chaleur urbains.
La droite propose de lancer un plan en ce sens notamment pour des sites très minéralisés comme la place de la République et de multiplier les endroits frais, refuges pendant les pics de canicule. De la même façon que la gauche fait savoir qu'elle va multiplier les lieux pouvant servir de refuges lors des épisodes de chaleur extrême et déployer des « placettes oasis » dans tous les arrondissements.
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