Le e-commerce, une onde de choc qui chamboule nos vies et nos villes

ÉDITORIAL- Avec le coup d'accélérateur qu'a donné la crise sanitaire au e-commerce, La Tribune a voulu s'intéresser, à travers un dossier d'une trentaine d'articles et entretiens, aux conséquences qu'entraîne l'essor de ce canal de vente sur nos vies et nos territoires.
Fabrice Gliszczynski
(Crédits : <small>DR</small>)

Chères lectrices, chers lecteurs,

Vous en avez désormais l'habitude, La Tribune accompagne régulièrement son offre quotidienne d'un format unique dans l'univers de la presse numérique : un dossier de fond sur un sujet de transformation économique et/ou sociale, voire sociétale. Une enquête complète, avec une multitude d'angles d'attaque, d'exemples et de témoignages pour décrypter les enjeux et les clés de compréhension d'une thématique originale, souvent méconnue.

Après le « business des bornes de recharge électriques»le plan de transformation de la filière viti-vinicole pour s'adapter au changement climatique, « la bataille mondiale pour l'accès métaux critiques nécessaires à la transition écologique », nous avons décidé de nous pencher sur l'essor du e-commerce, et plus précisément sur les bouleversements que ce canal de vente entraîne sur nos vies. Pourquoi un tel sujet ? Parce qu'en gagnant chaque jour davantage des parts de marché sur le commerce physique, le e-commerce menace de remettre en cause l'une des pierres angulaires de la société, qui non seulement rythme une partie de notre vie et de notre mobilité, mais structure aussi notre territoire, anime nos villes et nos villages, tout en jouant un rôle clé dans la création et le maintien d'un lien social et familial.

Car la crise du Covid-19 a donné un incroyable coup d'accélérateur au e-commerce, lequel affichait déjà une croissance extrêmement dynamique depuis une dizaine d'années.

Les différents confinements, le télétravail, les réticences des consommateurs à pousser les portes des magasins ont mécaniquement dopé la demande mais aussi l'offre numérique avec l'arrivée sur la Toile de nouvelles possibilités d'achat restées jusqu'ici en retrait de la vente électronique. Notamment l'alimentation, à la fois pour l'approvisionnement et la restauration.

Une telle croissance commence à chambouler l'aménagement des villes, notamment des plus grandes. A Paris et dans les grandes métropoles, difficile de ne pas voir les cohortes de livreurs qui sillonnent les rues en scooter, vélo, vélo-cargo, ou en camionnettes en tout genre pour répondre au boom de l'activité de la livraison. Moins visibles mais pas moins impactant pour les quartiers, les « dark stores » et les « dark kitchen ». Spécialisés dans la livraison rapide, ces magasins et restaurants sans clients concurrencent le petit commerce et les restaurants. Au point, parfois, de reprendre leurs locaux quand ils ont dû fermer boutique pendant la crise, contribuant ainsi à dévitaliser certains quartiers, déjà fragilisés depuis des années par l'essor des zones commerciales en périphérie.

Face à de tels changements se posent plusieurs questions : jusqu'où va aller l'e-commerce ? A quel rythme va-t-il se développer ? Va-t-il tuer le commerce physique ? A l'heure où le gouvernement s'apprête à rendre ses conclusions des Assises sur le commerce qu'il a lancées en décembre, les avis sont partagés.

Si le commerce classique ne disparaîtra pas, certains temples de la consommation comme les hypermarchés ou les centres commerciaux, ceux-là mêmes qui ont fait tant de mal au commerce de proximité, ont désormais, eux aussi, du souci à se faire.

Une chose est sûre, l'e-commerce a de sacrés atouts pour grossir. Tout d'abord, les « digital natives », les vrais, ceux qui sont nés avec un smartphone dans les mains, ne sont pas encore sur le marché du travail et de la consommation de masse. Facilitant les réceptions des livraisons, le télétravail va par ailleurs perdurer dans les entreprises. Ensuite, la fracture numérique est loin d'être encore résorbée et la finalisation du déploiement du plan très haut débit pour une France sans zones blanches n'est pas attendue avant 2025, au mieux. Enfin, l'essor des offres de paiement spécifiques comme le paiement fragmenté, ne pourra que jouer, lui aussi, en faveur du commerce électronique. Représentant 13% du commerce, le e-commerce a donc toutes les cartes en main pour se développer.

Pour autant, sa montée en puissance dépendra aussi de la volonté politique de protéger le commerce physique, en fixant par exemple des règles du jeu plus équitables pour les magasins ou en alourdissant le coût de la livraison pour des raisons environnementales.

Journal de transformations et des territoires, La Tribune a donc décidé de mobiliser l'ensemble de sa rédaction pour réaliser ce dossier sur « l'e-commerce, cette onde de choc qui chamboule nos vies et nos villes».

Cette problématique fera l'objet ce lundi d'une analyse du marché et de ses perspectives d'évolution. Il sera accompagné d'une interview de Vincent Chabault, sociologue et professeur à l'Université de Paris qui décrypte tous les grands enjeux du commerce et les défis que posent les ventes en ligne aux magasins classiques, mais aussi la stratégie du champion français Cdiscount. Mardi, nous ferons un focus sur la numérisation de la grande distribution et le développement du « quick commerce », puis un autre, mercredi, sur la révolution de la logistique en partant du fret « aérien et maritime » « jusqu'au dernier kilomètre », avant d'aborder, jeudi, la façon dont le commerce numérique transforme les villes. Enfin, vendredi, nous terminerons ce dossier par les conditions de travail du monde de la livraison et les enjeux environnementaux. Au total, plus d'une trentaine d'articles vous permettront de mieux appréhender l'enjeu du e-commerce.

Je vous souhaite une bonne semaine et une bonne lecture.

Retrouvez le meilleur de notre dossier e-commerce :

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 2
à écrit le 20/02/2022 à 17:36
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Le E-commerce est une chose excellente. Qu'on songe qu'Amazon permet à des centaines de millions de personnes dans le monde de bénéficier de produits et services hyper pointus, hyper vérifiés par les utilisateurs. Des millions de retraités et de ...

à écrit le 16/02/2022 à 5:05
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Cet "engouement" qui met en exergue tous les travers de l'etre moderne affale dans son canape abime le lien entre les humains. Faire courir un livreur qui a un timing a respecter a la minute pret est une forme d'esclavage. Ici, les accidents sont tre...

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