Dr. Sarkozy, euphorisant ou anxiogène

Pour la première fois, Nicolas Sarkozy s'exprimera, lundi, devant le Congrès à Versailles Son discours doit fixer la feuille de route du gouvernement après la victoire des européennes. Autour du président, sur ce discours, deux lignes s'opposent...

Oui, Docteur, c'est grave, où en sommes-nous, que faut-il faire ? Le malade - l'économie française - attend avec impatience la parole du Docteur, de Nicolas Sarkozy. Le problème, c'est que dans l'entourage du bon Docteur, tout le monde n'est pas sur la même ligne. Il y a même très nettement deux lignes très différentes, qu'il y a entre ces deux lignes une féroce lutte d'influence. Cette opposition, c'est un peu le match Guaino-Fillon, elle porte sur le discours du docteur, sur son diagnostic, sur la thérapie à suivre aussi...

Le discours. Il doit être rassurant, non ?

C'est le premier débat. Un discours rassurant, qui se projette dans l'avenir, dans l'après-crise, qui fixe des perspectives, ça peut certes calmer le malade. C'est ce que recommande par exemple Jean François Copé. Le risque, c'est qu'un tel discours, ça peut aussi faire naître des illusions, des désillusions demain, provoquer une nouvelle défiance vis-à-vis du médecin. En face, il y a ceux qui plaident, au contraire, pour un discours alarmant, voire alarmiste, au risque là, d'alimenter la déprime, d'aggraver encore la maladie...

Un discours rassurant, c'est prendre le risque d'être euphorisant, un discours alarmiste, celui d'être anxiogène...

Le choix, ça dépend quand même du diagnostic que fait le président sur l'état du malade ?

Exact. Là, si personne ne sait exactement où l'on en est dans la crise - au début, au milieu, à la fin, chacun a quand même son avis.

Il y a, d'un côté, ceux qui voient le bout du tunnel. La crise est finie. L'activité se stabilise. Il y a quelques signaux positifs. C'est ce que l'on veut croire à Bercy. C'est ce que dit François Fillon. Ce à quoi Henri Guaino a répondu, vertement, dimanche que « la crise n'est pas finie, que nul ne sait jusqu'où elle s'aggravera ni quand elle se terminera »

Au-delà, c'est le choix de la thérapie, de la politique économique à suivre qui est en jeu ?

Oui, et c'est sans doute là le plus important. Là encore, deux lignes s'opposent, plus violemment encore. Il y a ceux qui s'inquiètent des déficits publics, de l'explosion de la dette, du poids trop massif à leurs yeux, de l'Etat dans l'économie, qui appellent donc d'ores et déjà à un retour à la discipline budgétaire, à la rigueur, au libéralisme économique.

A l'opposé, il y a ceux qui se réjouissent de l'abandon des critères de Maastricht, de la réhabilitation de l'Etat, de son omniprésence dans l'économie, qui veulent donc que ces acquis perdurent au-delà de la crise.

Ce sont finalement deux visions très différentes de l'économie qui s'opposent dans ce débat. Nicolas Sarkozy a toujours un peu navigué entre ces deux visions. Ce week-end, il va lui falloir choisir, clairement. Faute de quoi, il prendrait le risque d'aggraver le mal en précipitant le malade dans une autre pathologie, la schizophrénie !

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