Salaires des patrons : la loi ou la foi

Le bras de fer entre Sarkozy et Parisot sur le salaire des patrons continue. La présidente du Medef ne veut ni loi, ni obligation. Le président de la République veut poser des conditions. Deux positions définitivement irréconciliables ?

Non. En réalité, Nicolas Sarkozy et Laurence Parisot ont des convictions communes. Un. L'un et l'autre comprennent que, dans les circonstances actuelles, celles d'un chômage de masse, d'un pouvoir d'achat en baisse, de grandes difficultés pour la grande majorité des Français, les rémunérations extravagantes des patrons, c'est insupportable. Deux. L'un et l'autre conviennent aussi que, pour les entreprises en difficulté qui bénéficient d'aides de l'Etat - les banques et les constructeurs auto - ces aides ne doivent pas servir à financer les extra de quelques-uns. Hier soir, à l'Elysée, on a d'ailleurs trouvé la solution. Evidente. Quand l'Etat accorde une aide directe, il définira, dans une convention précise, les rémunérations autorisées pour les patrons. Il pourra donc explicitement y interdire stock-options, bonus et autres extra...

Pour les entreprises qui ne reçoivent pas d'aide directe, mais qui font des plans sociaux, qui ont recourent au chômage partiel...

Là, c'est vrai, c'est plus compliqué.

Ces entreprises, ces entreprises bénéficient bien d'une aide de l'Etat, une aide indirecte. On voit mal pourtant comment l'Etat pourrait imposer, là, ses conditions.

A l'UMP, on veut une loi. Sarkozy et Parisot n'y sont pas favorables - et là encore ils sont d'accord. Trois raisons. Un. Une loi, c'est une usine à gaz assurée, un système qui deviendra très vite d'une grande complication. Deux. Une loi, c'est le risque d'un dispositif éternel, qui survivra à sa nécessité. On reviendra rarement sur une loi de ce genre. Trois. Une loi, c'est enfin ouvrir la voie à son contournement immédiat. Pour les cabinets d'avocats d'affaires, une bonne affaire sans doute. Pas pour l'économie.

L'appel à la discipline, au respect du code du Medef, ça ne peut pas suffire ?

Voir. Laurence Parisot évoque aussi, comme moyen de pression, l'opinion publique. C'est vrai. Elle n'oublie pas un dernier acteur, souvent négligé, l'actionnaire. Les actionnaires, en ce moment, on les oublie un peu. Ils sont quand même les propriétaires de ces entreprises. L'argent que les patrons se paient, c'est souvent aussi à leurs dépens. Ils pourraient le faire savoir lors des assemblées générales à venir. Leur faire confiance, croire qu'ils s'opposeront aux excès de quelques uns, c'est peut-être néanmoins, dans le capitalisme français actuel, faire preuve d'un trop grand optimisme.

Voilà pourquoi sans doute, la pression en faveur d'une loi, d'un texte, d'un règlement sur ces sujets devrait rester forte dans les semaines à venir.

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