Tapie rouge pour le Club Med

Harcelé par Bernard Tapie, le Club Med a demandé hier l'ouverture d'une enquête auprès de l'AMF - le gendarme de la Bourse. Le Club Med, ça va être la première grande bataille boursière de l'après-crise...

Peut-être. En tout cas, l'étrange ballet médiatique, depuis deux semaines, de Bernard Tapie autour du Club Med, ça montre deux choses. D'abord, qu'avec le krach boursier, qu'avec la crise financière, il y a aujourd'hui en Bourse des affaires à faire, des entreprises qui ne valent plus grand-chose.

Le Club Med, c'est un exemple. Le Club  Med, c'est tout compris aujourd'hui autour de 500 millions d'euros. C'est rien. Certes, le Club perd de l'argent. Il n'en a d'ailleurs jamais vraiment beaucoup gagné. Il souffre de la crise du tourisme. Le Club, c'est quand même une marque, une belle marque, ce sont des villages, de l'immobilier, c'est un savoir faire, ce sont  des équipes. 500 millions, c'est pas cher. Surtout que son capital, comme celui de beaucoup d'entreprises françaises est très ouvert, qu'il n'est pas protégé.

Il y donc des proies possibles. Il y a aussi des prédateurs. Des gens qui ont de l'argent, il y en a. Ceux qui ont su garder du liquide, ceux qui vont en encaisser - Tapie de l'Etat par exemple - les investisseurs saoudien ou chinois aussi.

Tapie se dit intéressé par le Club. En aucun cas, il ne lancera une Opa...

Oui, alors, ce ballet, insistant, autour du Club est particulièrement étrange, suspecte même. Ira, ira pas ? Difficile pour l'instant de savoir. L'homme d'affaires, le comédien, le politique, ami hier de Mitterrand, aujourd'hui de Sarkozy, est en train d'inventer une nouvelle technique boursière : la prise de contrôle par voie de presse, sans débourser un centime. Pour l'instant, Tapie n'a pas investi personnellement un kopeck dans le Club. Et pourtant, il s'exprime, sur le Club, tous les jours ou presque, disant tout et son contraire. Il attaque le patron actuel, Henri Giscard d'Estaing et prétend dans le même temps qu'il n'a aucune intention hostile à son égard. Pas d'Opa en vue, mais il annonce qu'il a déjà un groupe d'actionnaires derrière lui.

Quelles sont alors ses intentions ?

On peut se le demander. On sait que Bernard Tapie a de l'argent à placer, qu'il est un redresseur d'entreprise dans l'âme, qu'il doit aussi faire la promo de sa prochaine pièce - il part en tournée en octobre. Tout cela, ça ne justifie pas cette agitation. Celle-ci a d'ailleurs déjà eu une conséquence, la montée en bourse du titre. Une bonne affaire pour ses actionnaires actuels, les 3 ou 4 fonds amis de Tapie notamment. On ne peut pas croire non plus qu'il travaille pour eux, qu'il parle pour cela ! La défense du Club - l'appel à la Caisse des dépôts notamment - n'est pas irréprochable non plus. En  Grande-Bretagne, le gendarme de la Bourse obligerait sûrement Tapie à clarifier au plus vite ses intentions. Dommage qu'il n'en aille pas de même de ce côté-ci de la Manche.

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