A bâtons rompus avec Hervé Couturier (SAP)

Hervé Couturier est directeur de la recherche et développement de Business Objects et de SAP NetWeaver. Sa mission est d'intégrer intimement les deux technologies. Il gère des équipes de près de 5000 personnes réparties à Waldorf, Paris, Palo Alto, Shanghai, Vancouver et Bangalore.

Comment se passe l'intégration technologique entre Business Objects et SAP et plus particulièrement avec NetWeaver, la plateforme technique d'intégration de SAP ?

La fusion de Business Objects et Netweaver ouvre la voie entre la stratégie d'une entreprise et son exécution. C'est une situation unique dans l'histoire du logiciel. Nous avons dans la même équipe tous les composants qui permettent de développer une application, de faire tourner cette application en production, de l'adapter et de l'analyser.

Il y a une dimension verticale qui est l'optimisation des produits SAP avec les solutions Business Objects. La deuxième dimension, horizontale, est l'ouverture de NetWeaver par Business Objects. Nous pouvons utiliser notre moteur d'intégration et de vérification de la qualité des données pour accélérer NetWeaver.

Dans la pratique, qu'est-ce que cela donne ?

Les premiers résultats seront visibles dans moins de deux ans. Les équipes travaillent déjà ensemble. Nous avons mis au point une interface utilisateur très conviviale qui permet de faire de la recherche à la

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dans le système d'information de l'entreprise.

On peut taper « chiffre d'affaires en France » et récupérer les données ad hoc. Le système va les présenter sous plusieurs formes, en donnant, sur plusieurs années, le chiffre d'affaires par produit, par ville et par département. A chaque clic, la solution va donner le graphique qui permet de mieux visualiser les informations.

Mais ce n'est pas tout. Nous allons intégrer cette solution de Business Objects avec un moteur de calcul en mémoire de SAP. Il s'appelle TREX et permet d'accélérer le temps de réponse. On peut arriver à une seconde alors que la recherche de l'utilisateur va puiser dans une masse de données énormes et complexes.

Les méthodes de travail sont-elles différentes entre Business Objects et SAP ?

Dans le monde SAP, les applicatifs sont une question de vie ou de mort. Si l'applicatif s'arrête, l'entreprise s'arrête. Dans le monde du décisionnel, nous sommes « Mission Critical ». Si on s'arrête, c'est ennuyeux mais cela ne stoppe pas l'entreprise.

Dans le monde SAP, les clients planifient les montées de version très longtemps à l'avance. Chez Business Objects, les montées de version sont plus rapides, de l'ordre de 12 mois. L'horizon temporel est différent dans les deux équipes.

Cependant, les gens sont super motivés des deux cotés. Ce sont des ingénieurs dans l'âme.

Comment cela se passe au niveau de l'intégration des équipes ?

Business Objects s'est construit par des acquisitions, comme Crystal, Acta et Cartesis. Je privilégie le face à face et je délègue énormément. Je donne une direction et je demande à mes équipes de trouver la solution en mutualisant les efforts communs. La première valeur d'un groupe de R&D est la capacité de travailler ensemble. La compétence doit primer.

Allez-vous licencier ?

Lors de notre exercice 2008, nous avons enregistré une première partie turbo-chargée, avec une croissance des résultats à double chiffre, de très bonnes performances en terme de marge et de pipeline. La deuxième partie de l'année a été affectée, notamment à partir du 15 septembre, jour de la faillite de Lehman Brothers. Quand on regarde les résultats de l'ensemble de l'année, on s'aperçoit qu'on a augmenté la marge. Cependant, les chiffres du quatrième trimestre appellent à une action.

Est-ce que la R&D sera touchée ?

Oui mais on contribuera de manière équitable à la réduction de dépenses. Le chiffre annoncé de 3000 personnes sur l'ensemble de l'entreprise inclut 1% à 2% d'attrition. On ne parle pas d'une coupe franche dans les effectifs mais d'un repositionnement stratégique sur les secteurs de croissance. Si on regarde les chiffres du dernier trimestre, l'activité a progressé de 9% alors que le core business de SAP a décliné de 6%. Le delta positif, c'est Business Objects qui le fournit. D'où ce besoin d'effectuer un repositionnement. La rumeur qui veut que l'intégration entre Business Objects et SAP ne fonctionne pas est fausse. L'année dernière, nous avons livré 92% de nos produits à temps. Les forces commerciales ont été unifiées. Notre système de paye est passé sur SAP il y a deux mois. C'est la troisième fusion la plus grosse dans le monde du software et c'est celle qui marche le mieux.

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