La fin de la récession est en vue

Trois économistes, Gerard Lyons (Standard Chartered), Joseph Quinlan (Bank of America) et Dennis Turner (HSBC) ont débattu du potentiel de croissance économique de la planète lors du « Premier Business Leadership Series » de SAS Institute. Voici leurs idées.

Gerard Lyons, économiste en chef et directeur de la recherche Globale de Standard Chartered : Ce n'est pas la première crise financière et ce n'est certainement pas la dernière mais c'est la pire que nous ayons connue depuis les années 30. La sortie de crise ? Tout dépend de trois facteurs clefs : les fondamentaux économiques, la réponse en terme de politique fiscale et monétaire et la confiance. Les fondamentaux économiques ne sont pas bons à l'Ouest, ils sont meilleurs à l'Est ; la réponse politique a été impressionnante mais la confiance n'est pas brillante.

On peut imaginer une reprise au Royaume Uni à la fin de l'année et une reprise en Europe de l'Ouest et au Japon au cours du premier semestre 2010 mais elles seront lentes et douloureuses. Le challenge pour les exportateurs asiatiques est de pouvoir rebondir dans un tel environnement. La crise prend ses racines dans un  fort déséquilibre de l'économie mondiale et une faillite systémique du système financier. Pour revenir à une situation normale, il faut non seulement que l'Ouest dépense moins et épargne plus mais que l'Est change son modèle économique. Cette année, la Chine, l'Inde et l'Indonésie auront un taux de croissance positif. Les chinois ont été les premiers à paniquer et donc les premiers à prendre des mesures contre la crise. La croissance chinoise aura un impact positif sur l'ensemble de l'Asie mais elle sera moins importante que par le passé.

Le protectionnisme ? Tous les politiciens présents à la réunion du G20 à Londres ont déclaré qu'ils étaient contre le protectionnisme et pour la libre circulation des biens et des services. Toutefois, trois quarts d'entre eux ont pris des mesures protectionnistes. Cela dit, comme les gouvernements ont investi dans leurs banques, ils seront tentés de leur demander de distribuer du crédit dans leur pays et non à l'étranger. Cela peut être une forme de protectionnisme financier.

Si l'Inde ouvre ses marchés comme la Chine la fait il y a 15 ans, elle peut faire pour l'Asie du Sud, le Moyen Orient et l'Afrique ce que la Chine a fait pour l'Asie du Sud Est.

L'année dernière à la même époque, de nombreuses entreprises espéraient que la demande pour leur produit serait persistante. Dans le même temps, elles ont vu que les prix des matières premières montaient. D'où un phénomène de sur-stockage qui a amplifié la récession lorsque la demande ne s'est pas manifestée.

Il ne faut pas compter sur le Japon pour stimuler la reprise en Asie mais sur la Chine. On connaît les trois mots « Made In China » ; il va falloir s'habituer à « Owned by China » puisque les entreprises chinoises sont tentées de récupérer un savoir-faire technologique à moindre coût en achetant des entreprises dans des pays développés.

Joseph Quinlan, stratège en chef de Bank of America Global Wealth and Investment Management :  Je pense que les Etats-Unis sortiront officiellement de la récession en septembre ou en octobre 2009. Le consommateur américain se manifeste mais le taux de chômage dépassera 10%. En terme de politique fiscale et monétaire, les Etats-Unis se sont injectés plusieurs doses de stéroïdes. Cela commence à fonctionner. Les gens commencent à parler d'une fin de la récession et c'est ce qui a provoqué la reprise de la bourse américaine. Le marché anticipe une reprise d'ici à six mois.

Cette année, le déficit budgétaire va dépasser 13% du PIB contre 6,2% au plus fort des années Reagan. Il faut que le gouvernement soit habile et qu'il conduise une bonne stratégie en terme de dépense et de recette. Cela réduit les options de l'Administration Obama.

Les secteurs qui souffrent le plus sont ceux qui ont profité du crédit facile dont la construction, l'automobile et la finance. En revanche, les technologies de l'information, l'énergie, la défense, l'éducation et la santé se portent bien. Certains de ces secteurs ont subi leur propre crise et ont du s'adapter. Ils peuvent devenir les moteurs de la croissance.

Sur les BRICs, le Brésil présente le plus d'opportunité. C'est peut-être la prochaine Chine. Tous les BRICs sont importants pour les Etats-Unis car il possède le capital et les ressources dont le pays a besoin.

Le secteur financier américain va se transformer. Il va rétrécir mais les hedge funds ne vont pas disparaître ni les fonds de private equity. Il aura deux sortes de banques, celles qui seront contrôlées par le gouvernement et les autres.

Dennis Turner, chef économiste de HSBC Bank plc : Sans la contraction du crédit, il y aurait eu une récession au Royaume Uni. Nous aurions du ralentir l'économie en 2005 quand il était encor temps, mais c'était une année électorale. Nous avons produit des emplois sur le dos d'un consommateur qui s'est trop endetté. Pendant cette période, qui a commencé en 2001, les bons contributeurs à une économie saine et solide (investissements et exportations) n'en ont pas profité.

Les chiffres du PIB britanniques des deux derniers trimestres sont horribles mais ils subissent l'impact du déstockage. Cela dit on commence à redistribuer des prêts hypothécaires et la confiance des milieux industriels semble s'améliorer. La réponse fiscale et monétaire du gouvernement a été impressionnante. Le paysage du système bancaire britannique sera différent. Il sera sans doute plus petit. Les institutions brasseront moins de volume. Elles contrôleront mieux le prix de leurs services.

La fin de la récession ? Probablement au quatrième trimestre mais cela veut simplement dire que l'économie cesse de se contracter.

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