Pourquoi ne faites-vous pas comme Madoff ?

Le modèle des fonds de fonds est nettement remis en cause.

Bernard Madoff est un véritable bonheur pour journaliste. Il suffit de creuser un peu pour découvrir des pépites. Figurez-vous que 50 milliards de dollars évaporés, ce n'est pas rien. Les victimes sont nombreuses. Il y a des gros, dont quelques fortunes du CAC 40. Des noms, des noms lancerez-vous ? Essayez le luxe et les cosmétiques. Il y a aussi des retraités américains dont la situation est devenue dramatique.

Vous devez comprendre que Madoff était une véritable légende, un homme capable de gagner «

1% à 1,2% par mois année après année après année

», comme l'avait déclaré Nicola Horlick au

Financial

Times. Vous ne connaissez peut-être pas madame Horlick. Elle est passée par Morgan Grenfell puis par SG Asset Management, la branche gestion d'actif de la

Société Générale

, avant de lancer sa propre boutique de fonds de fonds, Bramdean Alternative Limited.

Ah, le fonds de fonds. Voilà un concept superbe, apparu vers la fin des années quatre-vingt. L'idée est de lever des fonds auprès d'institutions ou d'investisseurs fortunés en leur promettant d'investir chez les meilleurs gestionnaires du monde. Le fonds de fonds perçoit généralement 1% des actifs sous gestion et 10% de la performance. Le gestionnaire chez qui il investit, généralement un hedge funds, charge 2% des actifs et 20% de la performance. C'est le fameux « two-twenty », que les plus audacieux dépassent en demandant plus. Pour simplifier, disons que l'équation fonds de fonds = com de com est en passe d'être sérieusement défiée.

Revenons à Nicola Horlick. Récemment, elle s'est adressée à la presse britannique pour vitupérer contre le régulateur américain. Il faut dire que son fonds de fonds avait investi un peu plus de 9% de ses actifs dans un des véhicules de Madoff. Le propos de Nicola Horlick se résume à : «

si nous avons perdu de l'argent, c'est la faute de la SEC

».

Certes. Seulement quand on perçoit 1% de commission de gestion plus 10% de la performance, on se doit de pratiquer ce qui s'appelle la « due diligence ». On se doit de rencontrer les auditeurs, les conservateurs de titres et de s'assurer de la méthode de calcul de la valeur des positions détenues.

Cela dit, le site web de Brandean Alternative Limited assurait qu'en qualité de « due diligence », il ne s'en laissait pas compter. Voici ce qu'on pouvait y lire il n'y a pas si longtemps : «

Robust and thorough due diligence is at the heart of our firm's investment process. Our detailed manager monitoring programme ensures that our clients' investments are subject to on-going and effective governance

».

Curieusement, ces deux phrases ont disparu du site. Hélas pour Nicola Horlick, on peut les retrouver, comme l'a fait le site

Bronte Capital

, par le jeu des pages cache de

Google

. Cette technologie est impitoyable. Et s'il on doit en tirer une morale, c'est que parler de la gouvernance c'est bien mais que la pratiquer c'est mieux.

Mais avait-on besoin de pratiquer une « due diligence » avec Bernard Madoff ? L'homme savait soigner sa publicité comme en témoigne un article élogieux publié en 2001 par MAR/Hedge et déniché par le blog

Naked Shorts

.

Que pouvait-on y lire ?

"

Those who question the consistency of the returns, though not necessarily the ability to generate the gross and net returns reported, include current and former traders, other money managers, consultants, quantitative analysts and fund-of-funds executives, many of whom are familiar with the so-called splitstrike conversion strategy used to manage the assets

". Vous en avez déjà entendu parlé de cette « splitstrike conversion »?

Cela consiste à : "

buying a basket of stocks closely correlated to an index, while concurrently selling out-of-the-money call options on the index and buying out-of-the-money put options on the index

"

Voilà ce qui permettait de gagner, tous les ans, 1% à 1,2% par mois, comme le stipulait Nicola Horlick avant de reconfigurer son site web.

Le plus remarquable, c'est que tout le monde croyait au génie de Madoff. «

On m'a toujours demandé pourquoi je ne faisais pas comme Madoff

, confie un gérant de Hedge Funds.

Si j'avais perçu 1 euro à chaque fois que l'on m'a dit cela, je serai aujourd'hui multimillionnaire

».

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