La grande bataille d'Italie

Par Marc Fiorentino, de Monfinancier.com.
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Le plan européen de l'Allemagne continue à s'imposer. Avec l'aide des marchés que l'Allemagne "sollicite involontairement" en appuyant là où cela fait mal. Le "printemps européen" a connu une accélération historique avec le départ de Papandréou et la formation d'un gouvernement d'union nationale. Rappelez-vous tout de même qu'on a cru pendant deux jours à la fin de la zone euro en cas de référendum en Grèce. Puis avec l'annonce du départ de Berlusconi. Enfin.

Nous voilà donc à l'heure de vérité. Les marchés s'acharnent sur la dette italienne. Ils veulent tester la volonté de l'Allemagne et de l'Europe de défendre l'Italie. En espérant possibles, surtout dans les salles de marché des banques d'affaires américaines et des hedge funds, le lâchage de l'Italie et la création d'une minizone euro. Depuis 1999, les Anglo-Saxons détestent l'euro et veulent sa disparition. Ce n'est pas nouveau. La bataille d'Italie est LA bataille qui va déterminer l'avenir à court et moyen terme de la zone euro. Si cette bataille est perdue, la France tombera dans la foulée et la zone euro telle qu'on la connaît aujourd'hui ne sera plus qu'un chapitre dans les livres d'histoire.

Mais cette bataille d'Italie peut être facilement gagnée.

L'Italie n'est ni la Grèce, ni l'Irlande, ni le Portugal. Elle a certes une dette importante, un déficit élevé et une croissance anémique, mais elle a des atouts comme la masse d'épargne des ménages italiens. Mais il faudra tout de même pour la sauver mettre toutes les forces européennes et mondiales dans la bataille. À la manoeuvre, la Banque centrale européenne qui n'a plus d'autre choix que de jouer le rôle de mégavoiture-balai, en ramassant, sans limite ni condition, tous les emprunts des États en difficulté sur le marché. C'est l'étape essentielle, nécessaire, mais pas suffisante. Le FMI va également devoir apporter son aide à l'Italie en lui accordant une ligne de crédit massive sur laquelle elle pourra ou non tirer en cas de besoin. Et enfin le Fonds européen de stabilité financière, le FESF, dont les contours sont encore mal définis et pourtant son rôle est simple : emprunter sur les marchés au nom de l'Europe fédérée des eurobonds qui ne doivent pas dire leur nom.

Ne nous trompons pas. La Chine qui joue la carte du mépris n'a pas d'autre choix que d'absorber des dizaines de milliards de ces "quasi-eurobonds" car la Chine a besoin de clients européens qui consomment et la Chine a surtout besoin de diversifier ses réserves investies massivement dans les emprunts d'État américains qui sont des junk bonds (obligations pourries) en puissance.

Les marchés cherchent à connaître la détermination de l'Europe. Et ils ont raison. Mais l'Europe ne pourra pas tergiverser sur l'Italie. Cette bataille doit être menée avec toutes les forces en présence et toute l'énergie nécessaire. Et elle va être gagnée.

L'Europe gagnera quelques mois, mais elle devra ensuite s'attaquer à son problème de fond qui n'est ni sa dette ni son déficit : sa croissance. Il faut un "new deal" européen. Un plan de relance, non pas de la consommation, mais de l'investissement. Chaque chose en son temps... Gagnons d'abord la bataille d'Italie.

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