2014, année de rebond pour l'Union européenne ?

La montée des populismes ne peut rester sans réponse. Par Pascale Joannin, directeur général Fondation Robert Schumman

Depuis l'élection au suffrage universel du Parlement européen en 1979, l'abstention n'a cessé de croître passant de 37 à 57% en 2009. 2014 marque une stabilisation à ce haut niveau. Organisé dans le cadre national, le scrutin européen, dont les enjeux sont mal définis et mal compris, est considéré comme de second rang par les partis politiques tant en ce qui concerne le choix des candidats que leur mobilisation. C'est donc une élection qui ouvre la voie à des surprises.

 Montée des populismes

En 2014, elle est marquée partout en Europe par une montée des populismes de gauche comme de droite qui se sont alliés à un euroscepticisme résiduel présent dans tous les Etats membres, dans certains plus que dans d'autres. Le Parlement européen, qui comptait déjà près de 17% de populistes parmi ses membres dans la législature actuelle (2009-2014), en comptera environ désormais 25% sur 751 députés. Pour autant, divisés au point de se retrouver dans au moins quatre groupes politiques différents, certains restant même chez les non-inscrits car indésirables ailleurs (par exemple le Jobbik en Hongrie ou l'Aube dorée en Grèce), ils ne sauraient entraver le fonctionnement de l'Assemblée de Strasbourg. Ils envoient pourtant un message très fort de désaffection, voire de désamour, à l'égard de la construction européenne.

Une vraie contestation des gouvernements nationaux

Cette percée des populismes est particulièrement spectaculaire dans les pays en difficultés économiques ou politiques, comme le Royaume-Uni, la France ou la Grèce où certains partis représentatifs de ce populisme sont arrivés en tête. Mais pas pour les mêmes raisons. L'UKIP britannique est un parti purement eurosceptique et nationaliste, le Front national français un parti extrémiste de droite, et le Syriza grec un parti de la gauche radicale.

Sous le couvert d'une contestation de l'Europe, s'exprime d'abord une vraie protestation envers les gouvernements nationaux et leurs politiques. Dans ces États, les dirigeants se trouvent affaiblis par la mise en œuvre de plans de rigueur rendus indispensables par le niveau de leurs dettes et de leurs déficits ou par la position ambigüe du pays vis-à-vis de l'Union.

En revanche, dans les pays où les réformes ont été engagées ou annoncées comme en Italie, en Espagne et, bien sûr, en Allemagne, les partis de gouvernement restent majoritaires, voire sont plébiscités. Le succès de Matteo Renzi avec plus de 40% des suffrages en est un exemple flagrant.

 Résultats des élections européennes du 22-25 mai dans les 28 États membres

 Taux de participation : 43.09%

 

groupe politique                                   Nombre de députés                       Résultat (en %)

 PPE

Parti Populaire Européen

(Démocrates-Chrétiens)                              214                                               28.50

           S&D

Alliance Progressiste

des Socialistes et Démocrates                     191                                               25.43

           

ADLE

Alliance des démocrates

et libéraux pour l'Europe.                                 64                                                 8.52

           

Verts/ALE

Les Verts/Alliance libre européenne                 52                                                 6.92

           

ECR

Conservateurs et Réformistes européens       46                                                 6.13

           

GUE/NGL

Gauche unitaire européenne

Gauche verte nordique                                     45                                                 5.99

           

NI

Non-Inscrits

Membres apparentés à aucun groupe.             41                                               5.46

           

EFD

Groupe Europe libertés démocratie.                 38                                               5.06

           

Autres

Nouveaux élus

(sans appartenance

à un groupe politique du Parlement sortant)     60                                               7.99

 

Tout groupe politique doit être constitué de 25 députés d'au moins 7 États membres.

 Les chefs d'Etat veulent fixer l'agenda de la commission

Faisant une interprétation du traité de Lisbonne, le Parlement européen a tout mis en œuvre pour que le leader du parti arrivé en tête s'impose comme le futur président de la Commission européenne. C'est en effet le Conseil européen, rassemblant les 28 chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne, qui nomme les responsables des institutions européennes et le Parlement européen qui doit l'investir.

Les démocrates-chrétiens du parti populaire européen (PPE) étant arrivés en tête avec 213 sièges, soit 23 sièges devant les sociaux-démocrates (S&D), c'est leur chef de file, Jean-Claude Juncker, ancien Premier ministre du Luxembourg, qui tient la corde pour assumer cette responsabilité.

Réunis le 27 mai, les chefs d'Etat et de gouvernement ont souhaité que soient menées des consultations avec le Parlement mais ils entendent a cette occasion fixer à la future Commission européenne un programme de travail et un agenda plus précis. Une réforme de la Commission et de ses pratiques est en effet réclamée de toutes parts et devrait voir le jour en 2014.

Trouver des réponses concrètes

 Les consultations entre le Conseil et le Parlement européens vont vraisemblablement durer pendant tout le mois de juin avant que le Conseil par un vote à la majorité fasse connaître son choix, probablement lors de sa réunion des 26 et 27 juin prochains.

Le Parlement européen devra se prononcer durant la troisième semaine de juillet après une audition en séance plénière du prétendant et le président de la Commission européenne investi devra composer son équipe durant l'été et d'ici au mois de septembre, pour que chaque commissaire puisse être, à son tour, auditionné par la commission parlementaire compétente, et la soumettre à un nouveau vote du Parlement européen.

Le message adressé par les abstentionnistes et les votants devra trouver des réponses concrètes. L'année 2014 sera ainsi pour l'Union européenne une année de changement, voire de rebond.

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Commentaire 1
à écrit le 10/06/2014 à 14:06
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Le debut de la fin de l'union europeenne ultra liberale vendue aux USA et de ses serviteurs corrompus et la fin de l'euro la monnaie des escrocs ,finit la fete de la cupudite !

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