Accélérer la numérisation des PME françaises

OPINION. Le nouveau baromètre sur la numérisation des entreprises françaises publié il y a quelques jours par la Direction générale des Entreprises montre que des progrès considérables sont intervenus dans la sensibilisation aux atouts du numérique. Par Thomas Courbe, Directeur général des Entreprises au Ministère de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique.
(Crédits : DR)

Alors qu'ils étaient 68 % avant 2020, 81% des dirigeants de TPE/PME estiment désormais que le numérique représente un réel bénéfice pour leur entreprise. Il s'agit d'une avancée importante à laquelle le programme France Num, destiné depuis 2018 à accélérer la transition numérique des entreprises, a fortement contribué. Dans le cadre de ce programme, conduit sous l'impulsion des ministres Bruno Le Maire, Jean-Noël Barrot et Olivia Grégoire, nous avons en effet accompagné près de 150 000 entreprises depuis 2018, sous forme de diagnostics, de formations et de financements pour les sensibiliser aux apports du numérique dans leur quotidien. Ainsi, entre 2020 et 2022, le nombre d'entreprises françaises disposant d'un site internet a presque doublé, passant de 37 à 68%.

Avec plus de 100 000 entreprises accompagnées au plus fort de la crise sanitaire au travers du chèque France Num, nous les avons aidées à couvrir leurs coûts de numérisation. Notre action se concentre désormais sur l'accompagnement et la sensibilisation des entreprises aux outils qui permettent de renforcer leur compétitivité, tels que les logiciels de gestion comptable. 41% des TPE/PME prévoient ainsi de consacrer plus de 1 000 euros à leur transformation numérique cette année.

Il faut aller plus loin et accélérer encore. La convention signée récemment avec le réseau des Chambres des métiers et de l'artisanat et les Chambres de commerce et d'industrie a vocation à permettre à 10 000 entreprises du tourisme de prendre le virage du numérique à travers un audit et un plan d'action personnalisé, avec l'objectif in fine d'attirer de nouveaux clients. De même, nous cherchons à renforcer l'action des banques pour la commercialisation des prêts appuyés par la garantie France Num, spécialement conçus pour aider les entreprises à investir dans leur numérisation.

En parallèle, nous promouvons le développement de l'offre française de solutions numériques. Dans le cadre de France 2030, les projets que nous soutenons sur les outils collaboratifs dans le cloud ou la cybersécurité vont permettre de faire émerger de nouvelles offres innovantes pour répondre aux besoins de nos TPE/PME. Nous voulons que les solutions les plus avancées bénéficient aussi à nos PME, avec un effort particulier sur le déploiement. C'est ce que nous faisons avec le programme « IA Booster » et les 5 000 accompagnements pour renforcer la cybersécurité des TPE/PME et les aider à intégrer des outils numériques au meilleur niveau technologique, mais restant simples à implémenter.

La numérisation des PME passe également par l'accès aux compétences numériques. Nous y répondons notamment par le développement de nouvelles formations dans le cadre de France 2030. Je pense par exemple au programme de l'Institut Mines-Télécom de Saint-Étienne qui a pour objectif de former chaque année près de 3000 cadres et techniciens de PME et d'entreprises de taille intermédiaire pour qu'ils disposent des compétences nécessaires pour implémenter des solutions numériques dans leur entreprise.

Dans cette transition numérique, l'écosystème français des start-ups, que nous soutenons à travers la Mission French Tech, a un vrai rôle à jouer. Elles contribueront à apporter aux PME françaises de nouvelles solutions numériques simples et générant rapidement des gains de compétitivité (moyens de paiement, signature électronique) ou facilitant la transition, par exemple pour l'évaluation de la performance sociale et environnementale des chaines de valeur des entreprises.

L'ensemble de nos efforts pour accompagner les PME dans leur numérisation et les enjeux qu'elle implique, de la sensibilisation à l'innovation en passant par la formation, ne peuvent cependant pleinement se concrétiser sans évolutions réglementaires à l'échelle européenne.

La position dominante des grandes plateformes extra-européennes et des solutions et conditions qu'elles imposent dans le numérique se font en effet d'autant plus ressentir sur nos entreprises qu'elles en utilisent davantage les outils. C'est pourquoi, comme l'ont rappelé Bruno Le Maire et Jean-Noël Barrot à Strasbourg le 12 juin dernier en réaffirmant notre stratégie nationale pour le cloud, nous nous sommes fortement impliqués dans le cadre de la présidence française de l'Union européenne (PFUE) pour l'adoption du Digital Services Act (DSA) et du Digital Markets Act (DMA).

Ces deux textes constituent un premier jalon essentiel dans l'harmonisation des règles européennes et la régulation de ces plateformes systémiques, en permettant de réduire la dépendance de nos entreprises à leur égard. Les géants du numérique ne pourront par exemple plus imposer leur propre système de paiement pour effectuer des achats via des applications. Nous souhaitons ainsi laisser la possibilité aux entreprises françaises comme européennes d'intégrer plus librement le numérique, que ce soit en créant plus facilement leurs propres services ou en accédant à un catalogue d'outils et de solutions numériques plus large et plus varié.

Enfin, la numérisation croissante de notre économie entraine mécaniquement pour les entreprises un accroissement de la production de données non personnelles liées à leur activité. Aussi, la négociation en cours du règlement sur les données (Data Act) doit permettre de rééquilibrer le marché du cloud aujourd'hui largement dominé par un trio d'acteurs non européens, pour nous assurer d'un plus juste partage de la valeur de ces données, en particulier au profit des entreprises européennes qui les produisent. Ce faisant, nous continuerons de conjuguer numérisation et souveraineté, au bénéfice de nos entreprises et de leur faculté à créer et à se développer librement.

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Commentaire 1
à écrit le 12/10/2022 à 9:07
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Rien de mieux pour se soumettre à une dépendance que de croire que c'est une "facilité" gratuite ! ;-)

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