Alors que l'hiver approche, la précarité étudiante reste une actualité brûlante !

OPINION. « Winter is coming » et de plus en plus d'étudiants continuent de devoir choisir entre se chauffer et manger.
(Crédits : Reuters)

Les températures baissent presque aussi vite que les prix augmentent. S'alimenter, se loger, se chauffer, s'habiller, se soigner, emprunter ou à l'occasion voyager, tout s'est envolé. Et si l'inflation semble s'enrayer en cette fin d'année, nombreux sont les étudiants qui s'installent désormais dans la précarité.

Cette année, 54% des jeunes déclarent sauter des repas pour des raisons financières, contre 43% en 2022. 76% des étudiants ont un « reste à vivre » de moins de 100 euros par mois, soit l'équivalent de 3,33 euros par jour, une fois leurs factures payées. Enfin, 97% des étudiants se restreignent sur la quantité et la qualité de leur alimentation.

Ces chiffres, bien qu'habituels aujourd'hui, doivent continuer à nous interpeller tant ils témoignent d'une qualité de vie pour les étudiants en constante dégradation depuis la crise sanitaire. À ces difficultés matérielles s'ajoute par ailleurs la détresse psychologique qui en résulte. Le Président de la République reconnaissait qu'il ne faisait pas bon d'avoir 20 ans en 2020, force est de constater que la situation a empiré trois ans plus tard.

La précarité étudiante, c'est pourtant bien plus que des chiffres. C'est l'histoire d'étudiants talentueux, travailleurs, engagés dans la quête d'un savoir d'une importance telle qu'il façonnera le reste de leur vie. C'est l'histoire de jeunes qui, en se lançant dans les études, font preuve d'une seule ambition : celle de construire un bel avenir.

Ces dernières années, la mobilisation des pouvoirs publics aura été indéniable. L'État multiplie les actions en direction de la jeune génération, quand les collectivités territoriales organisent la solidarité de proximité pour accompagner les étudiants. En tant qu'élus locaux, nous sommes tous confrontés aux difficultés que rencontre la génération Z. Et pourtant, chaque année, étudier continue de rimer avec pauvreté.

Face à cette situation, l'engagement des associations et des bénévoles est aussi précieux qu'essentiel. Ils sont le ciment de notre société, ceux qui aident des milliers d'étudiants à tenir. Malheureusement, leur mobilisation de chaque instant n'est aujourd'hui plus suffisante pour répondre efficacement aux difficultés que traversent désormais une majorité des près de 3 millions d'étudiants en France. L'appel à l'aide lancé par les Restos du Cœur, portevoix d'un vivier associatif français riche dans le cœur, mais trop juste dans les poches, doit tous nous alerter et nous mobiliser, acteurs publics comme privés.

Nous appelons à un Grenelle de la vie étudiante !

Une table ronde qui réunira tous les partenaires qui cherchent à trouver aujourd'hui les solutions à un phénomène qui pourrait s'installer et mettre en danger la génération de demain. Cette mobilisation doit être totale, prendre en compte toutes les formes de précarité (et non seulement alimentaire) et répondre aux attentes de tous les étudiants, y compris de ceux qui ne bénéficient pas des bourses à quelques euros près.

En parallèle de la mobilisation constante des élus, les entreprises doivent également pouvoir aider, participer à l'effort national, à travers leurs fondations ou le soutien financier qu'elles peuvent apporter aux associations engagées pour aider les jeunes. Une étude de l'association Admical montrait en 2022 que si le nombre d'entreprises mécènes et les dons versés ont augmenté ces dernières années (2,3 milliards d'euros en 2021 pour 108 000 entreprises), seulement 4,61% des entreprises assujetties à l'Impôt sur les sociétés déduisent des dons du mécénat ! Il est vital que les entreprises contribuent à protéger la jeunesse des tempêtes de son époque, notamment dans le cadre des nouvelles activités de RSE. Le mot d'ordre est donc simple : accompagnez maintenant les jeunes qui travailleront pour vous plus tard !

Pour permettre ce mécénat d'entreprise et faciliter la mobilisation des partenaires économiques, nous appelons à ce que la défiscalisation des dons faits par les entreprises aux associations reconnues d'utilité publique qui œuvrent à la lutte contre la précarité étudiante soit portée à 75%, comme c'est le cas pour les dons de particuliers. Aussi, pour inciter les entreprises à donner sans les pénaliser, nous proposons de déduire le reste à charge de ces dons aux associations de la taxe d'apprentissage, comme cela est déjà le cas pour d'autres dépenses d'investissements. Ces mesures doivent être mises en place et perdurer jusqu'à ce que l'inflation diminue durablement.

Une action collective est nécessaire, à tous les niveaux. L'enjeu n'est pas politique, il n'a pas d'étiquette. Le défi est sociétal, civilisationnel et les mesures pour y répondre doivent être immédiates et efficaces. La jeunesse doit être entendue. Elle le mérite. Elle est l'avenir.

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(*) Co-signataires :

À l'initiative de cette tribune d'Hugo Huet, Conseiller Municipal Délégué à la Jeunesse d'Asnières-sur-Seine et Référent du Réseau des élus à la Jeunesse des Hauts-de-Seine

Avec le soutien de Michel Andreu Sanchez, Conseiller Régional (Région Grand Est) - Irène Weiss, Conseillère Régionale (Région Grand Est) - Théo Macé, Conseiller Municipal Délégué (Longjumeau) - Thomas IANZ, Conseiller Municipal Délégué (Avon) - Maureen FAFIN, Conseillère Municipale (Rosny-sur-Seine) - Kévin  Cohen, Conseiller Municipal (Romainville) - Thomas HALBERSTADT, Maire-Adjoint (Mézières-sur-Seine) - Guillaume Ramaré, Conseiller Municipal Délégué (Courcelles-en-Bassée) -  Louis Speybrouck, Maire-Adjoint (Le Vaudreuil) - Vanille Reintjes, Conseillère Municipale (Montry) -  Marvin SABAS-FLEURY, Conseiller Municipal (Cesson) -  Valentin Rouffiac, Conseiller Municipal Délégué (15ème arrondissement de Paris) - Maxime Renault, Conseiller Municipal (Argenteuil) - Baptiste Denis, Conseiller Municipal Délégué (La Garenne-Colombes) - Arthur BEAUREPAIRE, Conseiller Municipal Délégué (Sèvres) -  Sacha GAILLARD, Maire-Adjoint (Saint-Cloud) -  Tristan Pioli, Conseiller Municipal (Ablis) - Ouissam MECHRIA , Conseiller Municipal Délégué (Argenteuil) - Alexia POCHEREAU, Conseillère Municipale (Saint Claude-de-Diray) - Eleanore Hennocq, Conseillère Municipale (Fontenay-Les-Briis) - Raphaël Ruegger, Conseiller Municipal (Neuvy-sur-Barangeon) - Mamédi  DIARRA, Conseiller Municipal (Vincennes) -  Emin SARACOZ, Conseiller Municipal Délégué (Montfermeil) -  Jérôme CURY, Conseiller Municipal Délégué (Vichy) - Raphaël  PALAYER , Conseiller Municipal Délégué (Saint Laurent du Var) - Anthony Martins, Conseiller Municipal Délégué (Le Plessis-Trévise) - Thomas Vautrin, Conseiller Municipal Délégué (Le Raincy) - Louis Brosse, Conseiller Municipal (Courbevoie) - Pierre Menuet, Maire-Adjoint (Paris 15e) - Alexandre GUILLEMAUD, Conseiller Municipal (Nanterre) - Raphaël  Labreuil, Conseiller Municipal Délégué (Chelles) - Juliette Decaudin, Conseillère Municipale (La Celle Saint Cloud) -  Hector VESPROUMIS, Conseiller Municipal Délégué (Paris 15e) - Evan LAUDE, Conseiller Municipal (Juilly) - Julien ALEXANDRE, Conseiller Municipal (Saint-Quentin) - Théo  Fonseca, Conseiller Municipal Délégué (Bondy) - Aymeric Claussmann, Conseiller Municipal Délégué (Bois-Colombes) - Athithiya Anantharajah, Conseillère Municipale Déléguée (Pontault-Combault) - Adrien Bontems, Conseiller Municipal (Deuil-la Barre) - Kevin Cauchie, Conseiller Municipal (Montfermeil) - Quentin Chollet, Conseiller Municipal (Sainte-Geneviève-des-Bois) - Jemima Charini, Conseillère Municipale (Buchelay) - Nadia IDORANE, Conseillère Municipale Déléguée (Sèvres) - Terry Pommery, Conseiller Municipal (Saâcy-sur-Marne) - Nicolas Dupiech, Conseiller Municipal (Nesles-la-Vallée) - Adrien Bailly, Conseiller Municipal Délégué (Vaujours) - Livia Graziani-Sanciu, Conseillère Municipale (Bastia) - Giulietta Ranieri, Conseillère Municipale (Vincennes) - Safia Rizoug, Conseillère Municipale (Chevilly-Larue) - Yann Feurté, Conseiller Municipal (Podensac) - Léoli Matobo, Conseiller Municipal (Charenton-Le-Pont).

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Commentaires 3
à écrit le 16/12/2023 à 12:11
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Il faut quand meme rappeller que les etudiants ca ne vaut rien ! electoralement ce qui importe c est les retraités. 13 millions de retraités qui votent ca pese plus lourd que des etudiants qui votent epu (ou quand ils votent votent RN ou EELV). Pourq...

à écrit le 16/12/2023 à 8:37
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La précarité des étudiants en France constitue 1 scandale! Au Danemark; ils reçoivent 800 euros/mois bien avant l'an 2000. Il faut créer 1 force de frappe collective et financière nationale. la Fondation de France est déjà impliquée; cf....

à écrit le 13/12/2023 à 18:39
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Une véritable honte, on devrait dégager tous nos responsables pour cette incapacité chronique à proposer quelque chose aux jeunes, à s'occuper d'eux, ah pour leur trouver du bénévolat ya pas de souci hein mais un boulot valorisant que dalle ce ne son...

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