C'est l'Italie qui risque de dynamiter l'Europe la première !

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, c'est l'Italie qui risque de dynamiter l'Europe la première !

L'Italie inquiète et les banques italiennes encore plus. Et pour cause, elles font partie des plus grandes détentrices de créances douteuses en Europe : 21,4% du total de leurs créances selon l'Autorité bancaire européenne, ce qui les place en 2e position derrière l'Irlande. A titre de comparaison la France est à la 10e place avec 3,2% et l'Allemagne en 15e position avec 2,3% seulement. La somme en jeu est coquette environ 360 milliards d'euros, soit à peu près l'équivalent du quart du PIB du pays ou de la totalité de la dette grecque. Voilà pour les ordres de grandeurs.

Mais attention, il ne faut pas se tromper dans l'ordre des choses. L'irresponsabilité des banquiers occidentaux est à l'origine de la grande récession de 2008, mais dans le cas italien, le sens de la causalité est inversé et c'est bien la récession à épisodes, l'incapacité de l'État à reprendre les dettes privées, qui a mis en péril le système bancaire, et qui se transforme en grande machine à produire des créances douteuses.

 Un décrochage bien avant 2008

En termes de croissance, l'Italie décroche en effet par rapport au reste de la zone euro depuis la fin des années 90 et au contraire des autres membres de l'union monétaire qui ont connu des années fastes avant la crise de 2008, l'Italie est en déclin ou stagnation quasi-permanent depuis l'introduction de la monnaie unique. Le bilan sur les 26 dernières années est sans appel du simple au triple. Il est possible d'affiner le diagnostic en prenant comme indicateur le PIB rapporté à la population en âge de travailler, par convention les 15 - 64 ans, c'est-à-dire par rapport à la force de travail disponible. Cela synthétise à la fois le l'évolution de la productivité et la capacité d'un pays à mobilier sa main d'œuvre pour créer des richesses. Que ce soit par rapport à la France et encore plus, par rapport à l'Allemagne, les trajectoires se séparent au tournant du milieu des années 2000 et l'écart ne cesse de se creuser depuis.

Quel que soit l'indicateur retenu, l'Italie décroche avant le début de la grande récession et ne se relève toujours pas. Il n'y évidemment pas de raison unique pour expliquer ce fiasco. Comme pour de nombreux pays, l'entrée dans la zone euro s'est effectuée aux forceps, aux prix d'une forte hausse de la pression fiscale, ce qui a pesé sur les performances du milieu des années 90 jusqu'au début des années 2000. Mais l'explication ne vaut plus aujourd'hui.

 Plus de dévaluation possible

En fait, comme, pour la France, l'Italie a perdu avec la monnaie unique l'avantage compétitif offert par les dévaluations. Les effets de la dernière en 1995, ce sont ainsi dissipés au fur et à mesure de l'accroissement des coûts unitaires de la main d'œuvre. Cet indicateur correspond au rapport entre le cout horaire de la main d'œuvre et la productivité horaire du travail. Le coût unitaire de main-d'œuvre augmente lorsque la rémunération horaire s'accroît plus rapidement que la productivité du travail. C'est une mesure des pressions inflationnistes dues à la croissance des salaires.

A la vue de cet indicateur, pas de doute, la compétitivité-coût des entreprises italiennes s'est dégradée par rapport à l'ensemble de la zone euro en raison de la rigidité des salaires, et plus grave encore par rapport à l'Allemagne avec qui les industriels italiens sont en forte concurrence. Conséquence, la performance et la profitabilité des entreprises, ont été entamées entrainant l'insolvabilité d'innombrables de ces petites entreprises qui forment le tissu économique transalpin et c'est bien ainsi que les banques italiennes se trouvent accablées par 360 milliards d'euro de mauvaises créances, dont 200 seraient non remboursables. C'est une véritable bombe à retardement.

Affaiblies, les PME et TPE italiennes n'ont pas la même capacité à investir en machines et équipements que leurs concurrentes européennes et se font distancées : une fois de plus, la cassure est très nette à partir du milieu des années 2000 et c'est bien l'avenir qui est sacrifié dans pays où déjà près de 20% des jeunes diplômés du supérieurs sont au chômage contre 6,6% en France par exemple.

La situation est d'autant plus périlleuse, que l'Etat italien affiche une dette supérieure à 130% du PIB, qui le place au deuxième rang des Etats les plus endettés en Europe et ne dispose pas de marge de manœuvre.

Et comment appeler à la rescousse les investisseurs privés ? L'Italie est une véritable bombe capable de dynamiter l'Europe.

>> Plus de vidéos sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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Commentaires 18
à écrit le 24/01/2017 à 10:54
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LES MARCHES VEULENT TOUJOURS BAISSE LES SALAIRES ? MAIS CEUX QUI SONT LES DECIDEURS BATTENT DES RECCORD EN HAUSSE DE SALAIRE? MAIS MOI JE CONTINUE A DIRE QUE POUR VENDRE PLUS IL FAUT ENCORE BAISSE L EUROS ?MESSIEURS LES DECIDEURS IL VAS FALLOIR CHOIS...

à écrit le 21/01/2017 à 19:31
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Merci pour cette lueur d'espoir, plus l'europe se désintègrera rapidement et mieux nous pourrons nous retourner.

à écrit le 20/01/2017 à 17:19
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Bof, ils ont eu des hausses de salaires et nous des hausses de fonctionnaires, c'est kif kif. On bat les Italiens de 2 millions, no 1 européen! cocorico! On s'est fourvoyés dans cette monnaie à la noix, mais après des années d'errance avec le serpe...

à écrit le 20/01/2017 à 16:31
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Une baisse de l' Euro à parité voir légèrement inférieure au Dollar relancerait l'export de l'Europe d' autant que le pétrole est bon marché. Le souci c'est que la mondialisation se recroqueville à vitesse grand V, dans cette période de turbulences l...

le 20/01/2017 à 20:40
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l'€ est passé de plus de 1,50$ à 1,05$ en quelques années sans le moindre effet positif sur le commerce extérieur français malgré la division par 2 du prix du pétrole. Passer à parité avec le $ voire en dessous ne changerait à peu près rien d'autant ...

à écrit le 20/01/2017 à 13:39
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Peu ou prou l'Italie souffre des mêmes maux qui ont poussé l'Allemagne à mettre en oeuvre dès 2002 l'agenda 2010 de Schröder. En plus l'Italie n'a pas compris tout de suite que l'€ était une monnaie forte et non une monnaie fondante comme l'était la ...

à écrit le 20/01/2017 à 11:33
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De toute évidence l'introduction de l'euro a été très mal préparée, mais on ne peut plus rien corriger car ceux à qui cela profitent veulent continuer d'en profiter ...

le 20/01/2017 à 12:32
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L'Europe s'est surtout faite torpillée par la GB et les us.

le 20/01/2017 à 13:44
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Il y avait possibilité d'empêcher l'adhésion de l'Italie à l'€ car elle avait un endettement très supérieur aux 60% du PIB (de mémoire 105%). A l'époque il y a eu de vigoureuses pressions exercées, notamment en France, parce que certains pensaient q...

à écrit le 20/01/2017 à 10:28
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et tout ceci pour l'aveugleument de mme Merkel et son egoisme que l'Europe sera detruite et un retour au sombre annee tout ceci au dictat d'une personne et surtout des vendus d"elus incapable pour le pognon

le 20/01/2017 à 11:09
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Aveuglement de Merkel? NON....CALCUL au contraire cher Helios, quand tout partira a Vau-l'eau, l'excèdent commercial (qu'elle ne nous remboursera jamais, faute d'avoir des créanciers suffisamment convaincants) lui servira, à la sortie d'Europe, elle...

le 20/01/2017 à 13:49
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En quoi Mme Merkel est-elle responsable des hausses de salaires inconsidérées qui ont été accordées en Italie (comme si la lire, monnaie fondante, n'avait pas été remplacée par l'€, monnaie forte), alors même qu'en Allemagne depuis l'agenda 2010 mis ...

à écrit le 20/01/2017 à 9:13
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L'Italie, la premiere ? Est-ce le Monopoly ? La France ou se situe t-elle dans le classement, en troisieme position apres le Portugal ? L'Europe est a l'agonie et son responsable reste droit dans ses pompes. 2017 va etre un grand cru.

le 20/01/2017 à 13:51
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L'Europe et la Chine restent des pôles de prospérité et de stabilité, en regard de ce qui va se produire au Royaume (encore) Uni, aux Etats Unis ou en Russie.

à écrit le 20/01/2017 à 9:08
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Une cause probable est peut être liée a un prix de l'énergie trop faible comparé au cout du travail. En tout cas, c'est la situation en France. Il faut taxer l'énergie pour réduire le cout du travail. (note n°6 du CAE)

le 20/01/2017 à 9:45
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pas pour les particuliers en tous cas ! Les "sans dents" ne vont pas rester sans se chauffer et vivre à la lueur des bougies pour favoriser banques et patrons, alors qu'ils ont déjà du mal à payer leur facture énergétique vitale !

le 20/01/2017 à 9:59
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Depuis le temps, cette note est à classer aux archives

le 20/01/2017 à 13:53
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L'énergie est très lourdement taxée en France. Où est l'avantage qu'on en retire ?

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