« Faire place » aux jeunes : un enjeu pour les futurs élus locaux

TRIBUNE. Parce que les jeunes participent activement au dynamisme des territoires qu’ils habitent, créer les conditions favorables à leur accueil, les reconnaître comme acteurs du vivre ensemble, légitimer leur participation à tous les niveaux d’organisation de la société, en d’autres mots, leur faire confiance doit être un enjeu prioritaire des candidats aux élections municipales. Par Claude Garcera, président de l'Union nationale pour l'habitat des jeunes(*).
Claude Garcera est président de l’Union nationale pour l’Habitat des jeunes
Claude Garcera est président de l’Union nationale pour l’Habitat des jeunes (Crédits : DR)

Une jeunesse qui refuse d'être sacrifiée

De multiples signes montrent qu'à l'évidence, il est plus difficile aujourd'hui qu'hier de vivre sa jeunesse. Trouver sa voie, accéder à une formation, entrer sur le marché du travail, s'installer dans un logement, autrement dit réaliser certaines indépendances (résidentielle, économique et familiale) et prendre son envol, relève à présent d'un parcours semé d'embûches, et pas seulement pour les plus défavorisés ou ceux qui ne sauraient compter sur la solidarité familiale. L'âge auquel espérer obtenir son autonomie, et au-delà, atteindre la stabilité, ne cesse de reculer. Les taux de chômage et de pauvreté des jeunes sont de tristes indicateurs qui sous-entendent que le diplôme ne protège même plus du déclassement. « La France a sacrifié sa jeunesse plus que n'importe quelle autre société développée » constate le sociologue Louis Chauvel. Si, selon les données de l'INSEE, de 1985 à la fin des années 2000, la croissance a permis à chaque génération de disposer d'un niveau de vie supérieur à la précédente au même âge, on sait que ce n'est plus le cas.

Pour autant ces jeunes, qu'ils soient lycéens, apprentis, étudiants, stagiaires, travailleurs ou en recherche d'emploi, refusent la fatalité de la précarité. Si leurs conditions de vie sont plus compliquées que celles de leurs aînés, ils entendent faire reconnaître leur contribution, légitimer leurs compétences et obtenir leur place de citoyen. Cette place, nous devons la leur faire !

Les candidats doivent mettre les jeunes au cœur de leurs préoccupations

Les jeunes, et en particulier ceux qui sont en situation de vulnérabilité, sont la catégorie de la population qui vote le moins aux élections. Ils sont également très peu représentés parmi les élus de la République. Par ailleurs ils sont les plus touchés par le non-recours à l'aide publique, tant parce que le système d'attribution leur est complexe que parce qu'il ne correspond pas à leurs besoins. Autant de raisons pour expliquer que les jeunes sont trop souvent tenus à distance des élections municipales, qu'il s'agisse des débats ou des programmes.

Si l'Elysée a tout récemment affiché son objectif de « remobiliser les grands réseaux d'éducation populaire et les associations dans leurs actions de terrain », il est également indispensable que les candidats mettent les jeunes au cœur de leurs préoccupations. Car cette jeunesse précarisée et doutant parfois de son avenir n'en est pas pour autant découragée, encore moins abattue. Ouverte au dialogue, elle aspire à être consultée sur les politiques publiques qui la concernent, ne serait-ce que pour confirmer qu'elle répond à ses attentes. Elle ne demande qu'à participer activement au dynamisme des territoires qu'elle habite, qu'il soit économique, démographique ou encore culturel. Elle ne demande qu'à leur apporter sa vitalité, son audace et son énergie, sa capacité d'innovation et sa formidable créativité.

Voilà pourquoi créer les conditions favorables à l'accueil des jeunes, les reconnaître comme acteurs du vivre ensemble, légitimer leur participation à tous les niveaux d'organisation de la société, en d'autres mots, leur faire confiance, doit être un enjeu prioritaire des futurs élus locaux qui, en l'espèce, pourront s'appuyer sur le savoir-faire et l'expérience des associations d'éducation populaire. Agir pour et avec les jeunes, c'est agir pour et par une politique globale et transversale qui permette aux jeunes d'« habiter » véritablement les territoires sur lesquels ils vivent.

C'est par une telle approche que les jeunes, quelles que soient leurs situations, pourront faire société, se loger, s'installer, travailler et expérimenter, être mobiles sur les territoires, élargir leur horizon et s'épanouir, enfin cultiver le bien-être. Et c'est par une telle approche qu'ils se considéreront comme citoyens à part entière.

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(*) L'Union nationale pour l'habitat des jeunes (UNHAJ), créée en 1955, accompagne les jeunes dans leur processus de socialisation, leur insertion consciente et critique dans la société. Mouvement national d'éducation populaire, l'UNHAJ est une union d'adhérents locaux regroupés au niveau régional au sein d'URHAJ - unions régionales pour l'habitat des jeunes.

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Commentaires 2
à écrit le 04/03/2020 à 11:42
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Les jeunes mis sous perfusion permanente d'un "e-phone" ne sauraient reprendre pied dans une réalité instable que l'on construit a force d'incertitude!

à écrit le 04/03/2020 à 11:05
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Bla bla bla... La dictature financière néolibérale faisant travailler toujours plus les gens toujours plus vite a engendré des générations qui n'ont plus le temps de s'occuper de la politique qu'ils subissent. C'est fait exprès, du moins cela arr...

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