Il ne faut pas avoir peur des entreprises zombies

LA CHRONIQUE DU "CONTRARIAN" OPTIMISTE. Il était à craindre que le crédit facile induit par une politique de taux négatifs face proliférer les entreprises zombies. Or, pour le moment, le risque est contenu. Par Robert Jules, directeur-adjoint de la Rédaction.
Robert Jules
(Crédits : Reuters)

Le monde inédit des taux négatifs dans lequel nous vivons remet en cause - pour le moment - nos certitudes économiques les plus avérées. À l'exemple des entreprises zombies pour qui l'argent gratuit devrait être une aubaine. Ces entreprises qui vivotent tant bien que mal sont caractérisées par l'OCDE par un âge supérieur à dix ans, et un résultat opérationnel insuffisant pour couvrir leurs charges d'intérêt durant trois années consécutives.

En 2018, la Banque des règlements internationaux (BRI) avertissait sur le risque croissant qu'elles représentaient : « La prévalence des entreprises zombies s'est accrue depuis la fin des années 1980. » Les zombies ont l'inconvénient, selon la théorie économique, de capter des ressources financières et humaines au détriment d'entreprises plus dynamiques, qui les utiliseraient de manière plus efficiente. Bref, elles entravent la « destruction créatrice », ralentissent l'économie d'un pays, sans compter qu'elles sont souvent liées à des banques qui continuent à les refinancer pour éviter un défaut de leurs clients qui les menacerait.

La part des entreprises zombies stagnent

Or les études empiriques montrent que ce risque n'est pas aussi important. Une note de France Stratégie soulignait en octobre que, dans le cas de la France, la part des entreprises zombies sur l'ensemble des entreprises oscillait entre 3,9 % et 4,6 % entre 2013 et 2016 . Cette faible part, qui tend à stagner, reflétait le fait que « les procédures de défaillance jouent bien leur rôle », même si seulement 7 % d'entre elles disparaissent l'année où elles deviennent zombies, et 22 % au bout de trois ans.

Cette stabilité a été récemment constatée au Danemark. Selon une étude publiée par la Banque centrale du Danemark, la part de ces entreprises, qui s'élevait à 1,9 % en 2011, a depuis reflué à 1,5 % en 2018. Le point intéressant est que les taux au Danemark sont passés en territoire négatif depuis la mi-2012, en raison de l'arrimage de la couronne danoise à l'euro, qui oblige le pays à pratiquer une politique de taux bas.

Pourtant, constate l'étude, les banques n'ont pas accordé un traitement de faveur aux entreprises zombies par rapport aux autres. Autrement dit, même si leurs taux ont baissé suivant la tendance générale, les entreprises zombies paient toujours un intérêt plus élevé que les autres, en fonction du risque de défaillance plus important qu'elles représentent. Il apparaît donc que, dans un contexte théoriquement favorable aux entreprises zombies, leur part - même s'il faut tenir compte des spécificités nationales, en Europe, leur niveau est plus élevé en Grèce, Espagne et Italie (voir graphique ci-dessous) - reste, sinon marginale, du moins contenue.

La raison en est un cadre juridique sur l'insolvabilité qui fonctionne bien et la mise en place de dispositifs qui décèlent le risque de zombification plus tôt. Cela prouve aussi que les acteurs économiques tendent dans la réalité à s'ajuster à un nouveau contexte économique, et ainsi à réduire nos peurs à l'égard des morts-vivants.

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Robert Jules

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Commentaires 2
à écrit le 13/01/2020 à 16:27
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J'imagine que macron compte sur les entreprises "zombies" pour créer de l'emploi? car sinon autrement, la logique de 2008 qui sera le fait de faire payer les états qui se retournerons ensuite sur les citoyens, maintenant que l'on sait que ça marche, ...

à écrit le 13/01/2020 à 11:22
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Cela fait belle lurette que la finance européenne fait du business sur la dette en y ajoutant BAYER qui pèse moins 44 milliards espérant arriver en 2021 à moins 46 milliards, on peut d'ors et déjà affirmer que les entreprises "zombies" existent depui...

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