L'Etat obèse : les vrais gisements d'économies

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, les vrais gisements d'économies pour les dépenses publiques.

La France a un état corpulent. C'est un constat. Il pèse lourd dans le PIB. Mais est-ce du muscle ou de la graisse ? A l'heure de la cure d'amaigrissement, il est important de bien identifier les vraies zones d'inefficacité de la sphère publique.

Le surpoids de la France, manifeste lorsque l'on compare les dépenses françaises à celles de la zone euro ou des États-Unis, est d'abord une question de périmètre, liée au fait que nos modes de gestion et nos circuits de financements sont publics. Ce n'est pas gage d'inefficacité a priori.

Prenons les choses par grandes masses et par grandes fonctions. La comptabilité nationale nous permet de comparer les moyens financiers mobilisés par les différents États.

Administration centrale : peut mieux faire, mais

D'abord dans la fonction d'administration, au niveau central et local - disons la bureaucratie au sens pur -, la France figure plutôt en haut de l'échelle. Mais loin de l'enfer kafkaïen si souvent décrié et proche de la moyenne européenne. Car les pays d'Europe du Nord (Danemark, Suède, Finlande, notamment) aiment l'administration à visage humain. Ils mettent notamment le paquet sur les services publics de l'emploi. Et ceux du Sud nous surpassent nettement en termes de suradministration. Il y a là, c'est probable, des marges de progrès. Et c'est clairement un domaine où le numérique peut aider à l'effort de rationalisation.

Sur les fonctions régaliennes d'ordre, de sécurité, de justice ou de défense, rien à signaler. Si ce n'est que nous appartenons au club fermé des pays ayant une dissuasion nucléaire et des moyens de projection. C'est un choix stratégique.

Education, santé : avant tout une question d'organisation et d'allocation

Prenons maintenant les deux grandes fonctions stratégiques poids-lourds que sont l'éducation et la santé. Clairement, nous surplombons ici la moyenne européenne. Mais nos choix de modes de gestion jouent ici un rôle décisif. Nos choix institutionnels allègent-ils globalement la facture ? Ce n'est pas probant. La santé coute globalement assez cher en France, rapportée au PIB. C'est moins vrai pour l'éducation. Et ce que montrent aussi les chiffres, c'est que les moyens humains mobilisés dans ces grandes fonctions, quels que soient leur mode de financement, ne sont pas particulièrement élevés en France, c'est un euphémisme. L'emploi dans la santé et dans l'éducation confirme ce que nous disent les statistiques de nombre de médecins hospitaliers par habitant ou de nombre de profs par classe. Les effectifs ne sont pas pléthoriques et ces professions sont plutôt sous tension, et parfois en sous-effectif.

L'efficacité dans ce domaine, ce n'est pas de couper les moyens, de rationner l'emploi, mais de mieux le répartir, mieux le former, mieux l'organiser. Et si ces fonctions coutent cher, c'est aussi qu'elles sont ankylosées par une couche d'administration et de bureaucratie, de métiers périphériques de soutien, restauration, etc. Bref, il n'y a pas d'économies à faire dans ces deux grands domaines stratégiques. Ce qui ne dispense pas d'améliorer l'organisation et l'allocation des moyens.

Transferts sociaux et aux entreprises : la vraie source d'économies

En fin de compte, ce sont bien sur les postes de transfert que l'Etat a le plus à gagner en termes d'efficacité. Mais la tâche doit être menée avec discernement. Dans la fonction affaires économiques notamment, qui comprend les charges d'intérêt, les subventions et le crédit d'impôt. La transformation du CICE (comptabilisé en dépense fiscale) en baisse de charges va déjà réduire mécaniquement de un point l'écart avec les autres pays. Mais il est clair que nos niches et subventions sont bien la contrepartie d'une fiscalité inefficace, dont on répare les excès à coup de subventions et aides diverses.

Il y aussi la question du soutien et de l'aide au logement, qui fait débat depuis longtemps, et est suspecté de favoriser la hausse des prix...

Reste enfin le principal, la protection sociale : de loin le plus gros poste en fonction du PIB (24,6%). Qualifier ces dépenses d'inefficaces est une question de dogme. Ce qui est certain en revanche, c'est que la France a fait le choix de l'assurance et de la sécurité. Et qu'à l'heure de la flexisécurité revendiquée, ce n'est pas là que se situe le principal gisement d'économies.

 >> Plus de vidéos sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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Commentaires 36
à écrit le 05/01/2018 à 12:23
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Xerfi aura bien mérité la gratitude de l'Etat et de ses fonctionnaires pour une défense aussi pertinente et documentée de la maitrise des dépenses des administrations et leur utilité absolue . c'est vrai qu'au regard de la performance de ces adminis...

à écrit le 04/01/2018 à 2:38
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C'est inutile, et même assez contre-productif, de "dégraisser" (raboter les budgets ou licencier des fonctionnaires). La progression la plus facile, cohérente et qui rapporte le plus est de rembourser la dette publique, qui coute tous les ans plus de...

le 04/01/2018 à 18:58
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Il faudrait surtout que nos fonctionnaires ou assimilés travaillent plus et avec efficacité. Ce qui n'est malheureusement pas le cas, comparé aux pays nordiques ou aux états unis. Dans ces pays, ils sont fiers et TRAVAILLEURS ! Savez vous qu'aux USA...

à écrit le 03/01/2018 à 23:53
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PERSONNE N A JAMAIS VOULUE FAIRE DES ECONOMIE DANS LE PUBLIC ? LA PREUVE EST LE NONBRE DE GIGANTESQUE DE BUREAUX QUI FAUT ENTRETENIR MEME LES BUREAUX EN DOUBLONS? LE NONBRES DE MACHINE QUE L ON CHANGE ALORS QUELLES SONT EFFICASSES ENCORE. DANS LES HO...

à écrit le 03/01/2018 à 23:05
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Quelle hypocrisie, il faut couper dans le subventionnement des labos pharmaceutiques à poudre de perlinpinpin dont 80% des medicaments sont inefficaces, c'est un scandale énorme. Là il y a un gisement d'économies...

à écrit le 03/01/2018 à 15:40
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Une solution parmi d'autres pour dégraisser l'Etat obèse : allonger la durée du travail de 3 heures. Sur 5 millions de postes seulement (je ne compte pas les emplois supérieurs), les 15.000.0000 d'heures ainsi gagnées hebdomadairement permettront de ...

à écrit le 03/01/2018 à 15:38
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Un solution parmi d'autres pour dégraisser l'Etat obèse : allonger la durée du travail de 3 heures. Sur 5 millions de postes seulement (je ne compte pas les emplois supérieurs), les 15.000.0000 d'heures ainsi gagnées hebdomadairement permettront de n...

à écrit le 03/01/2018 à 15:23
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Un solution parmi d'autres pour dégraisser l'

à écrit le 03/01/2018 à 14:50
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Jusqu’à preuve du contraire il y a un déficit et donc des intérêts de la dette qui sont inutilement gaspillés et de manière récurrente. Tout cela en parallèle (et non de concert) à des structures économiques soumises (elles) à une féroce concurrence...

à écrit le 03/01/2018 à 14:45
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Certaines administrations publiques se sont numérisé et bientôt les impôts seront prélevés à la source sur le bulletin de paye. Ces administrations se retrouvent avec une pléthoriques de fonctionnaires sans boulot que l'on paye à rien faire jusqu'à l...

à écrit le 03/01/2018 à 14:30
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En Alsace se trouve deux sous-préfectures sans usagers en sureffectifs dont l'une se trouve à 17 minutes d'une préfecture fréquentés mais en manque d’effectifs. Les fonctionnaires des sous-préfectures qui devraient être fermés et les agents relocalis...

à écrit le 03/01/2018 à 14:27
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Une bonne analyse pour une fois (c'est si rare de ne pas sombrer dans le jugement à l'emporte pièce). Outre les problèmes de processus (on ne maîtrise toujours pas bien les parcours de soin, on traite de 100 façons différentes les actes administratif...

à écrit le 03/01/2018 à 9:57
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.... a l'image de Larcher ...." gras dodu ...... mais qui ne s'est pas égaré par mégarde " ! Ceci dit pourquoi les "décideurs" scieraient-ils un morceau de la branche ou ils sont confortablement installés :il faudrait peut-etre les pousser ...

à écrit le 03/01/2018 à 7:58
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Il n'y a qu'une solution qui consiste à appliquer la note n°6 du CAE, avec une allocation universelle pour respecter l'équité. Qui le comprendra? Les Allemands et les Suédois appliquent ces dispositions et s'en portent très bien. Pourquoi pas nous?

à écrit le 02/01/2018 à 20:43
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Pour diminuer le poids de la fonction publique, il faut demander également au pouvoir législatif d'arrêter de pondre des lois à la petite semaine alors que l'on n'a pas pris le temps d'évaluer les précédentes, ensuite il faut que le citoyen lambda so...

le 03/01/2018 à 14:36
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Oui nous gagnerions beaucoup à simplifier mais malheureusement le prix à payer pour la démocratie est la complexification inutile, l'accroissement indéfini de l'entropie réglementaire car tous les corps intermédiaires veulent justifier ainsi de leur ...

à écrit le 02/01/2018 à 19:29
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Les services publics ne sont pas vraiment aux services des administrés . A partir de ce constat il serait déjà bien que cela le devienne , comment ? en formant les agents de la fonction publique à ce qu'ils prennent conscience que le rôle de l'admin...

le 03/01/2018 à 14:41
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Egalement en faisant des administrés des clients qui payent le service et sont donc fondés à râler et dans certains cas à choisir un autre fournisseur dans ce marché réglementé quand ça dysfonctionne. Ca n'empèche nullement de redistribuer de l'argen...

le 03/01/2018 à 18:09
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Ou bien chez Pole Emploi dans le sud-ouest, on vous répondra :" nous ne sommes pas votre maman, allez demandez de l'aide à vos soeurs, vos filles, vos nieces, vos cousines, vos voisines. " ou encore :" Hors attribution , hors compétence." "Dites-...

à écrit le 02/01/2018 à 19:29
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la france c'est 1% de la population mondiale et 15% des transferts sociaux! c'est assez inegalitariste face aux autres pays, et je propose qu'on reduise les inegalites! pour les impots, changer l'etat c'est une question de volonte, qui n'est pas la...

le 03/01/2018 à 14:43
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Le Danemark a beaucoup plus de transferts sociaux que la Roumanie (et largement autant que nous)...Pour autant je préfèrerais largement être danois plutôt que roumain.

à écrit le 02/01/2018 à 19:27
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Les services publics ne sont pas vraiment aux services des administrés . A partir de ce constat il serait déjà bien que cela le devienne , comment ? en formant les agents de la fonction publique à ce qu'ils prennent conscience que le rôle de l'admin...

à écrit le 02/01/2018 à 18:44
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L'article conclue fort prudemment sur l'opportunité de ne pas toucher aux modes de subventions électorales que sont devenues les soi-disant aides sociales dont le principe de conservation joue sur la peur de manquer en cas de besoin, de la part de ce...

à écrit le 02/01/2018 à 18:28
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Comparé à l’Allemagne (d’après france strategie) nous avons 4 points de pib de plus de dépenses - ce qui considèrent comme étant globalement en ligne. Sur le social 6 points de plus. Le constat est le même, ma conclusion est différente, il faut d’ab...

le 03/01/2018 à 14:46
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Comme expliqué dans l'article c'est largement un problème d'assiette. Nous les français, nous ne cotisons pas non plus à des fonds de pension alors il faut comparer ce qui est comparable...

à écrit le 02/01/2018 à 18:16
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Amen.

à écrit le 02/01/2018 à 17:36
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On ne peut pas tirer le dernier commentaire d'une phrase de 5 lignes... C'est bien de s'attaquer au sujet mais y répondre de cette manière, humm... Il faudrait toujours s'interroger sur les 24% : quel était le niveau il y a 20 ans ? il y a 10 ans ?...

le 03/01/2018 à 14:55
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Pour s'en sortir il faut regarder pays par pays le coût par unité d'œuvre de chaque service fourni en faisant abstraction des statuts des opérateurs qui les fournissent. Déjà on saura ainsi avec des indicateurs de qualité où on doit s'améliorer. Aprè...

à écrit le 02/01/2018 à 17:36
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A l'heure d'internet il faut TOUT numériser, avec pour chacun un compte unique où sont regroupés tous les papiers, fiches de paies, bourses, etc. Tout doit devenir automatique : tu gagnes tant tu as le droit à tant d'aides, tu dois tant d’impôts. Zér...

à écrit le 02/01/2018 à 16:26
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Intéressant mais le volet territorial n'est pas traité et ces structures ont un coût : pléthore de chargés de mission redondants, pléthore de petits fours et de cocktails, pléthores d'employés dont la fonction n'a rien d'indispensable au regard des b...

à écrit le 02/01/2018 à 16:08
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l’analyse est pertinente mais il manque toujours un aspect où la France est en retard par rapport aux meilleurs en Europe : la numérisation des flux internes des administrations et de la relation à l'usager. Ceci permettrai de rendre les administr...

le 02/01/2018 à 16:45
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sur quelles données tu te bases, notamment concernant l'Administration Electronique ? la France est dans le peloton de tête en matière de e-Government et d'open data, d'après l'OCDE (cf. articles "digital transformation of public service delivery" e...

à écrit le 02/01/2018 à 15:54
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la France est seulement 9e en Europe pour le ratio emploi public/population (Le Figaro, 17/03/2016). la France est seulement 7e de l'OCDE pour le rapport emploi public/emploi total avec un pourcentage de 21,4% (Government At A Glance 2017, OCDE). lo...

le 02/01/2018 à 17:56
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Et la France est championne d'Europe des prélèvements sociaux et fiscaux curieux vous ne trouvez pas?

le 02/01/2018 à 17:56
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Et la France est championne d'Europe des prélèvements sociaux et fiscaux curieux vous ne trouvez pas?

le 03/01/2018 à 15:06
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@Réponse de AGFX : Non la France n'est pas supérieure aux pays scandinaves (n'oublions pas la TVA à 25% dans ces pays) @AGFX : Vous n'avez que partiellement raison. La gestion française est perfectible à prestations identiques dans de nombreux domai...

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