L'extension du cercle de l'humanisme

LE "CONTRARIAN" OPTIMISTE. En dépit de la persistance des agressions et préjugés à l'égard de la communauté LGBT, cela au sein des sociétés du monde entier, d'importants progrès, qu'ils soient législatif ou sociétaux, ont été réalisés dans l'acception de ces différentes sexualité. Par Robert Jules, directeur-adjoint de la Rédaction.
Robert Jules
(Crédits : Regis Duvignau)

Même si les agressions et les préjugés à l'égard de la communauté LGBT restent d'actualité, les progrès réalisés dans l'acceptation de ces « différences » ont connu une accélération inédite à l'échelle historique depuis les années 2010. Rappelons qu'à la fin des années 1770, Jeremy Bentham(1748-1832), politique réformateur et père fondateur de la philosophie utilitariste, publie le texte Défense de la liberté sexuelle (1), où il réfute tous les préjugés contre les homosexuels « à une époque d'intensification de la répression des actes homosexuels », comme le rappelle dans sa postface le sociologue Christian Laval. Car, à l'époque, cette « antipathie sociale » menait au pilori ceux « qui avaient accompli un acte inoffensif du point de vue utilitariste » (qui vise le plus grand bonheur pour le plus grand nombre). Bentham expliquait cette situation « par l'influence pernicieuse sur l'opinion des "fraudeurs intellectuels professionnels" qu'étaient pour lui les hommes de loi et les membres du clergé ».

L'audace de Jeremy Bentham, qui ne voit pas au nom de quoi des individus se trouvent relégués à la marginalité sociale ou à la dissimulation, resta longtemps une exception. Pour autant, ceux qui ont depuis milité et lutté pour cette reconnaissance sont bien ses petits-enfants. Le progrès dans la reconnaissance des droits des individus dans toute leur diversité est d'abord un progrès de la raison contre les préjugés et les positions d'autorité dont la justification repose sur des bases fragiles. Mieux, cette reconnaissance a été inscrite dans les institutions. Un premier pas avait été franchi avec l'instauration du Pacs, et confirmé en 2013 avec la loi sur le mariage entre individus de même sexe. Ces avancées positives doivent également à l'épidémie du sida, qui dans les premières années, a fauché des milliers de jeunes individus dans la communauté homosexuelle au premier chef provoquant une prise de conscience et une empathie, en particulier au sein des familles de victimes.

Un monde plus tolérant

Si nombre de pays condamnent encore l'homosexualité au nom de valeurs découlant de la religion, rappelons que les États-Unis n'ont mis que douze ans pour passer de la suppression de la loi qui considérait l'homosexualité comme une infraction pénale à la garantie par la Cour suprême pour les couples de même sexe du droit au mariage. Et même si le président Donald Trump a largement démontré par ses propos qu'il est grossier, raciste et misogyne, on ne voit pas comment il serait possible de revenir en arrière. Un leader politique qui se présenterait aux élections en affichant un programme qui ne réserverait le droit de vote qu'aux hommes et assimilerait l'homosexualité à un comportement déviant ne pourrait pas réunir une majorité de suffrages. Aujourd'hui, certaines idées sont devenues indéfendables. Et le seul pays du monde où les femmes n'ont pas le droit de vote est le... Vatican.

Effet de la mondialisation et du brassage culturel, chaque génération apparaît plus tolérante que la précédente et nombre de préjugés tendent à disparaître au moins de l'espace public. C'est ce que pense Steven Pinker (Le Triomphe des Lumières, éd. Les Arènes, 2018, voir La Tribune du 29 février et du 25 janvier) : « S'il est de la nature du progrès d'effacer ses traces, et les militants ont tendance à oublier le chemin parcouru, on est surpris de voir que même s'il reste des injustices, contre lesquelles il faut inlassablement combattre, une certaine radicalité "chic" suggère que nous vivons toujours dans une société profondément raciste, sexiste et homophobe. Ce qui est factuellement faux. ». Même si le rapport annuel de SOS homophobie publié mardi pointait une hausse de 15 % des témoignages d'agression qu'il faut, comme le dit Pinker, « inlassablement combattre ». ¦

(1) Jeremy Bentham, Défense de la liberté sexuelle, Fayard/Mille et une nuits, 200

Robert Jules

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Commentaires 3
à écrit le 19/05/2019 à 17:24
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Si les humains seraient intelligents en restant concentrés sur leur vie et le non jugement d’autrui les gvts n’auraient pas besoin d’écrire dans la constitution «  la liberté d’être pour tous et toutes » Je peux pas comprendre que des gens puissent ...

à écrit le 19/05/2019 à 15:23
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Le sexe comme la religion sont de l'ordre de l'intime, aucun affichage ne doit être fait en public! Aucune législation discriminatoire ne doit être fait qu'elle soit positive ou négative! Chacun est responsable ou doit être mis sous tutelle d'une per...

à écrit le 19/05/2019 à 15:22
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Le sexe comme la religion sont de l'ordre de l'intime, aucun n'affichage ne doit être fait en public! Aucune législation discriminatoire ne doit être fait qu'elle soit positive ou négative! Chacun est responsable ou doit être mis sous tutelle d'une p...

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