IAAF Gate, la mafia Diack plus forte que le système Blatter

Jusqu'où iront les dérives du sport professionnel? Par Jean Christophe Gallien, Professeur associé à l'Université de Paris 1 la Sorbonne

On oserait presqu'écrire que les acteurs du Fifagate sont des apprentis cambrioleurs. Pris la main dans le sac de billets, Lamine Diack, à la tête de l'Association internationale des fédérations d'athlétisme (IAAF) , et d'autres, qui se goinfraient impitoyablement depuis Monaco, c'est le très haut niveau ! Si les faits décrits depuis des semaines par les médias et désormais par l'Agence Mondiale Anti Dopage sont avérés, il s'agit là de grand banditisme en bande organisée ! Dealers de silence, proxénètes de la dope, blanchisseurs ... , sous peine d'exclusion pour dopage, à la veille de grandes compétitions, une véritable mafia pilotée par l'ancien président de la Fédération internationale, le Sénégalais Lamine Diack aurait racketté des athlètes qui se dopaient en les menaçant de tout révéler.

Corruption de gouvernance et corruption en compétition

Gouvernants élus et grassement rémunérés pour leur responsabilité première qui était de protéger leur sport et ses athlètes, ces tristes personnages avaient intégré, dans un système inédit, les deux niveaux de corruption qui dominent dans le sport : la corruption de gouvernance et la corruption en compétition.
Nouvelle époque ! Les « usages » moins onéreux et à la géographie plus réduite d'un passé révolu semblent s'industrialiser et se généralisent ! Une tendance qui s'intensifie à la confluence de phénomènes plus larges et de leurs dérives. Celle de la Mondialisation et des dérives du capitalisme mondialisé et celle d'un Monde devenu multipolaire et qui voit émerger de féroces appétits de puissance géopolitique et économique depuis de nombreux pays.

Un Monde d'affrontements permanents

Ce Monde est un Monde d'affrontements permanents pour tout et partout. Le Sport, ses athlètes, ses dirigeants et leurs partenaires ne peuvent vivre en dehors de ce contexte guerrier et de ses dérives qui touchent désormais toutes les activités humaines ou presque. L'actuel scandale Volkswagen n'est qu'un événement parmi une liste qui se nourrit en permanence.
Dans ce Monde nouveau le Sport est à la fois une victime révélatrice parfois complice, un bouc-émissaire rédempteur très aisé et une formidable place de marché business et géopolitique. Une place de marché ou une véritable bourse qui s'emballe et un piège qui se referme sur cet espace vulnérable à toutes les cupidités ou pire tous les banditismes économiques et politique contemporains.

Les marques se battent pour s'offrir les meilleurs athlètes, clubs, sports ou événements et leurs audiences et réputations. Les athlètes et les clubs doivent gagner les compétitions et battre les records pour continuer à les séduire. Leurs différents sports jouent des coudes pour occuper le plus d'espace, accroître leurs audiences qui leur permettent de vendre plus cher leurs compétitions sur lesquelles les médias enchérissent sans cesse pour obtenir les droits audiovisuels dont ils vont dealer l'audience publicitaire à d'autres marques.

Des pays eux aussi, dont nous sommes, entrent dans cette course folle, comme les marques s'affichent parfois sur des maillots ou sont prêt à tout pour organiser des compétitions - Coupe du Monde, Jeux Olympiques ... - et les gagner. Et nous, nous payons pour nous shooter de ce spectacle du sport mondialisé, dans des arènes sportives vendues au naming et devenues de vrais centres commerciaux, ou le plus souvent devant les nombreux écrans ultramarkétés de l'entertainment audivisuel et digital eux-mêmes goinfrés de ce contenu sportif finalement peu cher et ultra rentable.

Le "fast trading" des joueurs

Pour tous et parfois même pour nous lorsque nous gagnons aux paris - officiels ou non - qui bouclent désormais la boucle de la vampirisation holistique du sport contemporain.
Point positif, les affaires finissent désormais, le plus souvent, par être révélées, on pourrait en conclure que le sport moderne sait se « nettoyer » et progresser vers des lendemains plus protecteurs. Oui mais comme avec l'innovation en matière de dopage, la créativité semble sans cesse vivifier cette place de marché et ses dérives systémiques. Ainsi le Football y compris en France tolère le « fast trading » de joueurs devenus une matière transformée qu'on achète et que l'on revend très vite sans lien aucun avec l'enjeu sportif. Il accepte aussi la multipropriété desdits joueurs comme d'autres achètent et revendent des pattes de chevaux de course ...

*CEO de ZENON7 Public Affairs et Président de j c g a
Membre de la SEAP, Society of European Affairs Professionals

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Commentaires 6
à écrit le 13/11/2015 à 8:54
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et ceci n'est rien quand la bulle formule 1 vas exploser voir les sommes dut a lotus et jamais verse et au chantage pour obtenir un grand prix y compris la fia qui a abandonne son pouvoir d'organisation

à écrit le 11/11/2015 à 3:19
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Changeons la donne, puisque le sport est devenu spectacle, laissons faire. Le cirque sportif serait plus spectaculaire avec des coureurs mutants quadrupedes contre les rampeurs mille pattes. Les humains bipedes n'interessent plus personne.

à écrit le 10/11/2015 à 16:42
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Non seulement le sport est une métaphore du capitalisme moderne mais il est plus proche de Corleone ou de Chicago que d'Olympie ou Athènes !

à écrit le 10/11/2015 à 11:32
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LOL pour l'article!Alors on découvre que les oligarques russes investissent dans le foot pour la beauté du sport?Que les rugbyman ne se dopent pas et qu'ils ont un physique de monsieur tout le monde.Que les joueurs de tennis ne se dopent pas mais qu'...

à écrit le 10/11/2015 à 10:40
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D'accord sur le constat. Oui, "ce Monde est un Monde d'affrontements permanents pour tout et partout". Mais, est-ce nouveau? Par le passé, les affrontements prenaient la forme de guerres "chaudes". Aujourd'hui, les conflits sont le plus souvent "froi...

à écrit le 09/11/2015 à 23:56
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C'est ainsi pour tout le sport mondialisé ! Je ne regarde aucun match, aucune compétition, et jamais les jeux olympiques..... mais je connais Jean-Marie Brohm .

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