La sortie de crise impose de rénover nos logements

TRIBUNE. La rénovation est la clé de la relance rapide de l'industrie immobilière, l'action attendue à grande échelle par nos aînés ainsi que la meilleure réponse au dérèglement climatique. Par Philippe Pelletier, Président du réseau d'acteurs publics et privés Plan bâtiment durable.
Philippe Pelletier.
Philippe Pelletier. (Crédits : DR)

Il y a six mois dans ces colonnes, j'appelais de mes vœux une transformation profonde de notre vision immobilière, en plaidant pour que la rénovation des bâtiments existants soit la grande affaire de ce vingt et unième siècle. Et voilà que la crise sanitaire, économique, sociale nous a envahis au point de rendre nécessaire de réinterroger mon propos d'hier : est-ce toujours le bon choix pour notre société ?

Lire aussi : Rénovation des bâtiments : le gouvernement planche sur un plan de relance

La clé de la relance rapide de l'industrie immobilière

Trois raisons au moins confirment, plus que jamais, que cette voie doit être privilégiée. La rénovation est d'abord la clé de la relance rapide de l'industrie immobilière qui a été mise à l'arrêt pendant près de trois mois ; réactiver vite la machine, fournir du travail partout sur le territoire à toute la chaîne de l'artisanat du bâtiment, adapter les locaux aux nouvelles règles sanitaires, apporter une réponse immédiate à tous ceux qui ont, durant le confinement, eu le temps de repérer les améliorations à apporter à leur logement, tout désigne la rénovation des bâtiments comme le terrain privilégié de la relance.

La rénovation est ensuite l'action attendue à grande échelle par nos aînés : l'épreuve de la vie confinée en résidence collective, comme le risque vécu en Ehpad ont convaincu beaucoup de seniors que le maintien à domicile peut être, chaque fois qu'il est possible, la bonne solution. Mais elle n'est alors acceptable que si elle s'accompagne de l'adaptation du logement au vieillissement et au handicap : remplacer la baignoire par une douche, descendre au rez-de-chaussée du pavillon la chambre située à l'étage, réaménager en pièce habitable le garage désormais inutile... autant de gestes simples qui évitent la désorientation que suscite souvent le déménagement et, aux dires de gériatres, prolonge la vie. Il restera alors, pour nos collectivités à retisser des services de proximité et, pour les établissements de santé à développer l'Ehpad à domicile.

Lire aussi : Trois leçons à tirer de la crise des EHPAD face au COVID-19

 
La rénovation de l'existant est enfin la meilleure réponse au dérèglement climatique : lutter contre la précarité énergétique et embarquer la performance énergétique dans ces travaux d'adaptation des logements, c'est accroître le reste-à-vivre et le confort des ménages ; réduire les émissions de gaz à effet de serre, c'est maîtriser notre empreinte environnementale et tenter de laisser à nos enfants une planète en ordre de marche.

Le chemin de la raison est celui du recyclage des bâtiments existants

Mais j'entends ces grands professionnels qui prônent la construction parce que c'est le désir des Français d'habiter un logement neuf et, accessoirement, parce qu'ils la maîtrisent si bien : les architectes aiment créer à partir d'une feuille blanche, les promoteurs souhaitent éprouver gabarits, formes et matériaux, les bureaux d'études apprécient de développer leurs calculs à partir d'un projet, les assureurs y trouve un terrain au risque mesuré, les banquiers y appliquent leurs ratios prudentiels de financement, etc.

Et pourtant, il nous faut collectivement secouer nos habitudes et changer notre regard immobilier : il n'est plus supportable que nous continuions à artificialiser les sols qui se transforment en torrent à chaque pluie intense, ou à accepter des démolitions inutiles dont le bilan carbone est exécrable.

Le chemin de la raison, qui n'est pas le plus tranquille, est celui du recyclage des bâtiments existants, qui porte en lui une mutation profonde de la filière du bâtiment et de l'immobilier : la réhabilitation urbaine, réalisée dans tant de villes moyennes, a montré combien des quartiers entiers pouvaient être transformés et devenir attractifs.

Lire aussi : Déconfinement: les villes moyennes vont-elles (enfin) prendre leur revanche ?


Il n'y a aucune fatalité qui empêche notre désir d'habitat de se modifier radicalement : hier, nous voulions quitter la ville inhospitalière ou nous recherchions un logement neuf parce qu'aucune alternative désirable nous était offerte : gageons que si les professionnels du neuf s'attellent demain pour de vrai à la rénovation des bâtiments existants, menée de pair avec le revitalisation du tissu urbain, nous trouverons plaisir et intérêt à occuper ces espaces rénovés !

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 08/06/2020 à 11:38
Signaler
Le bon sens l'imposerait car profitant à beaucoup plus d'acteurs du réel et donc enrichissant l'économie et non les paradis fiscaux mais la cupidité de la finance le rejette en bloque or en UE c'est la cupidité de la finance qui gère tout ayant total...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.