Rénovation : Effy interpelle le gouvernement, le ministre du Logement répond

Le leader de l'accompagnement à la rénovation énergétique, Effy, considère que cette dernière doit être un chantier prioritaire de la relance. Sollicité par La Tribune, le ministre de la Ville et du Logement, Julien Denormandie, répond à son président Frédéric Utzmann.
César Armand
(Crédits : Andrey Popov - Fotolia.com)

Pendant le confinement, il était compliqué pour les artisans et les petites entreprises du bâtiment d'entrer chez les particuliers. Certains refusaient, d'autres reportaient voire annulaient par peur de manque de moyens financiers ou par volonté d'épargner. C'est le constat que dressait dans La Tribune Patrick Liébus, le représentant de ces sociétés, .

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"L'enjeu des prochaines semaines est de rassurer pour pouvoir faire des travaux tout en respectant les protocoles" déclare ce 19 mai Frédéric Utzmann. "Il y a un mois, nous avions senti une appétence: jusqu'à 60% de nos clients se disaient prêts pour une visite technique ou un chantier", assure le président d'Effy, leader de l'accompagnement à la rénovation énergétique (500.000 particuliers en 2019).

Après avoir vendu en 2019 ses activités business-to-business (collectivités et industriels) pour dégager des moyens financiers, cette société s'est recentrée, en 2020, sur ses clients particuliers. Elle met ainsi en relation les parties prenantes, audite 10 à 20% des chantiers et apporte une garantie décennale en plus de celle de l'entreprise générale du bâtiment.

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"Donner davantage d'armes et de leviers aux particuliers"

L'an dernier, auprès de La Tribune, Frédéric Utzmann s'était engagé à "donner davantage d'armes et de leviers" aux ménages dans la réception des travaux. Six mois plus tard, le président dit avoir déployé un procès-verbal de réception sur les travaux d'isolation à 1€. "Des points sont validés par le particulier de même que des points de vigilance par le professionnel, qui doit d'ailleurs les prendre en photo, comme l'écart au feu d'une cheminée", précise le président d'Effy.

L'entreprise référence en outre ses artisans partenaires, c'est-à-dire qu'elle analyse leur qualification technique, leur solidité financière via une société de notation spécialisée et les avis des particuliers, d'abord en réputation numérique puis en avis vérifiés sur déclaration des clients.

Frédéric Utzmann avait également promis d'appeler les organismes certificateurs Qualibat et Qualit'EnR (énergies renouvelables, Ndlr) qui délivrent le label "Reconnu garant de l'environnement" (RGE) à rendre publiques leurs grilles d'évaluation. Depuis, ils ont rendu "publics certains points de leurs référentiels pour que les particuliers puissent réceptionner les travaux. Le gouvernement a repris le sujet à son compte", assure-t-il encore.

La rénovation, un chantier prioritaire de la relance ?

Le patron d'Effy estime désormais que "la rénovation doit être un chantier prioritaire de la relance", ne serait-ce qu'en raison "des emplois localisés et non-délocalisables, des économies qui dégagent du pouvoir d'achat et réponse aux objectifs climatiques français et européens".

A court-terme, il appelle à faire fonctionner l'éco-prêt à taux zéro. "Ca n'a pas décollé, alors que ça peut solvabiliser la demande et financer les restes à charge, en particulier des plus modestes grave au fonds de garantie spécifique qui y est attaché", estime-t-il.

De même qu'à moyen-terme, il plaide pour le fléchage des crédits d'impôt liés à l'amélioration des logements des propriétaires-bailleurs vers l'amélioration énergétique et non vers l'amélioration esthétique. "Ca peut faire baisser les charges de copropriété", insiste Frédéric Utzmann.

Enfin, à long-terme, il considère qu'il faudrait donner une meilleure visibilité sur les dispositifs d'aide et de subvention. "On sait d'expérience qu'il faut entre 6 et 12 mois de concertation avant de déterminer leur avenir... Or, leur visibilité actuelle s'arrête en 2021 ou 2022 au maximum".

"L'environnement doit être une priorité qui guide les autres" (Denormandie)

Au même moment ce 19 mai, le ministre de la Ville et du Logement Julien Denormandie, le président de la Confédération des artisans et des petites entreprises du bâtiment (CAPEB) Patrick Liébus et la directrice générale de l'Agence nationale pour l'habitat (Anah) se sont rendu sur un chantier de rénovation énergétique à Mainvilliers.

En marge de ce déplacement, le représentant du gouvernement Philippe a bien voulu réagir à chaud aux propositions d'Effy.

"Il est évident que la relance doit prendre en compte de manière encore plus forte les aspects de transition écologique et les enjeux sociaux. L'environnement doit être une priorité qui guide les autres. Et chacun doit pouvoir être acteur de cette reprise, y compris les plus modestes. Le bâtiment est au cœur de ces enjeux. C'est tout l'objectif du dispositif MaPrimeRenov", écrit à La Tribune le ministre de la Ville et du Logement.

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"Pour donner vraiment accès à la rénovation aux ménages les plus modestes, nous avons transformé le crédit d'impôt transition énergétique en prime, l'aide est plus attractive et est versée peu après les travaux alors qu'il fallait attendre plus d'un an auparavant. L'Anah a débuté les versements début avril, comme prévu, malgré le confinement. Auparavant, les ménages les plus modestes recourraient très peu aux aides : 10% du crédit d'impôt pour la transition énergétique (Anah) seulement était versées aux 50% des ménages plus modestes. Nous avons changé cela et prévoyons une meilleure répartition de MaPrimeRenov : 50% des aides pour les 50% de ménages les plus modestes ; 20% pour les 20% les plus aisés. En complément, le dispositif Habiter Mieux de l'ANAH, qui permet de financer des rénovations lourdes pour les ménages modestes, a été également renforcé", poursuit Julien Denormandie.

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En réponse à la proposition de moyen-terme de Frédéric Utzmann, le ministre considère aussi qu'avec ces réformes, "nous nous assurons également que les aides vont vers l'amélioration énergétique et non l'esthétique, ce qui était un défaut du CITE".

"Pour les propriétaires bailleurs, le dispositif fiscal Denormandie dans l'ancien encourage vivement la rénovation énergétique en particulier pour redynamiser les centre-ville et lutter contre les logements vacants. Alors que la crise sanitaire a renforcé l'attachement des Français à leur territoire, ce dispositif, qui a été simplifié en début d'année, se montre encore plus pertinent et j'invite tous les investisseurs à s'en emparer", dit-il encore.

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César Armand

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