Le Brexit, c'est la démocratie

Le Brexit serait une véritable remise en cause du pouvoir économique de la finance en Europe. Par Michel Santi, économiste

Le Brexit n'est pas qu'une consultation électorale qui décidera d'une éventuelle sortie britannique de l'Union. Les enjeux sont autrement plus sérieux - et critiques pour certains - que l'aspect relativement anecdotique d'un pays qui n'avait jamais réellement intégré l'Europe. En dépit de ce qui est stigmatisé par les « remainer » - le Brexit n'est pas non plus un référendum pour ou contre l'immigration et assurément contre les étrangers. Non, le Brexit est fondamentalement un vote pour ou contre la technocratie bruxelloise néolibérale ayant progressivement transformé l'Europe en une citadelle du mercantilisme.

Face aux abus des multinationales

En effet, le 23 juin prochain, les citoyens britanniques s'exprimeront démocratiquement pour remettre au pas ces élites économico-financières qui s'accommodent parfaitement bien d'un chômage des jeunes cataclysmique, mais qui réagissent de manière offusquée et effarouchée dès lors que leurs privilèges sont questionnés. Le débat - le vrai - n'est effectivement pas tant de savoir si l'ilot britannique va se déconnecter du continent que si les citoyens de ce pays - et par delà les européens - vont enfin décider de recouvrer leurs droits face aux abus des multinationales, de l'hégémonie des banques et des accords secrets négociés hors de tout cadre démocratique. Le résultat de ce scrutin du 23 juin dépasse donc très largement le cadre britannique et même européen car il s'agira - à travers ce vote de défiance -  de rejeter sans équivoque cette globalisation qui devient malsaine car elle ne profite qu'aux plus nantis. Honnir ce transfert de richesses institutionnalisé et pérennisé par l'Europe telle que constituée depuis Maastricht.

 Le chantage des banquiers

Rétablir l'équilibre démocratique honteusement confisqué par des élites peu scrupuleuses après des votes de défiance successifs de la France et des Pays-Bas en 2005 et de l'Irlande en 2008. Déposséder les méga-banques de leurs pouvoirs contre-nature. Voilà les authentiques enjeux de ce référendum qui fait trembler - on le comprend bien - l'intelligentsia globale sur le point de se liquéfier à la menace de ce Brexit qui signera le véritable chant du cygne de sa domination. Pourquoi croyez-vous que Jamie Dimon, grand patron de JPMorgan, se soit donné la peine de visiter sa succursale londonienne pour menacer ses salariés de perte de leur emploi en cas de Brexit, après celui de Citigroup ayant lui aussi proféré un tel ignoble chantage ?

 D'ores et déjà, ces colosses tremblent sur leurs fondements subitement hyper fragilisés par la perspective du Brexit. L'action de Deutsche Bank n'est-elle pas à son plus bas historique et les capitalisations des banques occidentales n'ont-elles pas perdu près de 50% depuis que cette menace frontale adressée au néolibéralisme qu'est le Brexit semble envisageable et palpable à un univers habitué à régner sans partage et sans remise en question ? Avec le Brexit et grâce à lui, les peuples reprendront la main sur leur destinée politique et économique.

 Espérons que, par son vote, le peuple de Grande Bretagne mette fin au déni de démocratie, marque de fabrique de l'Europe depuis une vingtaine d'années.

 Michel Santi est macro économiste, spécialiste des marchés financiers et des banques centrales. Il est fondateur et Directeur Général d'Art Trading & Finance.

Il est également l'auteur de : "Splendeurs et misères du libéralisme", "Capitalism without conscience", "L'Europe, chroniques d'un fiasco économique et politique" et de "Misère et opulence", préface rédigée par Romaric Godin.

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Commentaires 27
à écrit le 24/08/2016 à 18:29
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"En effet, le 23 juin prochain, les citoyens britanniques s'exprimeront démocratiquement pour remettre au pas ces élites économico-financières qui s'accommodent parfaitement bien d'un chômage des jeunes cataclysmique, mais qui réagissent de manière o...

à écrit le 20/06/2016 à 18:08
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enfin un article courageux à contresens de la pensée unique anti-brexit ; après avoir promis peste et famine la presse nous offre un moment de lucidité sous la plume avisée de michel santi

le 20/06/2016 à 19:29
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Sans aucun doute et c 'est bien cette divergence éclairée qui honore ce journaliste ..

à écrit le 20/06/2016 à 17:21
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On parle du peuple comme d'une entité compétente et éclairée alors que ce n'est qu'une vague d'émotions. Si le RU sortait de l'UE, il perdrait des privilèges en Europe et serait confronté seul à la mondialisation. Il perdrait en stabilité. On y inves...

le 20/06/2016 à 19:00
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Votre vision de la démocratie est plutôt élitiste! Les experts sont a mettre sur un piédestal!? La mondialisation n'est nullement le but suprême!! Le constat va plutôt a la relocalisation et au pragmatisme et non au dogme universel!

le 20/06/2016 à 19:11
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alors que nos élites Bruxelloises sont toutes à fait compétentes et éclairées...

le 20/06/2016 à 19:11
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alors que nos élites Bruxelloises sont toutes à fait compétentes et éclairées...

à écrit le 20/06/2016 à 17:05
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lire ce titre , au dessus de votre visage. savoir que cet article est lu dans le Thalys le meilleur moment de la journée

à écrit le 20/06/2016 à 17:00
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Ecrire que c'est à cause d'un possible Brexit que les banques (et surtout la DB) sont au tapis, c'est un peu osé.... Cordialement

le 21/06/2016 à 8:06
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C'est un peu le nuage de criquets qui vient s' abattre pour tout dévorer !

à écrit le 20/06/2016 à 16:21
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Pour moi quand on voit un tel déferlement presse économistes politiques avoir aussi peur du brexit, je me dit qu'il y a plus qu'un lièvre dessous, On vivaity bien sans avant l'euro et l'europe n'entrainant que misère et chomage... Qu'on me prouve le ...

le 20/06/2016 à 18:14
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1 ere guerre mondiale, crise de 29, 2 eme guerre mondiale, mai68 etc etc etc Par ailleurs, allez voir à quelle date sont rentrés les Britanniques dans la CEE et leur situation économique de l'époque... manque de bol pour eux et nous, quelques années...

à écrit le 20/06/2016 à 15:48
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Il faut espérer que l'extraordinaire similitude de l'assassinat de la députée britannique Jo Cox avec celui de la ministre suédoise Anna Lindh donnera les mêmes résultats le 23 juin 2016 au Royaume-Uni que le 14 septembre 2003 en Suède : à savoir que...

à écrit le 20/06/2016 à 14:35
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toujours admirative de vos articles très courageux à l'heure où les détracteurs du néolibéralisme sont taxés d’extrémistes populistes. Il est important de réinventer la démocratie en Europe volée par la caste des profiteurs de la finance et des mult...

le 20/06/2016 à 19:26
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Ils tiennent tous les médias et censurent toute opinion divergente, ça rentre comme dans du beurre et c' est en marche pour rejoindre l' ex Urss !

à écrit le 20/06/2016 à 13:57
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La finance et les flux financiers générés par la globalisation, le Royaume-Uni en vit, il ne vit même presque que de ça, en tout cas bien plus que de la production de Stilton ou de Cheddar. Même sorti de par sa volonté de l'UE, le Royaume-Uni n'aura ...

le 20/06/2016 à 17:40
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Au contraire, c'est bien l'oukase de l'UE avec le traité de Maastricht en 1992 qui a imposé 5 critères dont celui de la dette publique < à 6O % du PIB . Bilan : la grande majorité des 27 pays ne respectent pas ces critères de l'Europe austéritaire ...

le 21/06/2016 à 11:15
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@Alberto : 3% de déficit en régime permanent, c'est BEAUCOUP trop, les critères de Maastricht sont trop laxistes. Et ça conduit à une dette non maîtrisable. On peut très bien admettre un déficit supérieur à 3% du PIB certaines années s'il y en a d'au...

à écrit le 20/06/2016 à 13:31
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mouai, je suis à 2 doigts de sortir ma baionnette et mon bonnet frigien...Qui a voulu d une Europe mercantiliste, sans pouvoir légitime car on ne veut surtout pas lui donner de légitimer démocratique totale et qui a, si ce n'est imposé, inspiré le né...

à écrit le 20/06/2016 à 13:21
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10% du PIB britannique, c'est le poids de la finance, on imagine bien que les électeurs pro-Brexit n'imaginent pas tuer cette poule aux oeufs d'or . Autrement dit, en Brexitant, le Royaume-Uni se tire une balle dans le pied, d'autant plus qu'il a déj...

à écrit le 20/06/2016 à 12:07
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fichtre vous, vous n'avez pas du discuter avec bcp de britons en general, et d'anglais en particulier! en 2012 vous auriez sans pudeur ecrit que le vote n'etait pas contre sarkozy, mais bien pour hollande! bon, faut oser, des fois, l'intox, ca paye...

à écrit le 20/06/2016 à 12:05
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Merci pour cet article très juste

à écrit le 20/06/2016 à 11:44
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J'ai bien peur que la propagande médiatique au service de ces mêmes élites et banques réussissent à faire peur aux citoyens britanniques. Sans oublier la même propagande sur la catastrophe à longueur de nos propres médias nationaux.------------------...

le 20/06/2016 à 13:35
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"Propagande médiatique"... mais laquelle ? Aucun argument pro-brexit ne résiste à une analyse rationnelle de ses tenants et aboutissants et relèvent du pur sophisme, or les medias ne font pas cette analyse qui relève pourtant de leur devoir. Ils fon...

le 20/06/2016 à 15:13
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Mon cher bruno, je prenais la propagande médiatique en général du point de vue économique, et en effet sans me focaliser sur l'un des points "négatifs" mis en avant par les anti brexit, à savoir l'immigration. Car les pro UE ont tendance, faute d'arg...

le 21/06/2016 à 11:32
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@ATLEE : on n'arrêtera pas le train de la mondialisation, pour une raison très simple, elle n'est pas le fait de quelques affreux idéologues bruxellocrates mais tout simplement du progrès technique, progrès des télécoms, des systèmes logistiques, des...

à écrit le 20/06/2016 à 11:19
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Je ne peut qu'être d'accord avec cet article qui résume les enjeux! La finance a les moyens que les peuples non pas, et peut se permettre n'importe quelle manipulation pour garder ce pouvoir!

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