Nicolas Hazard : « Enclencher une dynamique collective »

Saint-Bertrand-de-Comminges, Haute-Garonne, 250 habitants. Un piton rocheux dans un écrin de verdure, foulé par les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle. 2.000 ans d'histoire, des civilisations qui s'y sont succédé et aujourd'hui un grand site de la région Occitanie, inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco. Un des plus beaux villages de France, à en faire pâlir Stéphane Bern. Mais la principale richesse de ce territoire rural, ce sont avant tout ses habitants, à commencer par sa première magistrate, la pétillante maire-entrepreneure, Marie-Claire Uchan.
Pour Nicolas Hazard, fondateur d'Inco, dessiner un futur où se réconcilient local et global, territoires et métropoles.
Pour Nicolas Hazard, fondateur d'Inco, "dessiner un futur où se réconcilient local et global, territoires et métropoles". (Crédits : INCO)

 À l'instar de milliers d'autres maires ruraux, elle jongle entre vie professionnelle et vie municipale, un sacerdoce au service de sa cité et de ses concitoyens. Elle se bat chaque jour pour ce territoire unique qui, malgré ses atouts et son potentiel incomparables, subit de plein fouet la fracture numérique, la désertification des services publics et l'implacable loi de la carte du regroupement scolaire.

Un monde inclusif et durable

C'est au coeur de cette réalité que se sont plongés, pour la deuxième année consécutive, les participants à The Village. Cet événement unique rassemble plus de 200 personnalités, issues d'horizons très divers (acteurs académiques, politiques, entrepreneurs, artistes...), venus partager la vie des habitants de cette commune. Ensemble, ils élaborent des solutions réelles et crédibles pour réenchanter la cohésion des territoires et inventer des alternatives pour un monde inclusif et durable.

La méthode : enclencher une dynamique collective, donner aux acteurs les moyens de définir leurs besoins et les accompagner sur le territoire. Une intuition partagée par l'écrasante majorité des Français qui considèrent que c'est à l'échelle locale que l'on réussira à répondre aux grands enjeux économiques, sociaux et environnementaux (plus de 8 Français sur 10, une conviction encore plus forte chez les 18-29 ans).

De nombreuses actions dans les territoires dits « périphériques » sont déjà quotidiennement menées par des femmes et des hommes engagés. Un des enjeux est également de faire grandir leurs initiatives et de les disséminer partout où cela est nécessaire.

Mieux se nourrir

Le débat qui a peut-être le plus passionné pendant ces deux jours a eu trait à l'agriculture et à l'alimentation. Thierry Marx, le parrain de cette édition de The Village, a rappelé l'enjeu crucial de mieux se nourrir tout en respectant l'environnement, les produits et ceux qui les font. Autour de lui, les participants ont appelé de leurs voeux la création d'un système de notation national des produits autour de trois axes (la qualité nutritionnelle, l'impact environnemental/social et la répartition de la valeur) pour faire du consommateur un acteur du changement. Parallèlement, l'éducation étant la mère de ce nouveau paradigme, il a été affirmé comme prioritaire que soient données dès la maternelle à tous les enfants les bases d'une alimentation saine et durable, avec une éducation aux produits, au goût et à la cuisine.

L'énergie, et plus globalement la transition écologique, ont bien sûr occupé une place prépondérante lors de ces rencontres. Tant de choses à construire : commencer par donner les moyens aux habitants des territoires de se regrouper autour de coopératives d'énergies pour produire une électricité en « circuit court », sensibiliser aux enjeux écologiques à tous les âges de la vie, et créer des mobilités à la fois durables et accessibles à tous, y compris dans le Comminges...

S'approprier les outils numériques

Alors que l'on parle déjà de la 5G, c'est l'impérieuse nécessité d'accélérer la couverture mobile et Internet partout en France qui a été constatée, certains proposant de modifier les critères de définition des zones blanches en lien étroit avec le vécu des citoyens. Et pour permettre l'appropriation des outils numériques, notamment par les personnes les moins connectées, d'autres ont souhaité la création de « places de village numériques » ou de fonction d'« écrivain public du numérique ».

Ce besoin de relier les territoires, de combattre cette fracture qui peut parfois être ressentie si violemment, demande une ambition et un volontarisme forts. À l'heure où les outils digitaux permettent des réponses sur-mesure, pourquoi ne pas créer un site monterritoire.gouv.fr qui offre à chaque citoyen la possibilité de définir son bouquet de services publics ?

Comme l'a écrit Paulo Coelho, « le futur a été créé pour être changé ». The Village offre l'opportunité de dessiner un futur en commun, où se réconcilient local et global, territoires et métropoles. Il appartient aujourd'hui à tout un chacun de répliquer ce type d'initiative, car c'est sans nul doute de l'intelligence collective que naîtra ce monde désiré. À Saint-Bertrand-de-Comminges comme partout ailleurs.

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