
La méthode la plus simple à mettre en œuvre pour des particuliers qui désirent tendre vers l'autonomie énergétique consiste à produire sa propre électricité à l'aide de panneaux photovoltaïques disposés sur le toit d'un bâtiment. Ce type d'installations a l'avantage de ne pas artificialiser les sols, ce qui serait un comble pour des personnes voulant se reconnecter avec la nature. Cerise sur le gâteau, le temps de retour carbone des panneaux photovoltaïques actuels, c'est-à-dire le temps nécessaire au remboursement de la "dette" carbone émise sur l'ensemble du cycle de vie des panneaux grâce aux émissions qu'ils permettront d'éviter, est de trois ans pour une durée de vie estimée à trente ans.
Sur le plan financier, l'équipement des maisons individuelles est d'ores et déjà une affaire rentable car des aides à l'installation existent. Après amortissement de l'installation, les panneaux photovoltaïques rapportent 100% de bénéfices pendant de nombreuses années. La possibilité, pour les propriétaires qui produisent leur propre électricité, de vendre leur surplus sur le réseau, couplée à l'innovation de certains assureurs qui couvrent désormais ces matériels, ainsi qu'un éventuel manque à gagner dû à leur arrêt (Allianz, AXA...) permettent de sécuriser l'investissement initial. Certains, comme le néo-assureur Friday, ne conditionnent même pas une telle couverture à la souscription d'une option supplémentaire, elle est automatiquement intégrée dans l'assurance habitation de base. Preuve de la démocratisation de cette solution énergétique, qui s'invite de facto dans les polices d'assurance.
Si les premières installations photovoltaïques étaient fort onéreuses et peu performantes, les progrès réalisés ces dernières années peuvent ainsi être qualifiés de révolution technologique. Selon le très sérieux rapport sur l'évolution de l'énergie dans le monde publié par l'entreprise norvégienne DNV, le coût de production de l'électricité solaire s'est effondré : nous sommes passés de 0,20 euro/kWh en 2010 à 0,04 euro/kWh aujourd'hui ! Soit une division par cinq en treize ans. Et ce n'est pas fini puisque le rapport prévoit un coût de production de 0,02 euro/kWh en 2050.
Le coût moyen de production est donc actuellement de 0,04 euro/ kWh (0,07 euro avec système de stockage) alors que le tarif EDF est de 0,23 euro/kWh... Les atouts du solaire sont indéniables, en particulier la possibilité de s'émanciper des fluctuations des cours de l'électricité. Précisons tout de même que les coûts de production présentés dans cette étude sont des coûts moyens constatés en Europe toutes installations confondues, y compris les installations industrielles. Le prix moyen du kW installé retenu dans cette étude est de 922 euros, ce qui est largement inférieur aux prix constatés pour les particuliers en France.
Pourtant, en dépit de tous ces avantages, une seule maison française sur cinquante est équipée de panneaux photovoltaïques, contre une sur quatre aux Pays-Bas. La France est très en retard par rapport à ses voisins européens, et ce malgré un potentiel de production d'électricité photovoltaïque sans artificialisation gigantesque, de l'ordre de 15 à 20 millions de maisons individuelles.
Comment expliquer un tel retard ?
Ce retard s'explique en grande partie par les maux classiques qui accablent notre pays : un manque d'agilité de la part de l'État et des réglementations qui confinent parfois à l'ubuesque. En effet, l'Éducation nationale ainsi que les organismes de formation n'ont absolument pas anticipé les besoins d'installateurs qualifiés de systèmes solaires. Il y a donc une pénurie de formations et de formateurs qui conduit fort logiquement à une pénurie d'installateurs qualifiés. Les prix des prestations d'installations de systèmes solaires étant fonction de l'offre et de la demande, ces prix sont mécaniquement élevés en France pour les particuliers, ce qui constitue un frein au développement de cette filière.
Un autre point de blocage réside dans des réglementations inadaptées, les plans locaux d'urbanisme (PLU) de beaucoup de communes excluant la possibilité d'installer des panneaux photovoltaïques visibles depuis la rue. Ce qui conduit parfois à des décisions cocasses comme celle rendue récemment par la ville de Bordeaux, pourtant dirigée par un maire EELV, qui refuse à l'un de ses habitants d'installer ses panneaux solaires plein sud, mais l'y autorise s'il les installe en face nord !
D'autres entraves compliquent inutilement bien des projets, c'est le cas en particulier des maisons situées à proximité des monuments classés. L'avis de l'architecte des bâtiments de France est alors nécessaire et peut fortement rallonger le parcours administratif, voire faire échouer l'installation. Gageons qu'à l'heure de l'urgence écologique et de la nécessité géopolitique de moins dépendre des importations d'hydrocarbures, nos dirigeants sauront éliminer ces entraves et adapter rapidement notre système de formation pour permettre un développement rapide de cette filière, appelée à dominer le mix énergétique mondial en 2050, même sans subventions !
Sujets les + commentés