« La politique, c'est des magouilles, c'est déconnecté, et ça ne nous représente pas ! » Comme beaucoup de jeunes, j'ai toujours senti ce décalage entre l'espace où se prennent les décisions et la réalité du quotidien. Tout en ayant envie d'agir pour faire quelque chose de concret, de prendre ma place.
Je suis née à Beyrouth en juin 1999. Ma famille a fui le Liban à cause de la guerre, de la corruption et de la mafi a politique locale. J'ai grandi en France avec la fi erté d'être libanaise ici et française là-bas. À un âge où l'on se cherche, c'était l'équilibre qui permettait ma singularité. La France m'a transmis le goût du service public. Le Liban m'a appris que quand ça n'existe pas, il faut créer.
Il y a dix ans, j'ai fondé Aïda pour accompagner spécifiquement les adolescents et jeunes adultes face au cancer. J'avais alors 15 ans et j'ai été emportée dans le tourbillon d'une mobilisation incroyable : des dizaines de milliers de bénévoles, dont la moyenne d'âge est 19 ans, nous ont rejoints via les réseaux sociaux, le bouche-à-oreille et des
interventions en milieu scolaire. Après un passage chez Aïda, c'est un jeune sur deux qui souhaite exercer un métier en lien avec la santé. L'engagement associatif est un levier d'action puissant pour transformer la société.
Nouvelle équation
Aujourd'hui, le pays dans lequel je suis née est gangrené. Celui dans lequel j'ai grandi
connaît une crise identitaire majeure. Cette nouvelle équation est désormais l'urgence qui me rappelle au quotidien la nécessité d'œuvrer pour la démocratie et de lutter contre les extrêmes.
Il y a trois ans maintenant, j'ai cofondé, avec neuf autres citoyens engagés, le Collège citoyen de France, une école apolitique qui donne les clés à des acteurs de terrain pour peser sur les décisions publiques et politiques. Parmi nos 200 alumni, il y a de nombreux homologues associatifs, mais également des agriculteurs, des juristes, des profs, des dirigeants d'entreprises, des élus locaux... Ces multitudes de trajectoires o rent beaucoup d'énergie et nous rappellent que la politique commence les deux pieds sur terre.
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