Quelles sont les activités du Port de Barcelone ?

Nathalie Thomas : Le port de Barcelone est un port quatre en un : un port tourné vers les citoyens, un port commercial, un port logistique et un port hors les murs. Sur la partie commerciale, nous traitons essentiellement des trafics conteneurisés et des trafics RoRo (roll on/roll off), notamment avec l'Italie, le Maroc, et bien entendu les îles Baléares et Canaries. Nous avons des trafics automobiles en import et export, avec deux terminaux dédiés, ainsi que des trafics vrac, liquides comme des hydrocarbures ou du GNL, et solides comme des céréales ou du sel. Le port hors les murs rassemble les terminaux intérieurs intermodaux dans la zone d'influence du port. Le port est enfin le premier port en Méditerranée pour les croisières.

Le port est en pleine évolution pour devenir un hub stratégique de la logistique en Méditerranée ?

NT : Le port, du fait de sa position géographique, est une des portes d'entrée de la Méditerranée. Nous sommes à la croisée des chemins entre l'Europe et l'Afrique du Nord. Mais les connexions maritimes couvrent tous les continents.

Claire Perez : Grâce aux améliorations de nos terminaux, notamment le terminal semi-automatisé Hutchison BEST, nous sommes en mesure d'accueillir les plus gros porte-conteneurs des plus grandes alliances maritimes mondiales, qui transportent plus de 20 000 équivalent vingt pied (EVP). Notre emplacement géographique par rapport au canal de Suez fait que nous sommes bien positionnés, proches du sud de la France et du reste de l'Europe, pour redistribuer les marchandises venant d'Asie. Cela fait du port un point d'entrée important pour les trafics import d'Asie.

En termes de marchandises conteneurisées, le port a traité 3,3 MEVP l'année dernière, ce qui positionne Barcelone parmi les ports les plus importants en Méditerranée. Pour mettre cela en perspective, Fos Marseille traite 1,3 MEVP, et le Havre un peu moins de 3 MEVP.

En quoi constitue-t-il une solution intéressante pour les importateurs/exportateurs français ?

NT : Nous proposons des services intermodaux, et notamment davantage de services maritimes import Asie que les ports proches pouvant intéresser le sud de la France.

CP : Ce qui nous démarque c'est notre qualité de service au niveau maritime : nous avons des transit times courts - par exemple l'import Shanghai en 31 jours, Mundra en 21 jours en temps normal par le canal de Suez, l'export Veracruz en 17 jours ou encore l'export New York en 10 jours. Le client dispose d'un large choix de compagnies et de services directs. Nous pouvons être premier port ou dernier port escalé. Cela se traduit par des économies de temps pour les importateurs et exportateurs, mais aussi par une qualité opérationnelle grâce à la rapidité de traitement et la productivité du port. Nous avons également une stabilité au niveau social depuis une vingtaine d'années. Tous ces éléments font que les opérations sont fluides.

NT : Récemment, nous avons organisé une réunion à Toulouse avec des transitaires et chargeurs, et l'un des chargeurs expliquait avoir choisi Barcelone pour sa proximité géographique et pour sa fiabilité. Au-delà de l'aspect géographique, nous voulons être proches des opérateurs, les écouter et les accompagner. Le customer service du port, dont nous sommes les antennes locales, traite les demandes d'information et réclamations des utilisateurs. Le port et la communauté portuaire s'engagent sur des critères de qualité, labellisés Efficiency Network, qui permettent de compenser symboliquement le propriétaire de la marchandise, et surtout de toujours viser à améliorer les services.

Dans un contexte de décarbonation, ils peuvent notamment recourir à de nouveaux services ferroviaires avec Toulouse et Lyon ?

CP : Pour que nos clients accèdent à cette offre de services maritimes, notre but est de nous rapprocher de la France. Le camion demeure une solution, mais pour aller plus loin en termes de décarbonation, de nouveaux services ferroviaires connectent le Port de Barcelone à Toulouse, Bordeaux, et Lyon. Nous ne prétendons pas rayonner au-delà d'une ligne Bordeaux-Lyon, car nous sommes ensuite concurrencés par les ports du nord de l'Europe.

NT : La société Maersk a lancé en 2023 un service ferroviaire entre Barcelone et Toulouse avec 3 circulations hebdomadaires. Le service est proposé aux transitaires par trois entreprises différentes : Maersk, Naviland Cargo, filiale de SNCF, et Synergy, le pendant de Naviland Cargo côté Barcelone. La participation de Naviland Cargo sur l'axe Toulouse permet d'élargir les possibilités de connexion à l'ensemble de son réseau. Certains transitaires bordelais proposent déjà cette solution décarbonée originale. Le deuxième axe est Lyon, avec une fréquence hebdomadaire, et Maersk comme seul commercialisateur.

Ces trains peuvent transporter tout type de conteneurs préhensibles par points iso, fret maritime ou fret continental y compris matières dangereuses, et isotanks de tous formats.

Quels sont les projets d'actualité pour le port ?

NT : En termes de décarbonation, le Port de Barcelone développe le projet Nexigen d'électrification des quais qui permettra de fournir aux navires de l'électricité d'origine renouvelable pendant leur séjour dans le port. Le terminal à conteneurs Best sera le premier à fonctionner ainsi cette année.

Dans la lignée de Smart Ports-Piers of the future qui réunit chaque année les ports d'Anvers, Busan, Gotenburgh, Hamburg, Los Angeles, Montréal et Rotterdam, le port de Barcelone créé Blue Tech Port, un écosystème dédié à la digitalisation et à l'intelligence artificielle appliquées à l'économie maritime.

Enfin, le port de Barcelone accueille cette année la 37e America's Cup, et a donc adapté certains espaces pour accueillir les six équipes de voile qui concourent, dont la française Orient Express Racing Team !

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