ArcelorMittal muscle sa recherche avec un prêt de la BEI

La Banque européenne d'investissement a accordé un prêt de 350 millions d'euros au sidérurgiste ArcelorMittal, dont les activités de recherche et développement se concentrent à Maizières-lès-Metz (Moselle). Le campus lorrain se trouve renforcé dans la mise au point de nouveaux process et l'optimisation des produits.

En accordant un prêt de 350 millions d'euros à ArcelorMittal, comme soutien à ses activités de recherche en Europe, la Banque européenne d'investissement (BEI) a adressé un message politique à ceux qui déplorent le déclin de l'industrie en Europe, en France... et en Lorraine.

"Notre compétitivité dépend entièrement de la supériorité technique"

"Les projets concernés par ce financement vont permettre le maintien ou la création de 800 emplois de grande qualité chez ArcelorMittal", calcule Ambroise Fayolle, vice-président de la BEI, venu signer ce contrat le 13 mars à Maizières-lès-Metz (Moselle) où le géant de l'acier emploie 560 chercheurs dans son "campus".

Greg Ludkovsky, vice-président d'ArcelorMittal en charge de la recherche, exprime avec malice l'intérêt stratégique d'une recherche appliquée puissante pour l'Europe :

"La Chine veut être l'usine du monde entier. Si nous ne sommes pas capables de nous surpasser, nos chercheurs finiront employés comme guides touristiques dans le port du Pirée".

L'image peut choquer. Elle contient un autre message politique, porté par Édouard Martin, ancien syndicaliste d'ArcelorMittal devenu député européen.

En 2015, ce dernier a soutenu une résolution sur l'industrie européenne durable des métaux de base, soulignant "le rôle essentiel de la recherche, du développement et de l'innovation" face aux importations chinoises.

"Notre compétitivité dépend entièrement de la supériorité technique que nous pourrons maintenir en intensifiant nos activités de recherche", insiste Greg Ludkovsky.

Les financements accordés par la BEI couvriront à eux seuls près de 40% des investissements en recherche et développement d'ArcelorMittal dans le monde, pour la période 2017-2020. En 2016, le groupe a consacré 239 millions de dollars à ses activités de R et D. Les projets développés à Maizières-lès-Metz portent sur de nouveaux aciers adaptés à l'industrie automobile, mais aussi sur les emballages alimentaires et industriels, sur le traitement et la transformation des minerais ainsi que sur la mise au point de nouveaux procédés de fabrication de l'acier.

"Nous sommes l'un des plus importants centres de recherche appliquée à l'automobile", insiste Greg Ludkovsky.

"Les produits mis au point à Maizières-lès-Metz ont permis de réduire de 23% la masse des structures en acier des voitures, tout en assurant une meilleure résistance aux chocs.

La nouvelle génération d'acier Usibor 2000, qui arrive cette année sur le marché, autorisera une réduction de poids supplémentaire de 10 à 15% par rapport à la génération précédente". À Florange, sur son site industriel situé à 18 kilomètres de Maizières-lès-Metz, ArcelorMittal a doublé sa production d'acier Usibor entre 2014 et 2016.

Répondre aussi aux priorités environnementales

Le "campus" lorrain s'étend sur 24 hectares. Il comprend déjà de nombreux laboratoires, des ateliers d'essais et une unité pilote de coulée continue. Les ingénieurs utilisent ce four électrique pour ajuster la composition de l'acier et fournir aux clients du groupe des échantillons, mis en oeuvre à des fins d'essais destructifs ou pour la mise au point d'outils d'emboutissage à chaud dans l'industrie automobile. Maizières-lès-Metz accueillera à la fin du premier semestre 2018 une extension d'activité, avec l'aménagement d'un centre de recherche sur les produits longs destinés notamment au secteur du bâtiment. Ce projet représente un investissement de 5 millions d'euros.

Pour Ambroise Fayolle, le prêt accordé à ArcelorMittal "répond aux priorités environnementales et au souci de compétitivité industrielle" affichées par la BEI. Les projets soutenus par le financement européen profiteront en réalité à des équipes d'ArcelorMittal réparties entre 7 pays. Mais le campus de Maizières-lès-Metz en sera la locomotive.

"Les liens entre l'innovation et l'environnement sont de plus en plus forts. L'argent du Plan Juncker sert aussi à cela", estime Ambroise Fayolle.

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La BEI finance aussi l'éducation en Lorraine

La Banque européenne d'investissement a accordé deux prêts d'un montant cumulé de 114 millions d'euros à l'Université de Lorraine et au Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle pour l'extension, la modernisation et la construction de bâtiments universitaires et de collèges de nouvelle génération. L'enveloppe accordée à l'Université (44 millions d'euros) est destinée à refinancer quatre projets du Plan Campus, construits ou en cours de chantier en partenariat public-privé avec Eiffage. À Metz, le projet comprend deux bâtiments d'une surface totale de 14.800 mètres carrés : le laboratoire d'études des microstructures et des mécaniques des matériaux (LEM3) et une unité de formation et de recherche en mathématiques-informatique et mécanique. Opérationnels à la rentrée 2017, ils accueilleront 1.200 personnels et étudiants. À Nancy, les bâtiments concernés renforceront le pôle biologie-santé sur le site de Brabois.

Le financement accordé au conseil départemental (70 millions d'euros) permettra de soutenir 27 opérations d'investissement en Meurthe-et-Moselle. Les collèges répondront aux exigences des bâtiments à énergie passive, voire à énergie positive. 52% des coûts d'investissement seront consacrés à l'efficacité énergétique de ces collèges neufs ou rénovés.

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Commentaires 3
à écrit le 17/03/2017 à 9:35
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Avouez que c'est cocasse, vous parlez des entreprises les plus aimées et détestées des français et arcelomittal qui est donc la plus détestée se retrouve financée par la BEI, la banque européenne qui donne mais sans trop regarder à qui. Beau timi...

le 17/03/2017 à 9:49
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Pourquoi détester une entreprise leader mondiale de son marché, et au surplus européenne..? Très étrange, voire économiquement suicidaire ce comportement.

le 17/03/2017 à 13:24
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"Pourquoi détester une entreprise leader mondiale de son marché" Pourquoi pas ? Il faudrait aimer tous les premiers seulement parce qu'ils sont premiers ? Votre logique est aberrante. "et au surplus européenne..?" Justement vu l'état dépl...

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