« Votre plage... polluée ! Par des rejets industriels ». Voilà ce que l'on peut lire actuellement à l'entrée de nombreuses plages landaises. Le collectif citoyen « stockage-gaz-landes » mène une vaste campagne tout l'été pour amener les touristes à signer sa pétition contre un projet, porté par EDF, de stocker 600 millions de m3 de gaz (soit l'équivalent de la consommation annuelle de 800 000 habitants) dans le sous-sol landais. Des tracts multilingues ont même été affichés devant les offices de tourisme avec le soutien de 23 municipalités. Ces Landais s'inquiètent des travaux, qui vont « défigurer » pendant six ans le paysage, et surtout de l'impact écologique et économique de ce projet. Le débat public (1 800 participants, 9 réunions publiques), qui s'est achevé le 31 janvier dernier, a montré une forte opposition des acteurs locaux. « C'est surtout une manière de montrer à EDF que nous ne lâcherons rien », prévient Didier Tousis, président du collectif.
Une double canalisation souterraine de 42 km pour acheminer l'eau de mer
D'importants dômes de sel de qualité ont été identifiés dans le sous-sol landais sur le secteur de Pouillon, près de Dax. Ils peuvent se transformer en belles cavités salines, idéales pour stocker en sécurité du gaz, une fois la roche creusée à grand renfort d'eau à haute pression à plus de 1 000 mètres de profondeur. Afin de ne pas prélever dans les ressources landaises en eau douce, EDF envisage de créer une double canalisation enterrée, un saumoduc, de 42 km traversant 38 communes (100 000 habitants au total) pour acheminer l'eau de mer depuis l'océan Atlantique jusqu'au site de stockage. L'autre servira à évacuer l'eau chargée de sel au large, à plus d'1,5 km de la côte. « A cette profondeur, on ne sait pas exactement ce qui va être rejeté dans l'océan. Il pourrait y avoir des métaux lourds », alerte Didier Tousis. « Il n'y aura aucun rejet industriel. Nous n'évacuerons que de l'eau salée. D'après nos premières études, la faune et la flore ne seraient pas impactées, mais bien sûr nous poursuivons les concertations avec les associations », assure Michel Bellec, directeur des infrastructures gazières d'EDF. Il pense même que « cela pourrait être l'occasion pour la région d'avoir une production d'eau salée, utile pour la balnéothérapie locale ». EDF a décidé de poursuivre son projet et attend les résultats d'un deuxième forage, avant de prendre une décision définitive... fin 2015. Une nouvelle phase de concertation sera engagée en 2013, si les résultats du forage sont positifs.
Un investissement de 650 millions d'euros et une association avec le géant russe Gazprom
Pour l'électricien, l'enjeu est majeur. « Avec le développement des énergies renouvelables, nous aurons de plus en plus besoin de gaz pour faire face aux pics de consommation, notamment l'hiver », explique Michel Bellec. Avec une production mondiale en hausse de 7,3 % l'an dernier, le gaz pourrait profiter des difficultés actuelles du nucléaire. Plusieurs projets de construction de centrales existent en France. L'investissement serait colossal : 650 millions d'euros. Ce serait l'un des plus importants sites de stockage du gaz en France. Aujourd'hui 95 % de la consommation de gaz étant importée, EDF envisage de développer dans les années à venir les centrales thermiques à flamme (au gaz). En outre, ce site de stockage permettrait à EDF d'anticiper les envolées futures du prix du gaz, indexé sur les cours du pétrole. Si le projet se concrétise, Gazprom, le géant russe, y sera associé. Pour ce dernier, c'est un moyen de mettre un pied dans la distribution du gaz en France.En échange, Gazprom a accepté en septembre 2011 qu?EDF entre, à hauteur de 15%, au capital de South Stream, un vaste projet de gazoduc européen entre la Russie et l'Europe occidentale, aboutissant en Italie et en Autriche, en passant sous la Mer Noire
Une menace pour le tourisme landais et les 300 entreprises de la glisse en Aquitaine
Si le projet est validé, les premières cavités seront en service en 2020. A la clé, 350 emplois pendant les six ans du chantier. Mais, pour Frédéric Basse, président d'Eurosima, un cluster qui regroupe les industriels aquitains de la glisse, soit 3 500 emplois et 1,7 milliard d'euros de chiffre d'affaires en Aquitaine, «ce projet représente une réelle menace pour les 300 entreprises de la glisse en Aquitaine, qui ont toutes choisi cette région pour la qualité des vagues, de la vie, de ses espaces naturels protégés ». « Le fait d'installer cet équipement ou ces équipements peut être une publicité très négative pour notre territoire. Le tourisme est une activité économique majeure dans les Landes », ajoute Hervé Bouyrie, le maire, conseiller général et président du comité départemental du tourisme. « A Manosque, dans les Alpes de Haute-Provence, la société Géométhane a réalisé le même type d'investissement », rappelle, optimiste, Michel Bellec. Le collectif citoyen, quant à lui, attend désormais que le Conseil général des Landes et le Conseil régional d'Aquitaine prennent position.
"ce site de stockage permettrait à EDF d'anticiper les envolées futures du prix du gaz, indexé sur les cours du pétrole" : ça permet de vendre l'année suivante au prix courant le gaz acheté l'année d'avant, moins cher, quand le pétrole voit son prix croitre. Intéressant comme plan. La célèbre équation magique qui fixe le prix de vente aux particuliers du gaz s'applique aussi à EDF ? S'ils achètent sur le marché, moins cher que les contrats très long terme, c'est tout bénef. Le gaz de schiste, il sera vendu au prix du pétrole ? Y a pas de raison de se priver de ressources financières. Peut-être penser à un prix "social" du gaz si compensé par l'Etat.
prenez position clairement pour ou contre ce projet!!
L'assimilation des surfeurs aux bobos n'appelle à aucun commentaires... constructifs.
Merci pour votre article qui a au moins le mêrite de me pousser à réagir!!
De toute manière plus on parle de ce projet et plus il devient assez évident qu'il est difficile d'en expliquer le besoin par des arguments rationnels.
D'abord alerté par le caractère nocif sur le plan écologique, je me surprends à penser que le projet en lui même ne me parait pas justifiable d'un point de vue économique.
Ah si merci de nous alerter sur le fait qu'EDF est en passe d'assumer des "difficultés actuelles" sur la production d'électricité à partir du nucléaire!!!
En ce qui me concerne c'est une première!!, un scoop!!
C'est vraiment rassurant...
Je souhaite que les élus locaux sachent arrêter définitivement ce projet avant même de trop y dépenser d'argent!!
Merci auu Collectif Stockage-Gaz-Landes pour ses actions d'information, de lutte active contre ce projet!!
* 1 landais sur 30 a signé la pétition (soit plus de 12000 personnes, c'est bien au delà de la seule population des surfers)
* le creusement à l'eau de mer durerait 12 ans et plus. L'usage du système de lessivage perdurerait toute la durée de vie du site (50 ans) pour compenser le "tassement" des cavités
* le rejet en mer de saumure chargés de matières en suspension est mortifère de 50 m alentours à plusieurs km² selon les sources des calculs...Les saumures denses nappent au fond des océans... Les effets induits sur le plateau continental pourraient localement accélérer l'évolution du trait de côte
* le rejet se situerait de 700 à 1400 m du rivage (ou du point d'entrée sous la dune...) bien que tous s'accordent pour dire que l'océan ne tolèrera pas longtemps un tel ouvrage (voir exemple du WARF de la Salie, rejet actuel à 400 m)
* le dôme de sel contient de 15 à 30 % d'impuretés (1er forage EDF), il est à la limite de l'exploitabilité. Les analyses détaillées des 2ième forage bouclés subitement ce printemps sont attendu par tous fin 2012...
* aucune société thermale n'a manifesté publiquement son intérêt pour ce projet. De leur part, seules ont fait l'objet de questions, des inquiétudes légitimes de perturbation des flux thermaux ou des risques de sismicité induite en exploitation des cavités de gaz. Le rejet de ce projet par la population, les élus, les industriels, les pécheurs, ... est avant tout en raison de son inutilité pour le territoire...
* le risque zéro n'existant pas, un site classé séveso de 45 km de long dans des massifs quasi vierges, protégés par des lois subira tôt ou tard des dégâts irréversibles avec incidence sur la population humaine locale (voir incident Manosque ou Sassenage, voir base ARIA).
* ce projet ne répond en rien aux objectifs du grenelle de l'environnement pour une transition énergétique : l'ADEME cite la biomasse comme la première ressource renouvelable de l'Aquitaine.
Alors, EDF, tournez la page !
Ceux qui connaissent l'océan indomptable rient, ou pleurent, à l'affirmation d'EDF que ces rejets ou même les tuyaux resteront à l'endroit prévu et n'auront aucun impact sur l'équilibre naturel fragile. Bonne baignade!
Une étude de l'INERIS et des exemples de ce type de stockage déjà éxistants démontrent qu'il n'existe aucune sécurité durant le temps d'exploitation prévu, et moins encore pour les générations futures, qui vont se retrouver avec ces immenses cavités dans leur sous-sol, et leurs dangers inhérents, comme l'affaissement des terrains ou la pollution des nappes phréatiques.
Monsieur BELLEC aurait pu vous indiquer, également, que son autre projet, identique en tout point qu'il menait en Hollande, vient d'être annulé sous la pression la population locale.
le problème relié à la production d'électricité par éoliennes et photovoltaïque n'est pas l'intermittence mais plutôt la surproduction. En Allemagne les éoliennes sont débranchés pendant la nuit pour ne pas déséquilibrer le réseau. Il n'y a pas assez de moyens de stockage d'électricité. Le stockage d'électricité serait donc la solution pour les énergies renouvelables ... et pas le stockage de gaz. EDF est le plus grand électricien d'Europe avec une compétence importante dans le stockage d'électricité depuis toujours. En bref : l'argumentation autour l'intermittence des renouvelables est un prétexte pour les nuls. EDF veut bien cacher son vrai intérêt qui est purement spéculatif. Aujourd'hui plus de 50% du prix de gaz sont reliés aux stockage !
La phrase d'EDF et des supporteurs du projet: "Malheureusement l'électricité ne se stocke pas" est simplement pas vrai et un autre indice pour la méthode d'EDF de « vendre » un projet inutile et désuet.