Cogitech réinvente son modèle pour répondre aux marques de luxe

Plus question de produire en France ce qui sera exposé en Chine… C’est le monde à l’envers ? Non, c’est l’univers des marques de luxe – principaux clients de Cogitech - qui l’impose de manière ferme en 2022 ! Pour la PME implantée à Dijon, qui réalise 60 % de chiffre d’affaire en Asie, et 60% avec les marques de luxe, les règles du marché évoluent et cela implique de repenser son modèle de production. Un retour aux sources vers le prototypage et la conception design.
(Crédits : Amandine IBLED)

Depuis son atelier dijonnais, Cogitech conçoit et fabrique du mobilier design et des aménagements destinés en grande partie aux boutiques de luxe ou aux galeries de design à Paris et à New York. 60% de son chiffre d'affaires part à l'export. Depuis six mois, le discours des grands donneurs d'ordre du luxe - où la croissance des grands magasins se fait en Asie - est radical : « en Chine, ce sont les Chinois qui produiront les pièces ».

« Ce changement de paradigme nous impacte car, par exemple, sur un projet que nous faisions entièrement en France pour une boutique en Chine à 400 000 euros, aujourd'hui, nous ne faisons plus que le développement, la mise au point, le prototype et nous transférons tout en Asie pour la partie production. En termes de chiffre d'affaires, cela réduit considérablement l'enveloppe », constate Sylvain Quidant, co-fondateur du groupe Cogitech.

Si 2021 était une année de réflexion, voire de flottement pour beaucoup de clients de la PME à mi-chemin entre technologie et artisanat, 2022 a démarré sur les chapeaux de roue. Des projets se sont dégelés dans des délais très courts, nécessitant une grande agilité tant sur le plan des approvisionnements de matériaux - dont les délais sont également allongés - que sur le plan du positionnement du groupe.

« Notre modèle avec les marques de luxe change avec une activité qui se dirige plutôt vers le développement, à la fois matière, technique, prototypage et l'accompagnement des clients pour déployer la solution dans un pays étranger. C'est une tendance qui s'affirme fortement », poursuit-il.

D'où l'intérêt de développer des solutions matières qui sont de plus en plus pertinentes et écologiques. L'année dernière, l'entreprise a remporté un prix professionnel architecture et design pour les solutions techniques : le Muuz International Award 2021. Une récompense décernée, après trois ans de R&D (500 000 euros d'investissement), pour la solution Minero, une matière destinée à créer du mobilier et des objets de décoration pour l'intérieur et l'extérieur à partir de la valorisation de matières minérales non pétro-sourcées.

« Les enseignes de luxe ont pour stratégie de réorienter leur image vers plus d'authenticité. Elles sont à la recherche de matières performantes et plus nobles dans leurs réalisations », précise Sylvain Quidant.

Des chaises commandées en petite série par un designer coté à l'international

Prototypiste : la boucle est bouclée

Lorsque Cogitech a été fondée en 2000 par Sylvain Quidant et Olivier Mesplomb, l'entreprise était spécialisée dans le prototypage en petite série dans le secteur des transports, notamment l'aviation. Dix ans après l'impression 3D est arrivée et a facilité la fabrication de prototype en interne, de nombreuses industries ont également délocalisé leur production à l'étranger. La demande s'est orientée davantage vers la décoration et le mobilier et les deux associés ont mis de côté l'industrie.

Mais depuis la crise sanitaire, des industriels relocalisent et font de nouveau appel aux prototypistes pour des pièces en petite série et avec un besoin d'esthétisme.

« Il y a un engouement lié à la ré-industrialisation des entreprises qui cherchent des partenaires locaux. Être prototypiste aujourd'hui, ce n'est plus réaliser de simples maquettes car tout le monde peut le faire avec une imprimante 3D, mais inventer un objet avec des matières nouvelles. C'est de la recherche et du développement et c'est là qu'on se sent à notre place », précise Sylvain Quidant.

La PME revient donc à ses premiers pas en tant que prototypiste et se réjouit de signer à nouveau des contrats avec des industriels. « Notre valeur ajoutée est liée à la matière et au processus de transformation des matériaux que ce soit dans le bâtiment, l'industrie, ou le luxe », précise Sylvain Quidant. « Nous sommes reconnus pour notre ouverture et notre capacité à innover avec les matières. », poursuit-il. Pour le chef d'entreprise, l'innovation se situe à toutes les étapes de la chaine. Ce qui le motive, c'est de bousculer les codes du design des matériaux : « Nous souhaitons trouver des clients qui soient dans des démarches ouvertes, où nous sommes questionnés sur un processus et pas uniquement sur une matière. » Cogitech affiche un chiffre d'affaire de 2,1 millions d'euros sur l'année 2021 (-10% par rapport à 2019) et compte 15 salariés. Son objectif est de stabiliser l'activité autour de 3 millions d'euros.

Le savoir artisanal de Cogitech

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