La startup Purple Alernative Surface veut réinventer le revêtement des sols avec des dalles recyclées

Après deux ans de R&D en injection plastique, à Belfort, Pierre Quinonero et Sébastien Molas, ont mis au point un procédé permettant de fabriquer des dalles en matière recyclée, habituellement destinées à l’enfouissement ou à l’incinération. En six mois, Purple Alernative Surface compte déjà plus de 4.000 m2 de parking installés.
Pierre Quinonero et Sébastien Molas de Purple Alernative Surface.
Pierre Quinonero et Sébastien Molas de Purple Alernative Surface. (Crédits : PURPLE ALTERNATIVE SURFACE)

« Jusqu'à présent, pour répondre aux appels d'offre, les entreprises de BTP n'avaient pas beaucoup d'alternatives à l'enrobé », indique Pierre Quinonero, cofondateur de Purple Alernative Surface. Une offre restreinte qui va en plus s'accentuer avec l'arrivée d'une nouvelle réglementation : en 2050, la « Climat et résilience » votée en août 2021 obligera tous les acteurs du BTP à chercher d'autres solutions pour respecter l'une des grandes ambitions de la loi, celle sur « la disparition de toute artificialisation nette des sols ».

Un changement de matériel imposé sur lequel la startup Purple Alernative Surface compte bien capitaliser. « Nos dalles de sols permettent de rendre les revêtements perméables et de retenir l'eau avant infiltration », explique Sébastien Molas, cofondateur de la startup basée à Belfort. Techniquement, les alvéoles de ces dalles de sols permettent la rétention d'eau, à savoir 40 litres d'eau au m2.

, une dalle pèse seulement cinq kilos. Ce qui facilite le travail des poseurs.

Une solution bas carbone

Ces dalles sont également éco-conçues à partir de déchets plastiques et composites, issus de quatre filières : industrielles, déchèterie, filière spécialisée, et recycleurs. Par exemple, un toboggan de jardin souvent jeté dans la benne à ordure et qui est ensuite incinéré. « Grâce à notre procédé innovant, nous pouvons le récupérer et éviter son incinération, en le déchiquetant et en le broyant, pour ensuite en faire un revêtement de parking », indique Pierre Quinonero. Selon l'étude réalisée par le laboratoire indépendant CEDD à Chaux (90), qui a réalisé le diagnostic d'éco-conception de Purple Alternative Surface, selon la norme EN15804+A1, une tonne de déchet incinérée produit 4,5 tonnes de Co2.

Le laboratoire garantit qu'en prenant en compte, les émissions que l'entreprise émet en fabriquant ses dalles, le fait d'éviter l'incinération et de transformer les déchets en dalle, permet d'économiser 3,35 tonnes de Co2 pour une tonne de déchet récoltée. Sachant que « nous plaçons une tonne de déchet toutes les trois places de parking », révèle Pierre Quinonero. Un chiffre conséquent en termes de matière recyclée. En revanche, une dalle pèse seulement cinq kilos. Ce qui facilite le travail des poseurs.

« Nous plaçons une tonne de déchet toutes les trois places de parking »

Une solution bien placée sur le marché

Sur le marché concurrentiel, Purple Alternative Surface se positionne en face des autres produits qui permettent de faire des parkings perméables, comme le pavé. Certes moins cher à l'achat : entre 10 et 15 euros le m2, mais le coût de la pose est plus élevé. Sans compter les délais importants pour ce type de pose.

« Par rapport à l'enrobé, par nature, il n'est pas perméable, mais il est possible de trouver certains enrobés drainants », avoue Pierre Quinonero. La solution Purple Alternative Surface reste un peu plus chère selon les régions, car le prix de l'enrobé varie. En Franche-Comté, il est de 30 euros le m2 environ, les dalles de sols sont à 50 euros du m2. Pour comparaison, l'enrobé coûte par exemple, 75 euros le m2 à Annecy.

Depuis six mois, la startup a déjà posé 4.000 m2 de parking, que ce soit pour des boulangeries, écoles, camping, magasins, etc... Mais également pour des revêtements éphémères, tels que des évènements. Par exemple, aux Eurockéennes de Belfort, la plateforme réservée aux pompiers était fabriquée en dalles. « Comme ce sont des modules qui s'imbriquent et sont faciles à monter et à démonter, ils leur serviront pour de prochains évènements », note Pierre Quinonero.

Un coup de pied dans la fourmilière de l'injection plastique

Après deux ans de recherche et développement et plusieurs machines testées, les deux entrepreneurs ont réussi à « mettre un coup de pied dans la fourmilière de l'injection plastique ». Même si la dalle de sol est brevetée, la véritable innovation se trouve dans l'industrialisation du procédé de fabrication de cette dalle, qui facilite l'intégration des polymères, par injection plastique. « Nous sortons des habitudes de quarante ans d'injection plastique ! », assure Pierre Quinonero. Car, contrairement aux industriels qui souhaitent des plastiques lisses et fins, fabriqués à partir de billes noires formatées, cette dalle est épaisse et riche de plusieurs plastiques de couleurs.

« Ces dalles éco-conçues ont été pensées pour être recyclables à l'infini », confie Sébastien Molas. Ces dernières ont effectué de nombreux tests en laboratoires et leur durée de vie est estimée entre 30 et 50 ans. « En fin de vie, nous les repasseront dans nos chaines de fabrication, nous les déchiquèteront et nous en referont de nouvelles dalles », explique-t-il.

Cette année, la startup a reçu la certification Afnor en Économie circulaire. « Nous sommes la seule sur le territoire français à l'avoir obtenue ! », s'exclame fièrement Pierre Quinonero.

L'équipe de R&D travaille déjà sur une nouvelle innovation à intégrer dans les dalles : des systèmes électroniques permettant de détecter par exemple, une fuite d'eau sous-terraine. Ce qui en ferait une dalle à la fois écologique et intelligente.

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