Voiture électrique : dans le Grand Est, ruralité et justice sociale pilotent le développement des bornes de recharge

ENQUÊTE 4/5. Quatrième volet de notre série de cinq enquêtes sur le business complexe des bornes de recharge électrique, qui sont publiées chaque jour depuis hier jusqu'à vendredi. La Tribune propose un état des lieux de chaque région en présentant leur feuille de route. La région du Grand Est accorde la priorité à l'installation en zone rurale de bornes de recharge pour les véhicules électriques. Dans la capitale régionale, c'est l'opérateur local Freshmile qui sera chargé du déploiement du réseau et de son exploitation, après un début de maillage du réseau assuré par Toyota, qui n'avait pas été concluant.
Freshmile et Engie vont opérer un réseau de 180 bornes de recharge dans l'agglomération strasbourgeoise.
Freshmile et Engie vont opérer un réseau de 180 bornes de recharge dans l'agglomération strasbourgeoise. (Crédits : Olivier Mirguet)

Pour accéder au statut de région bas carbone, le conseil régional du Grand-Est veut réduire de 45% les consommations énergétiques dans le transport d'ici 2050. "La mobilité représente 26% des consommations énergétiques et 25% des émissions de gaz à effet de serre dans notre région", a calculé Franck Leroy, vice-président du conseil régional, en charge de l'environnement et de la transition écologique. "Cela impliquera naturellement une sortie des énergies fossiles. Nous soutenons déjà la mise en œuvre des biocarburants, du GNV dans les transports et aussi l'installation d'infrastructures de recharge de voitures électriques", indique l'élu, également maire centriste d'Epernay.

Deux collectivités, deux stratégies

Sur l'ensemble du territoire du Grand Est, 2.477 points de recharge sont référencés par le site avere-france.org. La Région se revendique chef de file pour la transition énergétique, mais elle effectue une distinction entre les petites collectivités, qu'elle entend aider financièrement, et les grandes qu'elle n'aidera pas. "Notre rôle consiste à faire en sorte que tous les territoires puissent avoir accès à ces infrastructures. Nous avons fixé la limite à 100.000 habitants pour le co-financement de ces bornes de recharge", confirme Franck Leroy.

Le financement régional correspond à 55 % des investissements, avec un plafond à 30.000 euros pour les bornes les plus puissantes dites "superchargeurs". 239 chantiers d'installation sur la voie publique ont été accompagnés en 2020. Le rythme s'accélère en 2021 avec 148 bornes financées au 30 juin, avec l'objectif de plus de 300 unités en fin d'année. Soit près d'un million d'euros de subventions régionales, pour un montant de travaux de 3 millions d'euros, pour près de 400 bornes installées dans des petites collectivités telle que Bouzonville (Moselle), équipée depuis mai 2021.

Un test avec Toyota dès 2010

A Strasbourg, la municipalité écologiste n'a pas eu besoin d'engager de révolution pour lancer le processus de soutien à la mobilité électrique. La ville avait offert sa voirie en test à Toyota, EDF et à l'énergéticien allemand EnBW pour expérimenter dès 2010 le fonctionnement d'une flotte de Prius hybrides rechargeables, encore à l'état de prototypes. Les voitures avaient couvert 4 millions de kilomètres et le bilan indiquait que seuls 3% des besoins de charge avaient été réalisés sur les infrastructures expérimentales (110 bornes) installées sur la voie publique.

Malgré l'existence de ces démonstrateurs, le parc de bornes de recharge sur la voie publique est resté embryonnaire pendant une décennie. En 2020, l'agglomération (500.000 habitants) comptait seulement 70 bornes sur son territoire, en partie défectueuses. Il fallait relancer la machine. L'appel à initiative privée lancé par la municipalité socialiste sortante en avril 2020, juste avant les élections, s'est révélé fructueux et remporté par le groupement local Freshmile-Engie. 90 bornes, soit 180 points de charge vont être déployés sur son territoire jusqu'à l'été 2022. La collectivité percevra 22.000 euros de redevance d'occupation annuelle pour chaque emplacement, et encaissera 15 % du bénéfice réalisé par l'opérateur.

Aides aux ménages

L'Eurométropole a également demandé à Parcus, sa Société d'économie mixte dédiée au stationnement, d'équiper 10 % de ses emplacements en ouvrages avec des bornes de recharge d'ici 2025. "Une agglomération telle que la nôtre aura besoin de 800 à 1.000 prises publiques pour satisfaire aux besoins de sa population", calcule Marc Hoffsess, adjoint au maire de Strasbourg en charge de la transformation écologique du territoire.

Dans le cadre du déploiement de sa zone à faibles émissions (ZFE), Strasbourg prévoit de distribuer aux ménages des aides à la conversion vers des modes décarbonés. Les consultations sont en cours pour déterminer le montant de ces primes, qui permettront de sortir de l'agglomération les moteurs thermiques les plus polluants.

 >> Cliquez sur la carte pour poursuivre l'enquête en région :

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