Régionales en Île-de-France : "En Marche ! " recycle l'action régionale et gouvernementale

RÉGIONALES. Le chef de file de la liste Envie d’Île-de-France (majorité présidentielle), Laurent Saint-Martin, a présenté ce 25 mai 2021 ses 154 propositions. En réalité, le député (LREM) du Val-de-Marne reprend à son compte des mesures déjà engagées par la présidente (Libres!) sortante Valérie Pécresse ainsi que par l'exécutif national.
César Armand
A l'Assemblée nationale, Laurent Saint-Martin est rapporteur général du budget.
A l'Assemblée nationale, Laurent Saint-Martin est rapporteur général du budget. (Crédits : DR)

Notre projet est chiffré, crédible et réaliste.

Laurent Saint-Martin, chef de file d'Envie d'Île-de-France aux élections régionales

A défaut d'être connu sur la scène nationale, comme la présidente (Libres!) sortante Valérie Pécresse, et les autres candidats aux élections régionales en Île-de-France (Audrey Pulvar, Clémentine Autain, Jordan Bardella, Julien Bayou), Laurent Saint-Martin est reconnu à l'Assemblée nationale pour ses qualités de rapporteur général du budget. A chaque projet de loi de finances, depuis janvier 2020, c'est lui qui, en tant que député (LREM) du Val-de-Marne, monte au front pour défendre le texte gouvernemental auprès de ses collègues du Palais-Bourbon.

Chef de file de la majorité présidentielle rassemblée sous la bannière "Envie d'Île-de-France", Laurent Saint-Martin n'est pas un habitué des médias grand public, et encore moins un "bon client" capable de lâcher ces "petites phrases" qui font le sel de la vie publique locale et nationale. L'ex-militant socialiste devenu parlementaire "En Marche" en 2017 est un ancien cadre de chez Bpifrance qui privilégie un positionnement politique "réaliste". Ses 154 propositions sont à son image d'orthodoxe budgétaire: "chiffrées, crédibles et réalistes". "Pas de proposition en l'air, démagogique" ; "un programme de solutions plus qu'un programme de marqueurs politiques" ; "pas un marchepied pour l'élection présidentielle", a-t-il déclaré ce 25 mai en conférence de presse.

Un fonds ESS calqué sur celui du gouvernement

En réalité, son projet, élaboré par Jean-Noel Barrot, député (MoDem) des Yvelines, reprend des mesures déjà mises en place par l'exécutif régional élu en décembre 2015 de la même manière que ce catalogue à la Prévert se révèle être une déclinaison locale des actions gouvernementales. Par exemple, le fonds d'épargne populaire, abondé par les Franciliens ET par le conseil régional, servira à soutenir le développement et la relocalisation des investissements et des emplois industriels. L'entourage de Laurent Saint-Martin s'estime copié, mais cela ressemble à la proposition de Valérie Pécresse de créer un fonds d'investissement stratégique pour les TPE-PME et ETI en difficulté.

Dans ce chapitre "Envie de réussite", la liste de la majorité présidentielle veut également apporter une aide aux associations et entreprises de l'économie sociale et solidaire (ESS), clairement présenté "comme un volet 2 du fonds UrgencESS créé par l'Etat". Dans un autre registre, le spectacle vivant fera l'objet d'aides de trésorerie et de subventions de réamorçage "en complément du plan de relance" national. Idem en matière de réhabilitation: la rénovation acoustique sera "systématiquement financée" en complément de la rénovation énergétique des logements (Ma Prime Rénov'), des écoles, collèges et lycées. France Relance a déjà débloqué 2 milliards d'euros pour la rénovation des logements privés et près de 300 millions d'euros pour les régions. Les écoles et les collègues relevant eux de la tutelle des communes et des départements.

Un copier-coller en matière de transports en commun

Ce n'est pas tout: en cas de victoire le 28 juin prochain, Laurent Saint-Martin voudra financer l'achat de véhicules propres pour que les particuliers ne payent qu'1/3 du prix et 1/2 pour les professionnels, grâce à des aides de la région complémentaires à celles déjà apportées par l'Etat. Outre les 5.000 bornes de recharge en cours de déploiement par la métropole du Grand Paris, le candidat LREM veut mailler la région avec 25.000 bornes supplémentaires. Toujours dans cette thématique, le chef de file veut faire de la Seine et des voies d'eau un véritable atout pour la transition écologique régionale. Hasard ou coïncidence: le principal établissement public Voies Navigables de France vient de débloquer 3 milliards d'euros sur dix ans pour redonner ses lettres de noblesses au fleuve. Sans oublier qu'Haropa - les trois ports du Havre, Rouen et Paris - va devenir un établissement public unique dès le 1er juin prochain doté d'un 1,5 milliard d'euros d'ici à 2027.

En fait, le copier-coller de l'exécutif national et du conseil régional sortant se voit surtout en matière de transports en commun. Laurent Saint-Martin promet d'automatiser la ligne 4 - c'est bientôt fait - et la ligne 13 - c'est en projet. Ou développer l'extension de la ligne 14 - c'est prévu au Sud vers Orly - et des lignes 16 et 17 du Grand Paris Express -, c'est le calendrier actuel de la Société du Grand Paris à moins que son nouveau président du directoire ne révise le dit calendrier. Le slogan n'est plus la ville du quart d'heure, chère à Anne Hidalgo et à son ami urbaniste Carlos Moreno, mais la région 10-15-30 à horizon 2030. Autrement dit, un transport collectif à 10 minutes, une offre de services et commerces à 15 minutes et un lycée à 30 minutes. Pour cela, il faudra aussi mailler la grande couronne, et pas seulement la petite couronne qui va accueillir 68 gares supplémentaires dans les dix ans du fait du super-métro.

A rebrousse-poil sur la question de la jeunesse

En revanche, en matière de jeunesse, affichée comme "grande cause régionale du mandat", Laurent Saint-Martin va à rebrousse-poil de Valérie Pécresse et l'exécutif national. A la manière d'Audrey Pulvar qui veut créer une banque régionale des jeunes, le "Marcheur" défend la création d'un "Capital jeune" de 5.000 euros pour 10.000 Franciliens de 18 à 30 ans souhaitant créer leur entreprise. S'il est élu, il expérimentera par ailleurs un revenu d'urgence de 500 euros pour 40.000 jeunes en situation de précarité, à rebours de la présidente sortante qui privilégie un "RSA jeunes actifs" ou d'un gouvernement Castex qui hésite encore sur ce point.

Dans ce domaine, il entend aussi augmenter de 50% le budget de la construction de logements pour les apprentis et les alternants et porter à 50.000 le nombre de logements à prix modérés pour les étudiants. Il en oublierait presque que la région a certes la compétence d'aménagement du territoire, mais n'a pas encore celui de l'octroi du permis de construire, qui reste l'apanage des maires. Or, depuis près d'un an et demi, entre la Covid-19, le décalage des élections municipales et les équipes nouvellement élues, les opérations d'habitats neufs peinent encore et toujours sortir de terre. 2020 a été une annus horribilis pour les promoteurs, avec 15% d'autorisations à mettre en chantier délivrées en moins.

3 autres propositions à retenir

À retenir


  • Une carte de fidélité

    Objectif: relancer l'économie en encourageant à acheter auprès des commerçants partenaires

  • Des livres

    Le financement de la création de 20 librairies indépendantes dans les 20 villes d'IDF de plus de 20.000 habitants où il n'y en a pas

  • La garde des enfants

    Un chèque de 400 €/an pour la garde des enfants de 3 à 10 ans en cas de besoin

César Armand

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