Football : la saison pagnolesque de l’OM

Avec Jean-Louis Gasset, quatrième entraîneur en cinq mois, l’OM tente de sauver les meubles d’un exercice chaotique.
Jean-Louis Gasset lors du match OM-Shakhtar Donetsk, jeudi.
Jean-Louis Gasset lors du match OM-Shakhtar Donetsk, jeudi. (Crédits : © NICOLAS LUTTIAU/PRESSE SPORTS)

Netflix est passé à côté d'une mine d'or. La plateforme, qui dégaine les documentaires sportifs plus vite que Pablo Longoria les entraîneurs, aurait fait un carton avec la saison de l'Olympique de Marseille : coups fourrés, grandes gueules et retournements de situation incessants. Lundi, un minot de 70 ans s'est ajouté à un casting déjà pléthorique : Jean-Louis Gasset, sorti du chapeau après que Gennaro Gattuso a jeté l'éponge au soir d'une énième bouillie (0-1 à Brest), épuisé par une équipe « sans âme ».

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D'abord frondeur, le Vélodrome a plutôt aimé la première sortie du quatrième entraîneur de l'OM en cinq mois, jeudi contre le Shakhtar Donetsk (3-1), et la qualification pour les huitièmes de finale de la Ligue Europa. Un scénariste vicieux n'aurait pas proposé un autre adversaire que Villarreal, repris en novembre par Marcelino, le technicien qui avait entamé la saison sur le banc marseillais - il a tenu trois mois. Le public a promis un accueil viril à l'ancien copain du président. Les deux partagent la responsabilité du péché originel : l'élimination au troisième tour préliminaire de la Ligue des champions, en août contre le Panathinaïkos.

« Longoria a changé la moitié des joueurs avant le seul match vraiment important de la saison, déplore Christophe Bouchet, président du club entre 2002 et 2004. Or, une équipe, c'est d'abord de la cohésion. Avec de l'instabilité, la chance de réussite est égale à zéro. » Les choses ont vraiment mal tourné un mois plus tard : des supporters, ulcérés par des magouilles au centre de formation, d'après eux, ont franchi la ligne jaune lors d'une réunion houleuse à la Commanderie. Longoria a déposé plainte pour menaces de mort mais il n'a pas démissionné. Marcelino, lui, a claqué la porte. Bientôt suivi par le directeur du football Javier Ribalta.

À la crise de gouvernance s'est ajoutée une dépression sportive. Après un intérim de Jacques Abardonado, l'Italien Gennaro Gattuso a été nommé fin septembre. Un meneur d'hommes, utile dans cette période mouvementée, mais un technicien visiblement perdu. Une série de sept matchs sans victoire - pendant que huit joueurs disputaient la Coupe d'Afrique des nations - a eu raison de son court mandat. Le drôle de mercato n'a fait que souligner les errements récurrents dans ce domaine. « J'ai toujours été dubitatif quant à la politique des transferts, explique le consultant de RMC Sport Éric Di Meco. Pour quelques bons coups, la liste des échecs fait mal à la tête. » Sur la foi de leurs premières apparitions, le vainqueur de la Ligue des champions 1993 craint déjà qu'on ne connaisse « pas beaucoup mieux » le défenseur Ulisses Garcia et l'attaquant Faris Moumbagna quand ils repartiront.

Pour quelques bons coups, la liste des échecs [au mercato] fait mal à la tête

Éric Di Meco

En coulisses, les mouvements ont été encore plus nombreux : le directeur technique David Friio et le recruteur Matthieu Louis-Jean sont partis à Lyon, le directeur de la stratégie Pedro Iriondo a fait ses cartons mi-janvier. Un groupe d'anciens de l'AS Saint-Étienne s'est formé autour du directeur général Stéphane Tessier, parfois dépeint comme le nouveau patron. Longoria dénonce des rumeurs visant à « diviser ». Il affirme que le choix des hommes reste sa prérogative : celui de Jean-Louis Gasset comme celui, fin novembre, de Mehdi Benatia.

Dimanche, juste avant le coup d'envoi à Brest, le conseiller sportif est passé en quelques minutes de l'ombre à la lumière avec deux interviews lunaires. Dernier rebondissement de l'« affaire » Jonathan Clauss. L'international tricolore a été poussé au départ en fin de mercato à cause d'un comportement « parfois limite », d'après Benatia. Le fond de l'histoire reste nébuleux et n'est sans doute pas à sens unique, mais le club se tire une balle dans le pied avec l'une de ses rares valeurs marchandes. « C'est la première fois dans les annales du foot qu'un joueur se fait défoncer sur la place publique par son président, le directeur sportif, puis encore le président », s'emporte Di Meco, qui croit à « un écran de fumée ». À moins que l'ancien Lensois soit la dernière victime d'une chasse aux leaders qui a coûté leur place à Steve Mandanda, Dimitri Payet et Mattéo Guendouzi.

Dans cette saison tumultueuse, le propriétaire, Frank McCourt, ne s'est exprimé qu'à travers les communiqués laconiques rédigés par son agence de communication. Une « énigme » pour Christophe Bouchet, qui voit l'Américain « accepter de perdre des sommes folles sans réagir », tandis que ses instructions, croit-il savoir, « ne sont respectées ni par les uns ni par les autres ». Dans cet enchaînement sans queue ni tête, un rétablissement sportif ne serait même pas si invraisemblable. C'est encore le plus fou.

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