Google part à l’assaut des PME françaises non connectées

Le géant de l’Internet relance ce lundi son programme d’évangélisation auprès des professionnels afin de convaincre ces derniers de l’utilité d’une présence en ligne. Seules 42% des petites entreprises françaises ont un site Web actif.
Delphine Cuny
Le géant de Mountain View propose du coaching gratuit et même la réalisation de photos professionnelles dans les magasins des commerçants. (Photo du rendez-vous "Google pour les Pros @Lille" organisé au printemps dernier avec le concours de la CCI Grand Lille)

A l'heure où la transformation numérique s'impose comme un impératif dans tous les secteurs de l'économie, jusque dans le public, les PME françaises sont à la traîne. Selon une enquête réalisée par l'institut Ipsos pour Google auprès d'entreprises hexagonales de moins de 250 salariés cet été, seulement 42% des TPE-PME françaises ont un site Web actif, contre plus de 60% au Royaume-Uni. Le géant de l'Internet a même dû concocter un dispositif sur mesure, « unique au monde », dans le but de mieux évangéliser les entreprises de l'Hexagone sur l'utilité d'une présence en ligne : il relance ce lundi son programme « Google pour les pros », des coaches allant à la rencontre des professionnels dans les territoires, dans une version plus ambitieuse et plus étendue que celui initié en 2012: l'objectif est de sensibiliser 200.000 entrepreneurs d'ici à la fin de 2015.

Le tour de France de Google, qui s'arrêtera dans 40 villes, démarre à Nantes ce lundi et passera à Bordeaux en décembre, à chaque fois en partenariat avec l'écosystème local, la Chambre de commerce et d'industrie et des associations ou réseaux d'entrepreneurs du cru, que Google reconnaît comme « les plus légitimes et les plus habitués à accompagner les PME. »

Google a un visage et parle français !

Nick Leeder, le patron de Google France, un Australien maîtrisant parfaitement le français, fait le déplacement ce lundi matin à Nantes pour participer à une table ronde sur « l'enjeu du numérique pour les commerçants et les TPE », avec la maire de Nantes, Johanna Rolland, et le président de la CCI Nantes St-Nazaire, Jean-François Gendron. Il se dit « convaincu que, grâce à l'expertise de nos coaches et au soutien d'acteurs tels que la CCI Nantes St­Nazaire, de nombreux professionnels franchiront le pas et se lanceront dans le numérique pour grandir, et même pour exporter. » Une visite servant aussi à montrer que ce géant tentaculaire et « virtuel », qui fait parfois peur, a un « visage », parle la langue de Molière et sait se rendre accessible.

Pendant trois après-midis de portes ouvertes à la CCI, les TPE et PME de la métropole pourront bénéficier de conseils personnalisés gratuits de coaches Google recrutés pour l'occasion, d'experts de la CCI ou des agences numériques de la région (Cantine, etc). Des stands vont tout de même présenter les services maison comme Google Maps, la recherche, Gmail, etc. Google propose même aux commerçants du coaching gratuit « dans leur magasin » ainsi que la réalisation de photos professionnelles (pour créer sa page adresse sur Google Plus, comme sur Pagesjaunes.fr) et « trois mois d'accompagnement gratuit » pour les PME les plus matures prêtes à se lancer dans le marketing en ligne payant et les fameux « AdWords », les mots-clés à acheter auprès de la régie publicitaire de Google.

Evangélisation pas tout à fait désintéressée

L'ambition de Google est de convaincre les professionnels réticents « de faire leurs premiers pas sur Internet, que ce soit chez nous ou chez d'autres, Facebook, Pages jaunes, etc » assure un porte-parole, pas seulement en utilisant des produits et services made in Mountain View, et ce « même pour de toutes petites entreprises, des commerces de quartier qui ne veulent pas faire d'e-commerce : il est important que l'on puisse au moins les trouver en ligne. » Une évangélisation pas tout à fait désintéressée puisque cela lui permet d'enrichir les index de son moteur de recherche. L'entreprise californienne n'en attend pas de gain à court terme mais y voit un investissement de long terme.

Constatant un décalage entre le monde des entreprises, en retard, et les usages numériques des consommateurs français, plus en pointe, Google est persuadé que les freins sont essentiellement psychologiques : 57% des professionnels sondés par Ipsos considèrent qu'ils n'ont pas besoin de communiquer sur Internet, 23% que ce serait trop coûteux, 18% qu'ils ne disposent pas des ressources humaines nécessaires. Le groupe américain fait valoir que « les PME françaises sont susceptibles de créer plus de croissance et plus d'emplois en évoluant vers le niveau de maturité numérique de leurs voisines », citant le rapport McKinsey qu'il avait commandé en 2011 qui montrait que les plus actives en ligne pouvaient croître et exporter « jusqu'à deux fois plus » que la moyenne.

Facebook aussi drague les PME

En 2012, le géant de la recherche en ligne avait lancé la première version du programme « Google pour les pros » à Marseille en recourant carrément au porte-à-porte : des coaches, tablette à la main, venaient prêcher aux petits commerçants l'intérêt du Web, mais en ne parlant que de Google, une démarche perçue comme très commerciale mais finalement pas toujours payante. Il avait poursuivi dans le Nord, en Rhône-Alpes et Ile-de-France : la moitié des 50.000 PME rencontrées auraient finalement sauté le pas et s'étaient lancées sur Internet. En s'associant davantage avec les acteurs locaux, plus proches et plus neutres, le géant américain espère que son effort de pédagogie aura davantage d'impact.

Il n'est pas le seul à aller draguer les PME : Facebook a lui aussi mis en place ces deux dernières années plusieurs initiatives en direction de cette cible, en partenariat avec la CGPME et au Salon des entrepreneurs. La publicité locale, autrefois chasse gardée de la presse quotidienne régionale et des Pages Jaunes, devient la nouvelle frontière des géants du Web.

> voir le programme de Google pour les pros à Nantes

Delphine Cuny

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Commentaires 4
à écrit le 03/11/2014 à 16:56
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C'est une initative intéressante et bien nécessaire pour augmenter la compétitivité des entreprises françaises. A noter qu'il y a pas que les gros américains qui travaillent sur le sujet mais aussi des start-ups françaises qui organisent des événemen...

à écrit le 03/11/2014 à 16:13
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Moi je suis passé par pagesjaunes pour le site c'est simple et pas très cher, avec un bon référencement sur google.

à écrit le 03/11/2014 à 11:33
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Chacun peut avoir son site internet pour quelques euros par mois ou gratuit, et se raccorder à des sites en ligne comme leboncoin, e-bay, alibaba et se retrouver avec des clients improbables..

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