Android Pay, le nouvel attrape-données de Google

Après Apple et Samsung, Google lance lui aussi son système de paiement par smartphone, baptisé Android Pay. L’enjeu : engranger toujours plus de données sur les habitudes de ses utilisateurs… et donc de revenus publicitaires.
Sylvain Rolland
Android Pay est disponible chez tous les commerçants disposant de terminaux compatibles avec la technologie NFC, soit un million d'enseignes aux Etats-Unis

Une nouvelle planète brille dans la galaxie Google. Jeudi, la firme californienne a lancé un énième service, baptisé Android Pay. Comme ses rivaux Apple (avec Apple Pay) et Samsung (avec Samsung Pay, lancé le mois dernier), Google se place lui aussi sur le créneau porteur du paiement sans contact via le smartphone, que les géants du net considèrent comme le moyen de paiement du futur.

Android Pay fonctionne, comme ses concurrents, grâce à la technologie de paiement sans contact NFC. Le service ambitionne de faciliter la vie des utilisateurs de smartphones opérant avec Android, en leur permettant de stocker les coordonnées de leurs cartes bancaires, bons d'achats et cartes de fidélité directement sur leur téléphone. Plus besoin de s'encombrer d'un portefeuille plein à craquer de cartes diverses et variées, il suffit de présenter le smartphone devant un terminal de paiement compatible avec la technologie NFC. Magie de la technologie, le paiement s'effectue automatiquement, en quelques secondes.

Le successeur de Google Wallet

Pour son grand retour dans le domaine du paiement sans contact, Google a tiré les leçons de ses échecs passés. Sa première tentative, Google Wallet, en 2011, n'a jamais réussi à s'imposer. Ce portefeuille électronique arrivait un peu trop tôt, les usages du mobile étant moins répandus. Il était aussi assez peu intuitif, l'utilisateur devant ouvrir l'application pour utiliser le service.

Autre problème : Google n'avait pas réussi à convaincre les grands opérateurs téléphoniques américains de lui ouvrir la route en proposant l'application sur leurs téléphones fonctionnant sous Android. Et pour cause : ils voulaient privilégier leur propre solution, Softcard. De fait, Google Wallet n'était disponible que sur quelques smartphones.

Accord avec les opérateurs télécoms

Cette fois, Google a assuré ses arrières. Première étape : tuer la concurrence. En février dernier, Google a racheté Softcard, ses brevets, sa technologie, avant de fermer l'entreprise le 31 mars.

Deuxième étape : imposer son propre service. Toujours en février dernier, Google a signé un partenariat avec Verizon, AT&T et T-Mobile, les trois plus gros opérateurs télécoms américains, qui détiennent à eux seuls la quasi-totalité du marché du mobile (presque 90%). Cet accord prévoyait l'installation automatique de Google Wallet (et donc maintenant d'Android Pay) sur tous leurs téléphones fonctionnant sous Android. Autrement dit, la garantie pour Google de toucher un très large public.

Enfin, Android Pay est compatible avec les quatre grands réseaux de carte de crédit : American Express, Discover, MasterCard et Visa. Il est aussi disponible chez tous les commerçants disposant de terminaux compatibles avec la technologie NFC, soit un million d'enseignes dans le pays. De quoi concurrencer Apple Pay et devancer Samsung Pay, qui s'installera aux Etats-Unis le 28 septembre.

Récolter toujours plus de données

Pour Google, s'implanter dans le créneau porteur du paiement mobile est primordial. Ce mouvement s'inscrit dans la stratégie des géants du net d'être présents dans tous les domaines de la vie quotidienne de leurs utilisateurs, pour les retenir le plus possible sur leurs services. Facebook, qui se développe dans la presse en ligne, la vidéo, et même la recherche en ligne, se situe dans la même logique.

Google n'a pas encore révélé s'il prendra une commission sur les transactions effectuées via Andoid Pay. Mais l'enjeu économique est ailleurs. Le groupe, qui pèse 46,78% du marché mondial de la publicité mobile en 2015, ne compte pas se laisser doubler par Facebook et Apple sur ce segment ô combien stratégique.

Pour conforter son avance et séduire de nouveaux annonceurs, Google doit capter lui aussi les nouveaux usages mobiles et récolter toujours plus de données sur ses utilisateurs. Car plus Google connaît ses utilisateurs, mieux il peut cibler les publicités qu'il propose et faire monter les prix auprès des annonceurs.

Encourager les utilisateurs à payer avec leur smartphone revient donc à récolter de nouvelles données sur leurs goûts, leurs habitudes de consommation, les endroits et les enseignes qu'ils apprécient. Qu'achètent-ils ? Où ? A quelle fréquence ? Autant d'informations précieuses qui s'ajoutent à celles déjà collectées par la messagerie Gmail, le site YouTube et des services tels que Skype, Google Maps, Google Shopping ou encore son moteur de recherche.

Sylvain Rolland

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Commentaires 2
à écrit le 12/09/2015 à 18:34
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Skype appartient à Microsoft et non à Google!!!

à écrit le 12/09/2015 à 14:58
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Il s'agit d'une technologie et d'une pratique déjà dépassée en théorie. Ce type de règlement suppose que l'on passe par une banque. Dans l'esprit l'argent est lié à une banque. Il ne le sera plus. Chacun aura le droit d'imaginer son moyen de versemen...

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