Comment Hired veut aider les startups à recruter

Après avoir levé 40 millions de dollars, cette place de marché américaine s’est offert son concurrent français Breaz pour faire son nid dans l’Hexagone. Spécialiste du recrutement high-tech sur Internet, elle souhaite à terme damer le pion aux réseaux sociaux professionnels et aux cabinets de recrutement.
Pierre Manière
Hired sélectionne plutôt les grosses startups, qui ont déjà effectué plusieurs levées de fonds. Mais on y trouve aussi des sociétés high-tech beaucoup plus importantes, comme Blablacar en France et Facebook, Amazon et Uber aux Etats-Unis.

Dans le monde du numérique, et en particulier pour les startups en croissance, recruter ses ouailles s'apparente bien souvent à un chemin de croix. Nombre d'acteurs, petits ou grands, ont désormais besoin de nouvelles compétences, liées notamment au traitement et à l'analyse des données. Mais bien souvent, ils se heurtent au manque d'offres lorsqu'ils veulent enrôler des data-scientists, des data-analysts et autres développeurs. C'est sur ce créneau que s'est positionnée Hired (littéralement « Embauché »). Créée en 2012, cette place de marché américaine s'apparente à une sorte de Meetic pour candidats et employeurs du monde des nouvelles technologies.

Après avoir fait son nid dans plusieurs villes aux Etats-Unis, Hired veut aujourd'hui se faire un nom à l'international. Déjà présente à Londres, à Singapour, à Toronto, à Sydney et à Melbourne, cette startup californienne ajoute, ce jeudi, Paris à son tableau de chasse. Plutôt que d'y ouvrir des bureaux en propre, Hired, qui vient de lever 40 millions de dollars, s'est offert courant février son jeune concurrent français Breaz, qui a lancé une place de marché sur le même modèle il y a près de deux ans. Cofondateur et directeur général de ce dernier, Edouard Rosenblum, 29 ans, a ainsi été catapulté directeur France de Hired. Et ses 6 employés ont également rejoint les 250 collaborateurs de la startup californienne.

Des candidats hyper-sélectionnés

D'après Edouard Rosenblum, la vente de Breaz « était une belle opportunité ». Sans en dévoiler le montant, il affirme avoir été séduit par le projet. « Ils ont déjà des bureaux partout dans le monde... On a la même ambition, la même culture », encense-t-il. Reste que cette vente ne manquera pas, une nouvelle fois, de relancer le débat sur le manque de financements des startups françaises vis-à-vis de leurs concurrents américains. Lesquels peuvent plus facilement passer par la case acquisition lorsqu'ils veulent grandir à l'international.

Quoi qu'il en soit, Hired compte bien mettre à profit les difficultés des entreprises françaises à recruter des profils high-tech qualifiés à son avantage. Pour y arriver, la société mise sur une hypersélectivité. Sur cette plateforme, tous les candidats sont soigneusement « filtrés », explique Edouard Rosenblum. « L'idée, c'est que si on a les meilleurs candidats, on attirera les meilleurs employeurs », résume-t-il.

Blablacar et Facebook comme clients

Tous les CV doivent d'abord obtenir le feu vert d'algorithmes maisons.

« De manière automatique, ceux-ci sont capables de sélectionner les profils qui plairont, en moyenne, avec les employeurs présents sur la plateforme, détaille le nouveau DG France. Pour élaborer ces algorithmes, nos data-scientists se sont basés sur les informations recueillies auprès des plus de 500.000 postulants qui sont déjà passés sur la plateforme. »

Ceci fait, une équipe vérifie manuellement que les profils des candidats correspondent à la demande actuelle des entreprises. Résultat, « seuls 5% des 25.000 candidatures que nous avons tous les mois » sont in fine validés, précise Edouard Rosenblum.

Côté employeurs non plus, Hired ne plaisante pas avec la sélection. « Comme pour les candidats, ceux-ci postulent, et nous les sélectionnons selon plusieurs critères », poursuit le DG. Il égrène : « Sont-ils financés ? Ont-ils suffisamment de fonds ? Quand espèrent-ils atteindre la rentabilité ? Ont-ils vraiment envie de recruter ? »

De manière générale, Hired sélectionne plutôt les grosses startups, qui ont déjà effectué plusieurs levées de fonds. Mais on y trouve aussi des sociétés high-tech beaucoup plus importantes. En France, Blablacar et Algolia, un spécialiste des technologies de recherche pour les professionnels, comptent parmi ses clients. Aux Etats-Unis, des mastodontes comme Facebook, Amazon et Uber sont aussi présents sur la plateforme, qui revendique plus de 4.000 employeurs.

« 21 jours pour recruter »

Avec son fonctionnement, Hired promet aux entreprises des recrutements de qualité et rapides. « Il faut 21 jours en moyenne » pour y trouver la perle rare, vante Edouard Rosenblum. A l'en croire, sa nouvelle maison offre plus de garanties que ses concurrents, qu'il s'agisse des plateformes généralistes (Monster ou Indeed), des réseaux sociaux professionnels (LinkedIn ou Viadeo) et des cabinets de recrutement. Pourquoi ? « Parce que sur LinkedIn, par exemple, vous pouvez trouver plusieurs personnes qui correspondent à priori à vos attentes. Mais rien ne dit, par exemple, qu'elles sont vraiment en recherche d'emploi... », tacle-t-il.

Recruter sur Hired n'est évidemment pas gratuit. Et c'est les employeurs qui mettent ici la main à la poche. S'ils dénichent un candidat, ils doivent verser à Hired une somme équivalente à 12% du salaire annuel brut de leur nouvelle recrue. Les entreprises à la trésorerie plus tendue peuvent choisir une solution plus souple mais plus onéreuse : chaque mois, pendant un an et demi, elles devront payer 1% du salaire mensuel du nouveau collaborateur. D'ici à la fin 2016, Hired, qui distille très peu de chiffres concernant son activité, espère atteindre les 100 millions de dollars de chiffres d'affaires.

Une forte concurrence

En France, dans tous les cas, la startup va devoir jouer des coudes. D'autres plateformes abattent aussi la carte de la sélectivité pour dénicher des profils aussi rares que très demandés. A l'instar de la Talent.io, qui permet aux entreprises d'embaucher des développeurs. L'été dernier, cette startup a levé 2 millions d'euros « pour conquérir l'Europe », dixit son fondateur Jonathan Azoulay. De quoi animer la concurrence dans l'Hexagone.

Pierre Manière

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