Coronavirus : la tech n'échappe pas aux vagues de licenciements

Airbnb, Tripadvisor, Yelp, Uber... la liste des entreprises tech ayant annoncé des licenciements massifs ne cesse de s'allonger depuis le début de la crise du coronavirus. Les sociétés opérant dans les secteurs du tourisme et de la mobilité sont logiquement les premiers impactés.
Anaïs Cherif
Les sites d'avis et de recommandations touristiques, comme TripAdvisor et Yelp, sont les victimes collatérales de l'effondrement de l'industrie du voyage.
Les sites d'avis et de recommandations touristiques, comme TripAdvisor et Yelp, sont les victimes collatérales de l'effondrement de l'industrie du voyage. (Crédits : © Mike Blake / Reuters)

Le secteur de la tech n'échappe pas à la crise sanitaire et économique provoquée par la pandémie du coronavirus. Si de nombreux services ont su tirer profit de la situation (services de visioconférence et de téléconsultation, sites de e-commerce, plateformes de streaming audio et vidéo...), ceux opérant dans les secteurs du tourisme et de la mobilité sont déjà très impactés. Car les sociétés touchées ont principalement deux types de business model. Le premier repose sur le prélèvement de commissions lors de la réservation de logements ou de véhicules, comme Airbnb ou Uber. Or, pendant la période de confinement, la demande était très fortement réduite. Le second repose sur des recettes publicitaires, qui se sont également taries au cours de la période de confinement.

Avec l'effondrement de l'industrie du voyage, Airbnb a annoncé début mai le licenciement de 1.900 salariés dans le monde - soit 25% de ses effectifs. La plateforme de location de logements entre particuliers "a été durement touchée", explique dans une note de blog le cofondateur et Pdg, Brian Chesky. En effet, la jeune pousse se rémunère exclusivement grâce aux commissions prélevées lors des réservations passées sur sa plateforme : 3% par réservation pour les loueurs, et entre 0% et 20% pour les voyageurs. Mais le confinement imposé dans de nombreux pays a mis un coup de frein brutal aux voyages.

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Airbnb s'attend ainsi à voir ses revenus plonger de moitié courant 2020, en comparaison des 4,8 milliards de dollars de l'année précédente. La startup, qui n'est pas encore cotée en Bourse, a vu sa valorisation fondre comme neige au soleil : elle s'élève désormais à 18 milliards de dollars, contre les 31 milliards de dollars estimés en 2017.

Pour faire face à ces difficultés conjoncturelles, le fleuron de la Silicon Valley a dû lever en urgence deux milliards de dollars. Mais la plateforme est confrontée à deux "dures réalités : nous ne savons pas quand les voyages reprendront, et, quand ils l'auront fait, ce sera différent", redoute le Pdg. Pour restaurer la confiance des utilisateurs, la startup a déjà instauré de nouvelles directives sanitaires, comme l'obligation de laisser les logements vides entre deux réservations.

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Les sites de conseils touristiques, victimes collatérales

La problématique est la même chez Tripadvisor, dont le business model repose principalement sur des recettes publicitaires et des options payantes facturées aux professionnels du tourisme pour figurer sur sa plateforme. Le site de recommandations touristiques (lieux et musées à visiter, hôtels et restaurants à découvrir...) a annoncé, fin avril, qu'il licenciait 900 employés, soit un quart de ses effectifs mondiaux. Deux bureaux, basés à San Francisco et Boston, vont être définitivement fermés.

La plateforme avait déjà supprimé 200 postes en janvier. Les employés toujours en poste ont été appelés à réduire leur temps de travail à quatre jours par semaine et à baisser leur salaire de 20%, rapporte le site américain spécialisé TechCrunch. Cette dernière mesure vise à sauver une centaine d'emplois, selon le cofondateur et Pdg, Stephen Kaufer. Valorisé 2 milliards de dollars en Bourse, le groupe a vu son titre perdre près de 51% depuis janvier.

Même son de cloche chez Yelp, plateforme d'avis participatifs sur les commerces locaux (bars, restaurants, salons de beauté, salles de sport...). Le groupe a annoncé le licenciement de 1.000 salariés, soit 17% de ses effectifs.

"Les mesures de distanciation sociale (...), bien qu'essentielles pour aplanir la courbe [de propagation du covornavirus], ont porté un coup dévastateur aux entreprises locales qui sont au cœur de notre mission", écrit le Pdg et co-fondateur Jeremy Stoppelman dans une note de blog.

Et de chiffrer : "L'intérêt pour les restaurants - notre catégorie la plus populaire - a baissé de 64% depuis le 10 mars, et la catégorie "vie nocturne" est en baisse de 81%. Les salles de sport sont en baisse de 73%, et les salons et autres entreprises de beauté en baisse de 83%." Valorisé 1,31 milliard de dollars en Bourse, son titre a perdu plus de 47% depuis janvier.

Chute de la demande de VTC chez Uber et Lyft

Alors que plus de la moitié de la planète a été appelée à se confiner, les services opérant dans les mobilités ont aussi été touchés de plein fouet. Au cours du premier trimestre, Uber a ainsi creusé ses pertes à près de 3 milliards de dollars, soit quasiment le triple d'il y a un an. Rien que sur le mois d'avril, la plateforme de réservation de véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC) a vu la demande plonger de près de 80%. Conséquence : elle a annoncé début mai licencier 3.700 employés, principalement parmi les équipes chargées du recrutement et du renseignement des clients, pour réduire les coûts. Cela représente environ 14% de ses effectifs. Lyft, principal concurrent d'Uber aux États-Unis, a également annoncé fin avril la suppression de 982 emplois, soit environ 17% de son personnel.

A la différence d'entreprises comme Airbnb, dont le cœur d'activité n'est pas diversifié, Uber et Lyft peuvent se consoler avec certains de leurs services annexes. Pendant le confinement, Uber a déjà tiré profit de son activité de livraisons de repas à domicile, dont le chiffre d'affaires de cette division a bondi de 53% sur un an, à 819 millions de dollars. Avec le déconfinement, et la crainte de retourner dans les transports en commun pour de nombreux usagers, Uber et Lyft misent sur la location de leurs vélos et trottinettes en libre-service.

Lire aussi : Les startups de la mobilité face au confinement, la possibilité d'un désastre?

Anaïs Cherif

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Commentaires 3
à écrit le 16/05/2020 à 17:03
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Faut qd même démystifier ce terme de tech qui n'est finalement qu'un outil de communication de plus avec l'explosion du web des années 2000 ( en plus des antédiluviens courrier, fax, télex, téléphone...) pour stimuler et faciliter la conso de biens e...

à écrit le 16/05/2020 à 16:55
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Très bonne nouvelle concernant Airbnb!

à écrit le 15/05/2020 à 13:49
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Pas grave ! Ils sont endoctrinés au corporate, et ont accepté la précarité comme mode de fonctionnement sans aucun problème. Certains mêmes, la revendiquent.

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