Face à la pénurie d'ingénieurs, l'école limougeaude 3iL étend son réseau à Nantes

Après Limoges et Rodez, l’école d’ingénieurs 3iL s’implante à Nantes. Objectif : former en alternance des ingénieurs informatiques généralistes pour qu’ils puissent rapidement intégrer les métiers de l’IA, de la data ou de la cybersécurité qui font défaut dans les secteurs de l’industrie, des services, de la santé… Pour accélérer son immersion en pays nantais, 3iL a choisi de s’adosser à la structure nantaise ENI Ecole Informatique.
implantée sur quatre campus à Nantes,Rennes, Niort et Quimper, ENI Ecole Informatique va former 25 ingénieurs informatique en alternance en partenariat avec l'école limougeaude 3iL. L'ambition est d'en accueillir 40 en 2024.
implantée sur quatre campus à Nantes,Rennes, Niort et Quimper, ENI Ecole Informatique va former 25 ingénieurs informatique en alternance en partenariat avec l'école limougeaude 3iL. L'ambition est d'en accueillir 40 en 2024. (Crédits : ENI ecole informatique)

Venue à Rodez au début des années 2002 où elle forme aujourd'hui 100% d'ingénieurs en alternance, l'école limougeaude 3iL réitère sa stratégie à Nantes où elle vient de nouer un partenariat avec l'école ENI Informatique, pour proposer un diplôme d'ingénieur informatique généraliste, capable d'intervenir dans les métiers de la cybersécurité, des data sciences, de l'intelligence artificiels, des réseaux... La formation se déroule sur trois ans au rythme de 6 à 7 semaines à l'école et autant en entreprises. La troisième année est dédiée à une expérience à l'international. Ce diplôme, accrédité par la Commission des Titres d'Ingénieurs (CTI) a pour vocation de permettre aux étudiants de s'investir dans différentes métiers (ingénieurs études et développement, temps réel, ingénieur en back office, consultant, architecte IoT...) dans des secteurs aussi variés que l'industrie (automobile, aéronautique, défense...), l'éducation, la banque, l'assurance, la santé, développement durable, la biologie, la finance... Bref, là où précisément la France manque de bras... et de têtes.

« Toutes filières confondues, il manque quelque 10.000 ingénieurs par an en France. La plus grosse problématique, c'est la désaffection des lycéens pour les mathématiques et les sciences. Or, si vous voulez réindustrialiser la France, si vous voulez des entreprises qui créent et qui innovent, il faut former des ingénieurs et des scientifiques et faire entrer la mixité dans ces formations », martèle Dominique Baillargeat, la directrice de l'école 3iL Ingénieurs et vice-présidente de la commission des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs.

Un partenariat ENI-3iL

Ouvrir la voie de la formation d'ingénieurs par l'alternance à un public qui ne se sent pas forcément légitime ou à qui l'on a déconseillé cette perspective en raison de clichés persistants, c'est le pari fait par 3iL. « On duplique le schéma que nous avons déployé à Rodez où nous formons des ingénieurs généralistes pouvant répondre aux attentes des entreprises comme Bosch ou le leader européen du conseil et des services numériques Sepro Steria. L'accès à ces compétences a aussi favorisé l'implantation d'entreprises sur le territoire aveyronnais », indique la directrice de l'école 3iL Ingénieurs qui, à la rentrée prochaine, devrait accueillir vingt-cinq étudiants en alternance, diplômés d'un bac+2/+3 informatique dans les locaux d'ENI Ecole Informatique, à Saint-Herblain, près de Nantes. « Le faire seul aurait été beaucoup plus long. Objectivement, on ne pourrait pas exister à Nantes sans l'ENI», admet-elle.

Créée en 1981, l'école ENI Informatique, s'appuie aujourd'hui sur quatre campus à Nantes, Rennes, Niort, Quimper et un campus en ligne pour rayonner nationalement et forme 1.600 étudiants par an. « Principalement vers des formations professionnalisantes dans le domaine de l'informatique, sanctionnées par un titre professionnel de niveau 7 ou par un diplôme d'ingénieurs, accrédité par la Commission des Titres d'Ingénieurs (CTI). Mais, la mise en place d'un diplôme d'ingénieurs par la voie de l'apprentissage, est à la fois un nouvel axe de développement l'ENI et un élargissement de notre offre de formation », explique Jérôme Gabillaud, directeur adjoint d'ENI École Informatique et directeur des études pour 3iL sur le site de Nantes. Et un moyen d'optimiser les ressources de l'école.

Un reste à charge nul pour l'étudiant

Outre la mise à disposition de locaux (deux bâtiments - 19 salles de 20 à 28 personnes) et d'équipements, ENI Ecole Informatique apporte l'ensemble des équipes administratives et éducatives, l'accès à une vie étudiante et surtout un réseau de 1.600 entreprises (Accenture, Tibco, Atlas, Inetum, Cap Gemini...) implantées dans le Grand Ouest. « Où les problèmes de recrutement sont récurrents. Le marché est toujours hypertendu », mentionne Eric Simon, directeur des opérations expertises chez TIBCO services (850 personnes), partenaire d'ENI Ecole Informatique depuis une quinzaine d'années. L'entreprise fait de l'alternance une véritable stratégie d'intégration et d'accompagnement. Chaque année, elle accueille une trentaine d'étudiants en apprentissage dans les différents services de l'entreprise d'infogérance. Coût de l'opération pour l'entreprise qui rémunère l'étudiant à hauteur de 1.100 euros ? 29.000 euros pour deux ans. Selon 3iL, les frais de formation, environ 12.500 euros par an et par étudiant sont pris en charge par l'entreprise et par l'opérateur de compétences affiliés. « L'objectif est que le reste à charge soit nul pour l'étudiant », précise Jérôme Gabillaud. L'arrivée de 3iL à Nantes va permettre de répondre aux enjeux de proximité et alléger les budgets transports et hébergement des étudiants nantais devant, jusque-là, se rendre dans des villes voisines.

70% des entreprises embauchent leur (s) alternant(s)

Pour les entreprises du numérique confrontées à une accélération des besoins liés, notamment, à la cybersécurité, l'enjeu est conséquent. « Malgré cinquante-cinq établissements de formation à l'informatique en Pays de la Loire et 7.000 places de formation ouvertes chaque année, le compte n'y est pas », relevait Sabrina Blanchet, consultante en recrutement de l'entreprise Externatic & Induseo, dans l'enquête annuelle de l'Observatoire Régional des Compétences Numériques (ORCN), publiée en mars 2022.

Si au lendemain du Covid, en 2021 les embauches (21800 postes) ont été multipliées par deux, on estimait, encore, la pénurie de candidats à 10% en Pays de la Loire et 13% en Bretagne. « Le marché de l'IT est hyperactif. Par manque de ressources et de compétences, les salaires s'envolent et d'autant plus dans la cybersécurité », constate Eric Simon. D'où le recours à l'alternance de plus en plus fréquemment. « Sur un marché en tension, une entreprise va pouvoir recruter un alternant qui va rester trois ans. Elle va pouvoir le fidéliser et le garder ensuite », témoigne la directrice de 3iL où 54% des étudiants effectuent leur formation en alternance dont 70% restent dans l'entreprise qui les a accueilli, à l'issue de leur cursus.

De son côté, la nantaise ENI Ecole Informatique défend un taux de placement de 92% à six mois pour ses formations professionnelles, et un taux d'employabilité de 98% pour les diplômes d'ingénieurs. « Mais pour accueillir un ingénieur pendant trois ans, il faut trouver les structures qui vont lui permettre de déployer un projet personnel tout en s'intégrant aux missions de l'entreprise. Ce sont soit des éditeurs, des entreprises de services numériques (ESN) qui ont la capacité à proposer des projets et à accompagner les alternants dans de bonnes conditions », prévient Jérôme Gabillaud, le directeur des études pour 3iL sur le site de Nantes où un enseignant-chercheur va être recruté pour valoriser le cursus proposé. Celui-ci interviendra à la fois au sein de 3iL et du Laboratoire des Sciences du Numérique de Nantes (LS2N). « Depuis trois ou quatre ans, la mauvaise image de l'apprentissage s'est transformée. Grâce à une professionnalisation immédiate, l'alternance permet une ouverture à un plus large public et ça fonctionne un peu mieux », se réjouit Dominique Baillargeat. « C'est un cycle difficile parce qu'il faut à la fois être capable de travailler pour l'entreprise et pour l'école. C'est un investissement quotidien, qui impose une certaine maturité, et devrait être mis sur un piédestal ! » défend-elle.

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Commentaires 3
à écrit le 28/02/2023 à 23:13
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Bonjour, Je crois qu'il faut enseigner aux élèves que les maths qui vous saturent la tête de la 6eme au bac, si vous virez vers l'informatique. Vous ne les utiliserez jamais, c'est que de la vaine mouture à ingurgiter dans les pc. On aurait dû pr...

à écrit le 27/02/2023 à 15:27
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"pénurie d'ingénieurs " à bon ? il y a dans notre pays 200 écoles d'ingénieurs , il n'y a donc pas de pénurie seulement peut être un manque d'attractivité dans certains domaines et certains secteurs tout au plus . Si seulement 25% des jeunes ingénie...

le 27/02/2023 à 18:04
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Vous voulez récupérer des ingénieurs? Vous mettez fin aux banques de détail pour créer un monopole public mutualiste de gestion des comptes courants et des assurances grands publics à la banque postale (dont les parts sont réparties entre les citoyen...

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