IA générative : faut-il l'autoriser à l'école ?

Interdire aux élèves d’utiliser l’intelligence artificielle générative est à peu près aussi réaliste que de les empêcher d’utiliser le Web. Forts de ce constat, certains professeurs prennent les devants.
Une professeure de français a utilisé le chatbot d'OpenAI pour générer un commentaire de texte sur un poème d'Apollinaire.
Une professeure de français a utilisé le chatbot d'OpenAI pour générer un commentaire de texte sur un poème d'Apollinaire. (Crédits : Reuters)

En juin dernier, un avis du comité national pilote pour l'éthique du numérique (CNPEN) l'affirmait sans ambages :

« L'utilisation des grands modèles linguistiques va inciter les êtres humains à apprendre différemment ». Ainsi, « il est nécessaire d'en encadrer l'usage et d'apprendre aux enfants les concepts sous-jacents. »

Face à la déferlante ChatGPT, le monde de l'enseignement s'est parfois braqué. Les écoles publiques de la ville de New York, craignant de voir les élèves tricher en confiant leurs devoirs à ChatGPT, en ont interdit l'usage. Au contraire, d'autres ont décidé d'autoriser leurs élèves à se faire la main dessus. Des professeurs de l'université d'Angers ont proposé à leurs étudiants de faire passer le test de Turing à ChatGPT, qui évalue la capacité d'une machine à se faire passer pour un humain (spoiler : ChatGPT a misérablement échoué).

À Tours, une professeure de français a utilisé le chatbot d'OpenAI pour générer un commentaire de texte sur un poème d'Apollinaire, et proposé à ses élèves d'évaluer le travail accompli par la machine. D'autres encouragent leurs étudiants à poser des questions au chatbot sur les points qu'ils n'ont pas bien compris lorsqu'ils révisent leurs leçons à la maison.

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L'Etat encourage les professeurs à expérimenter l'usage de cette technologie. « Il y a de nombreuses initiatives individuelles, mais pas de formations à l'échelon national », constate Bastien Masse, chef de projet de la chaire Unesco Relia (Ressources éducatives libres et intelligence artificielle) au sein de Nantes Université.

« Certains profs s'en servent pour trouver des idées de sujet, d'autres pour adapter un exercice à plusieurs niveaux différents... De quoi gagner du temps pour se concentrer davantage sur les élèves », résume l'auteur d'un manuel pour accompagner les enseignants dans leur utilisation de l'IA.

Bientôt un chatbot taillé pour l'éducation ?

Selon lui, l'un des obstacles à l'installation de l'IA générative dans les salles de classe est l'absence de version adaptée à l'éducation.

« Se servir de ChatGPT implique de donner ses coordonnées à OpenAI, on ne peut pas le demander aux élèves. En outre, si vous lui parlez de la question du suicide chez Albert Camus, il va vous rediriger vers un professionnel de santé ! »

Pour y remédier, un appel à projets a été lancé en juin dernier par Bpifrance.

« Il s'agit de construire un grand modèle linguistique avec des données ouvertes, qui soit facile d'accès, puisse tourner sur n'importe quel PC sans problèmes de pare-feux, soit entraîné sur plus de ressources éducatives... », résume Bastien Masse. Affaire à suivre.

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Commentaires 3
à écrit le 22/11/2023 à 9:13
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Rien de mieux pour construire des handicapés et des cancres ! ,-)

à écrit le 22/11/2023 à 8:41
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Il y a en effet le risque que ça devienne tout un business de détecter du travail fait par un humain ou par des programmes génératifs de type ChatGPT et que tout ces contrôles annulent à terme les gains de productivité qu'engendreront ces technologie...

à écrit le 22/11/2023 à 8:34
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Et ils ont parfaitement raison, de toutes façons suffit d'interdire un truc aux enfants pour qu'ils aient envie de le faire, parce que ce sont les êtres humains les plus évolués et encore protégés de la propagande nihiliste héritée de nos classes dir...

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