Vers une convergence des intérêts ? Côté pouvoirs publics, de l'émergence du Comité de l'intelligence artificielle générative d'Elisabeth Borne, au rapport du Comité national pilote d'éthique du numérique de Jean-Noël Barrot, en passant par les tests d'IA générative dédiés au service public annoncés par Stanislas Guérini, ou encore à la solution d'IA générative de la Direction interministérielle du numérique de Stéphanie Schaer , on ne compte plus les initiatives lancées ces derniers mois.
Côté entreprises, les sociétés françaises sont également nombreuses à se lancer dans l'aventure, telles que les prometteuses Mistral IA, LightOn, HuggingFace ou Giskard pour ne citer qu'elles. Enfin, l'accueil réservé aux IA génératives par le grand public est lui aussi relativement positif : 47% des Français expriment ainsi une opinion « positive » sur cette technologie, contre 37% une opinion « négative » selon le dernier baromètre Viavoice - GCF - Impact AI.
Pourtant, cet alignement des « parties prenantes » n'épuise pas, loin s'en faut, l'ampleur des interrogations sur l'avenir des IA génératives et sur ce qu'elles engendrent vraiment.
Une innovation... pas comme les autres
En effet, l'IA générative est tout sauf une innovation lambda : elle est même considérée comme « une révolution majeure pour l'humanité, comparable aux révolutions agricoles, industrielles, numériques » par 29% des Français. Par ailleurs, 45% des salariés déclarent avoir déjà expérimenté cette IA (ibid.).
Dès lors, trois domaines de réflexion se dessinent, correspondant à trois révolutions concomitantes et liées :
- Le premier registre concerne la révolution de l'entreprise : 60 % des salariés aimeraient « être davantage sensibilisés sur les conséquences et les applications pratiques de l'IA générative dans le cadre de leur travail », et cette proportion s'élève même à 80% auprès des salariés ayant déjà utilisé une IA générative (ibid.). Les domaines sont nombreux : champs d'applications opérationnels, missions « simples » ou « complexes », nature des « collaborations » entre salariés et IA génératives (que Bruno Le Maire qualifie de changement de « paradigme numérique »), stimulation de l'innovation. Pour l'activité économique en IA, ils appellent la promotion d'un écosystème (« Hub France IA »), investissement en R&D, soutien en entrepreneuriat technologique, fléchage des formations, accès aux données, etc.
- Le deuxième registre de réflexions est la révolution planétaire : « guerre » des IA génératives (la Chine ayant récemment lancé sa propre IA générative « Ernie Bot »), concurrences linguistiques (en faveur desquelles s'engage le ministre de la Transition numérique), données sources et impacts climatiques mondiaux. Il s'agit aussi de repenser la souveraineté, voire l'idée d'un « État stratège » pour préparer les IA génératives des années 2030-2040.
- Le troisième registre est la révolution cognitive : une transformation des formations, mais également des notions de créativité, de responsabilité, d'éthique et d'IA « digne de confiance ».
Si Woody Allen dit qu'une « intelligence artificielle » n'est que l'inverse de la « bêtise naturelle », en réalité l'IA, et les IA génératives en particulier, invitent plutôt à repenser - notamment - l'entreprise et la vie quotidienne, la planète et la connaissance ; autant dire notre monde et son avenir. Sur ces registres, les IA génératives ne devraient-elles pas également « générer » des « grands débats citoyens », également ouverts aux experts ?
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