IA : inquiète de la domination américaine, Bruxelles examine l'investissement de Microsoft dans OpenAI

La domination du secteur de l'intelligence artificielle générative par les géants américains commence à inquiéter l'Union européenne. Dans ce contexte, le gendarme de la concurrence du Vieux continent a annoncé qu'il allait examiner de près l'investissement de Microsoft dans OpenAI, créateur de ChatGPT.
La Commission européenne, gendarme de la concurrence dans l'UE, a annoncé ce mardi qu'elle allait se pencher sur l'investissement de Microsoft dans le champion du secteur OpenAI.
La Commission européenne, gendarme de la concurrence dans l'UE, a annoncé ce mardi qu'elle allait se pencher sur l'investissement de Microsoft dans le champion du secteur OpenAI. (Crédits : Reuters)

L'intelligence artificielle générative et la domination du secteur par les entreprises américaines semblent inquiéter Bruxelles. La Commission européenne, gendarme de la concurrence dans l'UE, a annoncé ce mardi qu'elle allait se pencher sur l'investissement de Microsoft dans le champion du secteur OpenAI, le créateur de ChatGPT. Pour rappel, le géant des logiciels a investi environ 13 milliards de dollars dans la start-up californienne fondée en 2015. Microsoft a même annoncé fin novembre qu'un représentant du groupe rejoindrait le conseil d'administration d'OpenAI en qualité d'observateur.

Dans les faits, l'exécutif européen vérifie si cet investissement « peut faire l'objet d'un examen au titre du règlement de l'UE sur les concentrations », a-t-on décrit dans un communiqué.

« La Commission européenne examine certains des accords qui ont été conclus entre les grands acteurs du marché numérique et les développeurs et fournisseurs d'IA générative », et en particulier « étudie l'impact de ces partenariats sur la dynamique du marché », explique-t-on.

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Plus concrètement, la Commission européenne a annoncé qu'elle lançait « deux appels à contributions sur la concurrence » : l'un concernant « les mondes virtuels » et l'autre « l'intelligence artificielle générative ». Elle compte ainsi envoyer des demandes d'informations à des grands acteurs du numérique. Objectif, recueillir leur avis sur la manière de préserver la concurrence sur ces marchés.

Dans les faits, l'UE n'est pas la seule à s'intéresser à Microsoft et OpenAI. Déjà début décembre, outre-Manche, le gendarme britannique de la concurrence, la CMA, avait fait part de son intention d'examiner le partenariat entre les deux entreprises pour évaluer s'il s'apparentait à une fusion.

IA générative, une technologie pleine de promesses...

Cette annonce intervient alors que la commissaire à la Concurrence, Margrethe Vestager, est attendue en Californie jeudi et vendredi prochains. Elle doit participer à une conférence sur l'antitrust à Palo Alto et rencontrer plusieurs grands patrons de géants américains de la tech. Elle s'entretiendra notamment avec les dirigeants d'Apple, Tim Cook, et de Google, Sundar Pichai.

A cette occasion, elle doit également rencontrer deux responsables d'OpenAI : la directrice de la technologie, Mira Murati, et le directeur de la stratégie, Jason Kwon. Dans le même temps, le plus important salon consacré à la Tech, qui réunit les géants de l'électronique, les constructeurs automobiles et les startups technologiques (CES), s'est ouvert ce mardi, à Las Vegas. Un rendez-vous - justement - placé sous le signe de l'intelligence artificielle (IA) générative, qui a lieu jusqu'à vendredi.

Pour rappel, cette dernière permet de créer en quelques secondes des textes, des photos, des sons ou des vidéos, en réponse à une requête d'un utilisateur, pour un large éventail d'utilisations. La technologie, dont la croissance devrait être exponentielle, peut révolutionner certaines professions, augmenter la productivité et améliorer la compétitivité des entreprises.

Au sein de l'UE, les investissements en capital-risque dans l'IA sont estimés à plus de 7,2 milliards d'euros en 2023, signe de l'intérêt et du potentiel. L'Europe espère même disposer de futurs champions comme Aleph Alpha en Allemagne et Mistral AI en France. D'où sa crainte de la montée des géants américains sur ce segment technologique, comme Microsoft, Alphabet, Meta ou encore le chinois Baidu.

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... mais qui inquiète

De nombreux observateurs restent prudents, notamment en raison de possibles dérives de l'intelligence artificielle dite générative (désinformation, suppressions de postes, utilisation à des fins militaires...). L'Union européenne s'est accordée début décembre sur une régulation de l'IA inédite au niveau mondial. Elle doit permettre d'éviter certaines dérives tout en favorisant l'essor du marché.

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L'UE s'est aussi dotée d'un règlement des marchés numériques (DMA) qui s'appliquera début mars pour mieux lutter contre les pratiques anticoncurrentielles des mastodontes du secteur.

« L'intelligence artificielle a le potentiel de devenir le musée des horreurs de l'antitrust si on ne fait rien (...) Il y a des raisons d'être inquiets. On risque de voir dans ce domaine tout le catalogue des pratiques anticoncurrentielles qu'on a vu dans le numérique également, c'est-à-dire la vente liée, la vente groupée, les obstacles à l'accès aux données, les effets congloméraux et l'auto-préférence. Tout ça peut arriver très vite », a de son côté déclaré fin novembre Benoît Coeuré, le président de l'Autorité de la concurrence, lors d'une table ronde sur la régulation du numérique organisée à Paris.

L'Autorité de la concurrence, qui avait rendu durant l'été un avis sur le secteur du cloud, souhaite donc désormais se plonger dans « la chaîne de valeur de l'intelligence artificielle ». En septembre dernier, elle avait notamment commencé en menant une perquisition chez Nvidia à Paris, le géant américain des cartes graphiques qui permettent traditionnellement de jouer à des jeux vidéo, mais qui sont également essentielles au fonctionnement des algorithmes d'IA.

(Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 10/01/2024 à 13:29
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On ne peut pas faire semblant de vouloir concurrencer voir innover en matière de numérique et d'IA si dans le même temps toutes les administrations et les grandes entreprises achètent leurs solutions numériques ( logiciel , matériel , cloud , service...

à écrit le 10/01/2024 à 7:42
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Bienvenu en UERSS, empire prévu pour durer mille ans mais ce serait vraiment étonnant hein.

à écrit le 10/01/2024 à 3:12
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Quand on ne peut pas rivaliser, on essaie de légiférer. C'est la même histoire avec la révolution numérique que l'Europe a manquée. Malheureusement, le problème est que l'UE va perdre du temps et de l'énergie à essayer de ralentir les concurrents étr...

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