Propulsé par l'IA, Nvidia poursuit sa folle lancée au premier trimestre

Le géant américain continue de surfer sur la vague de l'intelligence artificielle générative. En ce premier trimestre 2024, son bénéfice net a ainsi été multiplié par sept par rapport à l'année dernière. « La prochaine révolution industrielle a commencé », a commenté le cofondateur et directeur général Jensen Huang.
Nvidia a largement dépassé les attentes pour le premier trimestre de son exercice décalé.
Nvidia a largement dépassé les attentes pour le premier trimestre de son exercice décalé. (Crédits : DADO RUVIC)

Le géant américain des puces électroniques continue de battre tous les records. Nvidia a largement dépassé les attentes pour le premier trimestre de son exercice décalé, confirmant l'élan donné par l'intelligence artificielle (IA) générative.

Dans le détail, le groupe de Santa Clara (Californie) a dégagé un bénéfice net de 14,9 milliards de dollars, plus que septuplé par rapport à la même période de l'an dernier (+628%), selon un communiqué publié mercredi. Rapporté par action et hors éléments exceptionnels, indicateur de référence à Wall Street, le bénéfice ressort à 6,12 dollars, très au-delà des 5,65 dollars anticipés par les analystes.

Déjà lors du dernier trimestre 2023, l'entreprise avait réalisé une croissance scandaleuse de plus de 265% par rapport à l'année précédente, avec un bénéfice trimestriel multiplié par plus de huit. Il faut dire que Nvidia jouit de l'explosion de la demande sur ses puces, grâce auxquelles elle peut tirer plus de 70% de marge.

Dans les échanges électroniques postérieurs à la clôture de Wall Street, l'action du groupe gagnait 7,40%. En marge des résultats, Nvidia a annoncé une division par dix de ses titres, « pour rendre l'action plus accessible aux employés et aux investisseurs ». La cotation des nouvelles actions émises débutera le 10 juin.

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Plusieurs longueurs d'avance

Inconnu du grand public il y a encore deux ans, Nvidia a été catapulté par l'émergence de l'intelligence artificielle (IA) dite générative, grande consommatrice de ses puces, les fameuses cartes graphiques, au point de devenir le symbole de ce mouvement et la troisième capitalisation mondiale en Bourse.

Ses rivaux, comme Intel et AMD, restent encore à la peine pour faire jeu égal avec la puissance et l'efficacité de son produit vedette, le H100, sorti en 2022. Apple, Microsoft et Amazon ont également développé des puces en ayant l'IA à l'esprit mais ils sont, pour l'instant, contraints d'utiliser les produits de Nvidia pour pouvoir tenir leurs promesses en matière d'intelligence artificielle.

Cette société créée initialement pour améliorer le graphisme des jeux vidéo garde donc, pour l'instant, plusieurs longueurs d'avance. Durant son premier trimestre comptable, qui va de fin janvier à fin avril, Nvidia a ainsi surfé sur sa croissance dans les centres de données (data centers). Ces derniers étaient déjà à l'origine de la révolution de l'informatique à distance (cloud computing) et sont devenus plus indispensables encore pour héberger les capacités de calcul nécessaires à l'IA générative.

Les semi-conducteurs fournis à ce secteur ont également pesé près de 87% du chiffre d'affaires du groupe, la division ayant plus que quintuplé ses revenus en un an (+422%).

Cette position de premier plan a ainsi propulsé l'action de Nvidia vers des sommets boursiers. Le groupe de Santa Clara est même passé devant Amazon en matière de capitalisation boursière, arrivant juste derrière Microsoft et Apple. Il a aussi franchi le 23 février le seuil symbolique de 2.000 milliards de dollars de valorisation, une altitude que seuls Microsoft, Apple et le pétrolier Saudi Aramco ont connue. L'entreprise peut donc se targuer d'être la seule entreprise de l'IA à faire partie des plus hautes valorisations.

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Révolution de l'IA

« La prochaine révolution industrielle a commencé », a commenté le cofondateur et directeur général Jensen Huang, cité dans le communiqué. « L'IA va permettre des gains de productivité dans quasiment toutes les industries et aider les entreprises à réduire leurs coûts et leur consommation d'énergie ». En l'état, le développement des grands modèles d'IA générative, qui permettent de répondre à des demandes en langage courant à l'image de ChatGPT (OpenAI), nécessitent néanmoins une quantité d'énergie considérable.

Dans ce contexte, l'entreprise a présenté, en mars, sa nouvelle carte graphique (GPU), baptisée Blackwell, qu'il qualifie de « puce la plus puissante au monde ». Selon Nvidia, elle permet de développer et faire tourner des modèles de langage d'IA générative moyennant un coût et une consommation d'énergie divisés par 25 par rapport à son prédécesseur. Les livraisons du Blackwell devraient intervenir plus tard cette année, a indiqué le groupe.

 « Nous sommes en train de changer fondamentalement le traitement des données et les capacités des ordinateurs », a fait valoir Jensen Huang lors de la conférence téléphonique de présentation des résultats.

D'autres innovations doivent également voir le jour. A titre d'exemple, le projet Gr00t doit équiper des robots pour qu'ils puissent comprendre ce que disent les gens, imiter leurs mouvements, et apprendre de leur propre expérience sur la façon d'interagir avec le monde, explique Nvidia.

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Un avenir au beau fixe

Les prévisions publiées mercredi montrent que le concepteur de semi-conducteurs voit le marché continuer à croître à un rythme effréné. Au total, le chiffre d'affaires de la société a été multiplié par 3,6 sur un an, à 26 milliards de dollars. Et pour la suite, Nvidia table sur un chiffre d'affaires de 28 milliards de dollars pour son deuxième trimestre comptable, soit un niveau bien plus élevé que les 26,6 milliards projetés par les analystes.

« Nvidia a encore défié la gravité », a commenté Jacob Bourne, analyste du cabinet Emarketer. « On peut s'attendre à ce que ses décisions hardies lui permettent de conserver sa position jusqu'à nouvel ordre ».

« Les inquiétudes qu'avaient certains investisseurs quant à un trou d'air à court terme semblent s'être évaporées avec ces prévisions positives », a réagi Lucas Keh, analyste de Third Bridge.

Néanmoins, les regards sont également tournés vers ses points faibles. Car contrairement à ses rivaux Intel, Micron et Texas Instruments, Nvidia ne fabrique pas ses propres semi-conducteurs mais fait appel à des sous-traitants, comme Taiwan Semiconductor Manufacturing (TSMC). Compte tenu des tensions géopolitiques entre Taïwan et la Chine continentale, ce pourrait être un point faible, et les Etats-Unis ont interdit à Nvidia de fournir ses puces les plus performantes à des entreprises chinoises.

(Avec AFP)

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Commentaires 7
à écrit le 23/05/2024 à 17:58
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Dommage pour le jeune geek amateur de jeu 3d que ses cartes ,certes au top soit financièrement surcôté. Au vu des bénéfices qu'ils ont fait, ils pourraient faire un effort de prix . Leur réussite sont aussi en partie due aux joueurs et aux fermes de ...

le 24/05/2024 à 4:55
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"Il y a toujours AMD un peu moins chere mais un peu moins performante pour les puristes." Les puces graphiques AMD ne sont pas moins performantes mais surtout moins efficaces malgré la gravure au marketing nanométrique du fondeur chinois TSMC. ...

à écrit le 23/05/2024 à 16:05
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"Propulsé par l'IA, Nvidia poursuit sa folle lancée au premier trimestre" Vive le transfert de milliards de dette américaine issue du CHIPS and Science Act dans les poches de TSMC pour la production de plaquettes, des filiales chinoises de ASE,...

à écrit le 23/05/2024 à 10:14
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Des superprofits !!! Le bon peuple tolérant aura des idees de supertaxes pour financer le transit énergétique c'est à dire la retraite à 30 ans à la sncf, ce qui est bienveillant.... ah ben non, crtte boite nest pas en France et n'y viendra jamais

à écrit le 23/05/2024 à 9:21
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"« La prochaine révolution industrielle a commencé »" Un gars bon.... en maths quoi hein ! ^^

à écrit le 23/05/2024 à 9:08
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On comprend l'intérêt de la Chine pour Taïwan.

à écrit le 23/05/2024 à 8:38
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Succès mérité : tant mieux pour les actionnaires !

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