Financement des startups : le fonds pan-européen Fly Ventures s'installe en France

Fondé en 2017 en Allemagne, le fonds Fly Ventures finance en amorçage et pré-amorçage des startups BtoB à forte composante technologique dans toute l'Europe. Après avoir mené plusieurs investissements dans l'Hexagone, il renforce sa présence en nommant au poste de partner Marie Brayer, ancienne du fonds tricolore Serena.
Sylvain Rolland
(Crédits : Benoit Tessier)

L'Europe de la tech prend progressivement forme. Alors que les pouvoirs publics européens - menés par la France et l'Allemagne - ont lancé au début du mois un "fonds de fonds" doté de 3,5 milliards d'euros pour multiplier le nombre de fonds d'investissement pan-européens, aujourd'hui peu nombreux, les rares acteurs privés déjà présents sur ce marché se renforcent.

Parmi eux, l'allemand Fly Ventures, fondé en 2017 à Berlin et spécialisé dans l'amorçage et le pré-amorçage. Sa nouvelle cible : la France, grâce à la nomination au poste de partner de l'investisseuse Marie Brayer, ancienne de Serena. Son but : financer, en tant qu'investisseur principal (lead) ou co-principal (co-lead) des startups BtoB à forte composante technologique. Et ce dès le berceau, ou presque.

"Nous voulons repérer très tôt les futurs pépites technologiques européens, c'est pourquoi nous pouvons financer des tours généralement compris entre 1 et 3 millions d'euros et entrer au capital dès le "day zero" [la constitution de la société, Ndlr], mais aussi en pré-amorçage et amorçage", précise à La Tribune Marie Brayer.

Elle profite de sa nomination pour annoncer trois investissements en France : dans les pépites Corrily (logiciel de pricing pour les entreprises qui proposent des abonnements), Thynk.cloud (CRM spécialisé dans l'hôtellerie) et Matcha (logiciel d'intelligence artificielle pour aider les commerciaux).

Spécialisation dans le BtoB à forte composante technologique

Paris est la quatrième ville européenne dans laquelle se déploie Fly Ventures, après Berlin, Londres et Zurich. Composée de deux allemands, deux français, deux suédois et un américain, l'équipe d'investisseurs partage le point commun de bénéficier d'un gros carnet d'adresses dans leur pays respectif et d'être spécialisés dans les startups très technologiques.

"Alors que beaucoup de fonds sont généralistes, nous avons choisi d'être hyperspécialisés dans les startups BtoB très pointues technologiquement. La concurrence devient vraiment violente parce que les plus grands fonds américains et mondiaux se jettent sur l'Europe, donc arriver avec la double différenciation pan-européenne et cette spécialisation, ça nous fait gagner des deals. Quand on manifeste de l'intérêt pour un entrepreneur, il sait qu'on comprend son sujet, qu'on connaît son écosystème et qu'on a regardé tous ses concurrents dans la même verticale en Europe", ajoute Marie Brayer.

L'investisseuse est persuadée que cette approche permettra aux fonds pan-européens de se distinguer et de gagner les deals face aux Américains, qui arrivent avec beaucoup plus d'argent, une forte renommée, et promettent d'ouvrir les portes du monde aux entrepreneurs américains.

"La concurrence est moins sur l'amorçage que sur les Série A et au-delà, où les deals sont de plus en plus gagnés par les Américains. Sur l'amorçage, c'est moins le cas, mais la domination américaine sur les gros tours de table entraînent les européens à se replier sur l'amorçage, donc ça se tend aussi. Dans ce contexte, notre force c'est notre accessibilité - les Américains sont réputés moins à l'écoute et disponibles pour les fondateurs - et notre compréhension fine du sujet. Il est important pour beaucoup de startups d'avoir un Américain à son capital pour le marché international, mais on veut être l'acteur qui les aide en Europe et qui comprend vraiment leur sujet et leurs enjeux".

A l'image de l'investisseuse française, qui est également ingénieure et était spécialisée dans le BtoB chez Serena, tous les investisseurs de Fly Ventures ont un bagage technologique, y compris les fondateurs, Gabriel Matuschka et Fredrik Bergenlid, respectivement ingénieur et ancien de Google.

9 investissements dans des pépites françaises depuis 2017

Ainsi, depuis sa création en 2017, Fly Ventures a soutenu une trentaine de startups, et revendique déjà deux exits, tous deux auprès de Facebook : les britanniques Bloomsbury AI (technologies de traitement du langage) et Scape (API pour la réalité augmentée). Parmi ses autres succès figurent le britannique Wayve, déjà leader européen de l'application du deep learning pour les véhicules autonomes, et la plateforme française de cybersécurité pour les développeurs, GitGuardian.

Pour Marie Brayer, se renforcer en France était devenu indispensable, d'autant plus que Fly Ventures avait déjà investi dans six pépites françaises depuis 2017 avant les trois derniers deals amenés par la nouvelle partner. "L'écosystème français est le meilleur en Europe pour les startups BtoB très tech. La collaboration avec les grands groupes y est plus facile qu'en Allemagne et on sait former des ingénieurs d'un excellent niveau, parmi les meilleurs au monde", indique-t-elle.

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Sylvain Rolland

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